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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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aucune force de persuasion sur Hitler. Plus nous essayions de le faire revenir sur ses conceptions, et moins il voulait en démordre. Il nous consolait en nous promettant que plus tard il donnerait certainement son accord à l’utilisation partielle de ces appareils comme chasseurs.
    Il n’existait encore que quelques prototypes des avions au sujet desquels nous nous querellions en juin pour savoir s’ils étaient ou non déjà opérationnels ; cependant l’ordre de Hitler influa à longue échéance sur la planification militaire, car les états-majors attendaient précisément de cet avion de chasse un tournant décisif dans la guerre aérienne. Tous ceux qui pouvaient prétendre avoir voix au chapitre sur ce sujet tentaient de le faire changer d’avis étant donné notre situation désespérée dans la guerre aérienne : Jodl, Guderian, Model, Sepp Dietrich et naturellement les généraux les plus haut placés de la Luftwaffe ne cessaient d’attaquer avecobstination la décision du non-spécialiste Hitler. Pourtant ils ne s’attirèrent que son courroux, car Hitler subodorait que toutes ces attaques mettaient en doute dans une certaine mesure sa qualification militaire et ses conceptions techniques. A l’automne 1944, il finit par se dégager de cette querelle d’une manière significative et à mettre un terme à cette incertitude croissante, en interdisant sans autre forme de procès toute autre discussion sur ce sujet.
    Lorsque je fis part au général Kreipe, le nouveau chef d’état-major de la Luftwaffe, du contenu du rapport que j’avais l’intention d’envoyer à Hitler à la mi-septembre au sujet des avions à réaction, il me pria instamment d’éviter toute allusion à ce sujet. A la simple mention du Me 262, Hitler sortirait de ses gonds et nous ferait les pires difficultés. Car naturellement Hitler supposerait que l’initiative de ma démarche émanerait du chef d’état-major de la Luftwaffe. Passant outre à cette prière, j’expliquai encore une fois à Hitler que l’utilisation de cet appareil conçu pour la chasse comme bombardier me paraissait insensée et constituait une erreur au vu de notre situation militaire actuelle. Mon opinion était partagée non seulement par l’aviation, mais aussi par tous les officiers de l’armée 5  . Hitler n’accepta pas mes observations et, après tant d’efforts fournis en vain, je me retirai dans les problèmes de mon ressort. De fait, les questions relatives au caractère opérationnel des avions relevaient aussi peu de ma compétence que le choix des avions à produire.
    L’avion à réaction n’était pas la seule arme nouvelle supérieure à celles de l’ennemi qui, après avoir été mise au point, aurait pu être produite en série en 1944. Nous possédions une bombe volante téléguidée, un avion-fusée plus rapide encore que l’avion à réaction, une bombe-fusée qui se dirigeait à l’aide des radiations de chaleur vers les avions ennemis, une torpille qui captait les sons et pouvait ainsi poursuivre et atteindre même les bateaux qui cherchaient à s’enfuir par une course en zigzag. La mise au point d’une fusée sol-air était terminée. Le constructeur Lippisch avait mis au point les plans d’avions à réaction qui étaient largement en avance sur la construction aéronautique de l’époque, et étaient construits d’après le principe de l’aile volante.
    Nous souffrions véritablement d’une pléthore de projets en cours d’élaboration ; en nous limitant à quelques types nous aurions certainement pu mener à terme un certain nombre de ces projets. C’est pourquoi les instances compétentes décidèrent, au cours d’une conférence, de réclamer non pas tellement des idées nouvelles, mais plutôt de sélectionner un certain nombre de projets existants dont le nombre corresponde à nos capacités de mise au point, et de les mener à bien avec énergie.
    Pourtant c’est encore Hitler qui, en dépit de toutes les erreurs tactiques des alliés, fut responsable des coups de poker qui contribuèrent au succès de l’offensive aérienne ennemie : non seulement il avait, en 1943, entravé la préparation de la mise au point du chasseur à réaction avant de le faire transformer en chasseur-bombardier, mais il voulut utiliser les grandes fusées pour exercer des représailles sur l’Angleterre. Sur son ordre, des capacités énormes de notre industrie furent accaparées à partir de la fin juillet 1943

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