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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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séduisante avec laquelle il abordait la complexité de nos problèmes, tout cela me troublait et me fascinait. Je ne connaissais pour ainsi dire rien de son programme. Il m’avait pris et enchaîné avant que j’aie compris.
    Même après avoir assisté à une manifestation organisée par la « Ligue combattante populaire de la Culture allemande », je ne ressentis aucune irritation, bien que nombre de buts visés par notre maître Tessenow y fussent condamnés. L’un des orateurs exigea qu’on en revînt aux formes et aux conceptions artistiques de nos ancêtres, attaqua l’art moderne et pour finir insulta le groupement d’architectes « Der Ring », auquel appartenait Tessenow, mais aussi Gropius, Mies van der Rohe, Scharoun, Mendelssohn, Taut, Behrens et Poelzig. A la suite de ce discours, un de nos étudiants envoya une lettre à Hitler, dans laquelle il prenait position contre ce discours et défendait avec un enthousiasme juvénile notre maître admiré. Peu après, il reçut, sur du papier à en-tête, une réponse de la direction du parti l’assurant qu’on avait la plus grande estime pour les travaux de Tessenow. Cette réponse apparemment personnelle n’était que routine, mais elle nous sembla d’une grande importance. A cette époque-là, bien sûr, je ne dis rien à Tessenow de mon appartenance au parti  3  .
    Ce doit être à peu près à la même époque que ma mère assista à un défilé des SA dans les rues de Heidelberg. Cette vision d’ordre, dans une période de chaos, l’impression d’énergie, dans une atmosphère de désespoir général, durent la conquérir elle aussi. En tout cas, sans avoir jamais entendu un discours ni lu un écrit, elle adhéra au parti. Il semble que nous ayons tous les deux senti que cette décision était comme une rupture avec la tradition libérale de la famille. De toute façon, nous la tînmes cachée l’un à l’autre et à mon père. C’est seulement bien des années après, alors que j’appartenais depuis longtemps déjà au cercle intime de Hitler, que nous découvrîmes par hasard cette appartenance commune de première heure.

3.
    Aiguillage
    Pour être juste, l’évocation de ces années-là devrait principalement se fonder sur le récit de ma vie professionnelle, car ce que j’ai alors vécu et appris de nouveau n’a tenu dans ma pensée qu’un rôle secondaire. Je restais avant tout architecte.
    Comme je possédais une auto, je devins membre de l’association de conducteurs nouvellement créée par le parti, le N. S. K. K. 41 , et, comme il s’agissait d’une nouvelle organisation, je devins en même temps chef de la section de Wannsee où nous résidions. Pourtant, au début, j’étais loin de vouloir militer sérieusement dans le parti. J’étais d’ailleurs, dans ma section de Wannsee, le seul du parti à posséder une voiture, les autres n’ayant pour l’instant que la ferme intention d’en avoir une, dans le cas où la « révolution » dont ils rêvaient surviendrait. En attendant, ils faisaient des reconnaissances pour savoir où il y avait, dans ce riche faubourg aux somptueuses villas, des véhicules appropriés pour le jour J.
    De par mes fonctions, j’allais souvent à la « direction du cercle Ouest » dirigée par un compagnon meunier, jeune homme simple mais intelligent et plein d’énergie, le Kreisleiter Karl Hanke. Il venait de louer, dans le quartier élégant de Grunewald, une villa qui devait, dans le futur, servir de siège à son organisation. Car, après le succès électoral du 14 septembre 1930, le parti, devenu puissant, s’efforçait de se donner un visage et des manières respectables. Il m’offrit d’aménager la villa, naturellement sans honoraires.
    Nous discutâmes du choix des papiers peints, des rideaux et des couleurs. Le jeune Kreisleiter choisit, sur mes conseils, des papiers peints édités par le Bauhaus bien que je lui eusse fait remarquer qu’il s’agissait là de papiers peints « communistes ». Mais il balaya cette objection d’un magnifique geste de la main, en disant : « Nous prenons ce qu’il y a de mieux, même quand ça vient des communistes. » Il exprimait là ce que Hitler et son état-major faisaient depuis des années. Prendre, sans égard pour l’idéologie, d’où que cela vienne, tout ce qui pouvait laisser espérer un succès, et même décider de choix idéologiques d’après l’effet escompté sur l’électeur.
    Je fis peindre le

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