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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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papa.
    — Certainement, fit Judith. Naomi, donne encore de l’agneau à maître Isaac.
    Dès que la cuisinière fut repartie à l’office, la femme du médecin revint à l’attaque.
    — Ne changez pas de sujet de conversation, Isaac. Je vais à Tarragone avec vous pour voir ma sœur. Je n’ai pas revu Dinah depuis son mariage.
    — Judith, soyez raisonnable, dit Isaac d’un ton calme. Ce sera un long voyage, et Son Excellence l’évêque est un homme impatient.
    — Cela ne me fait rien. Qu’il soit impatient si cela lui chante.
    — Maman, intervint sa fille, les jumeaux sont toujours à table.
    — Ils peuvent la quitter. Et aussi Yusuf.
    — Judith, vous devez comprendre que l’archevêque de Tarragone est contrarié par Son Excellence. Je n’ajouterai pas vos exigences déraisonnables à ses autres soucis.
    — Je m’en moque bien si le pape d’Avignon veut sa tête, reprit Judith. Je vais à Tarragone.
    — Vous vous en soucieriez s’il perdait sa charge, répliqua Isaac.
    — Il peut la perdre demain. Cela m’est égal.
    — Nous tomberions avec lui, je puis vous l’assurer. Il a toujours été pour nous un bon ami… et un puissant protecteur.
    Un des jumeaux voulut prendre son gobelet et le renversa doucement. Isaac tendit l’oreille vers les enfants.
    — Judith, dit-il avec plus de fermeté cette fois, ce n’est ni le lieu ni le moment pour discuter de pareilles choses.
    — Avec vous, Isaac, ce ne sera jamais le moment opportun. Vous refusez de parler de ce qui vous déplaît, et Raquel est toujours là pour vous aider à vous en tirer. Je suis lasse de tout cela. Et vous deux, là, je vous ai dit de vous en aller, fit-elle hargneusement. Toi aussi, Yusuf.
    Les enfants – âgés d’environ sept ans – se hâtèrent de quitter leur banc et partirent en courant, suivis de Yusuf, l’apprenti du médecin, qui fit une sortie très digne et ferma sans ménagement la porte derrière lui.
    — Toute personne supplémentaire le ralentira, dit Isaac en détachant chaque mot, comme il le faisait quand il était contrarié.
    Raquel repoussa son assiette et chercha une excuse pour rejoindre ses cadets.
    — Nul ne vient avec nous dont la présence ne soit absolument nécessaire, ajouta son père. Et je puis vous assurer que je ne l’accompagne pas par plaisir. Je travaillerai et je n’aurai pas le temps de m’occuper de vous – pas un seul instant.
    — Ridicule. L’évêque se plaint parfois de broutilles, mais il n’est jamais malade, répondit Judith. Vous n’aurez rien à faire pendant ce long voyage. Je viens avec vous. Et j’emmène Raquel. Je demanderai au rabbin de m’écrire une lettre qui mettra Dinah au courant de nos projets. Raquel, viens au salon, je veux te parler.
    — Attends ici, Raquel, ordonna Isaac en écartant l’assiette d’agneau rôti à l’ail et aux herbes parfumées qu’il avait pourtant demandée. Je veux te parler.
    Judith lança un regard noir à sa fille et quitta la pièce.
    — Oh, papa, je vous en prie ! Je ne veux pas aller à Tarragone. Maman et tante Dinah essayent toujours de me marier au neveu de son époux.
    — Ne t’inquiète pas, nous n’emmènerons aucune femme. Son Excellence est bien décidée à voyager le plus légèrement et le plus vivement possible.
    — Vous en êtes sûr ?
    — Tout à fait, ma chérie. Je te le promets, tu n’as rien à craindre des jeunes gens que ta tante aurait en vue pour toi.
    — Merci, papa, dit Raquel, soulagée.
    Sa mère pouvait être d’un entêtement hors du commun, mais Raquel savait que son père était aussi inébranlable qu’un roc lorsqu’il intervenait dans les affaires de la maison.
    — Je me demandais…
    — Oui ?
    — Pensez-vous que l’évêque, avec toutes ses richesses et toute sa puissance, puisse réussir à se déplacer lentement et dans le plus grand confort ? Surtout s’il est malade.
    — Son Excellence a peut-être quelques douleurs, mais c’est un homme sain et vigoureux. Comme tu le sais fort bien.
    — Pourquoi ce voyage se fait-il avec tant de précipitation, papa ?
    — Ma chérie, il faut savoir que la situation de Berenguer est difficile. Il n’est pas en faveur auprès de l’archevêque et du roi. Même ta mère se met à parler du pape. Et si ta mère est au courant, cela signifie que des rumeurs se sont répandues partout, qui disent que l’archevêque veut envoyer quelqu’un en Avignon pour se plaindre auprès du

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