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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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leur coup de
force législatif a suscitée ?
     
    Des troubles éclatent ici et là.
    À Dreux, un représentant à la tête de deux cents hommes a
défait une troupe de rebelles, dont dix ont été tués et trente faits
prisonniers.
    N’est-ce pas là le signe d’un retour aux méthodes
terroristes ?
    Des commissaires de la section Le Peletier se rendent dans
toutes les autres sections de Paris, pour lire la pétition qu’ils comptent
apporter à la Convention.
    « Cette malheureuse patrie n’offrira-t-elle bientôt qu’un
désert couvert d’ossements humains ? » disent-ils.
    « Allons-nous voir renaître ces jours d’horreur et de
carnage que nous avons passés ? »
    « Les échafauds vont-ils se rétablir ?
    « Verrons-nous encore une fois les vieillards et les
enfants engloutis dans les flots ? »
    « Entendrons-nous encore retentir les fusillades de
Collot ? »

22.
    Pluie, vent, en ce début du mois de vendémiaire an IV.
    C’est la fin septembre et, à la nuit tombée, des bandes de
jeunes gens parcourent les rues proches du Palais-Royal, en criant :
« À bas les deux-tiers ! », ces décrets « scélérats »
qui vont permettre de placer dans les deux Conseils issus de la nouvelle
Constitution une majorité de conventionnels.
    Mais cette Jeunesse dorée se heurte désormais à ce que les
jeunes gens à collet vert ou noir appellent des « terroristes », et
que Barras, Fréron, Tallien nomment maintenant des « patriotes ».
    Et Fréron s’est même rendu faubourg Saint-Antoine pour
recruter avec de beaux discours et des poignées d’assignats ceux-là mêmes que
lors des journées d’insurrection de prairial il faisait pourchasser par la
Jeunesse dorée et qu’il appelait « buveurs de sang », « massacreurs
de septembre » ou « lécheurs de guillotine ».
    La Convention rapporte même les décrets sur le désarmement
des terroristes.
    Et elle charge Barras, qui a tenu un rôle décisif lors du 9
Thermidor, qui a été « terroriste », lorsque, avec Fréron, il était
représentant en mission dans les Bouches-du-Rhône, à Marseille et à Toulon, du
commandement des troupes de Paris. Barras n’a-t-il pas été officier d’Ancien
Régime ? N’est-il pas régicide, ce qui en fait un adversaire déterminé des
royalistes ? Avec son grand sabre qu’il porte fièrement, il a l’allure
martiale d’un chef de guerre.
    Et son conseiller Pierre François Réal, qui a été hébertiste,
écrit, pensant à Barras qu’il sert avec dévouement :
    « Le salut de la patrie va dépendre de la formation du
pouvoir exécutif. Il faut y porter des hommes brûlant de patriotisme, ennemis-nés
de toute tyrannie, qui ont tué Capet et Robespierre. »
     
    Mais Barras et les Thermidoriens républicains sont attaqués
avec violence par les sections parisiennes pénétrées de royalisme, ainsi celle
de Le Peletier qui prend la défense de ceux qui se dressent contre les « deux-tiers »,
contre la Convention.
    « Vous osez les traiter d’intrigants, d’anarchistes, d’assassins !
Mais jetez les yeux sur vous-mêmes. Vos vêtements sont teints du sang de l’innocence.
Des milliers de vos commettants égorgés, des villes détruites, le commerce
anéanti, la probité proscrite, l’immoralité, l’athéisme, le brigandage divinisé,
l’anarchie et la famine organisées, le trésor public dilapidé, voilà votre
courage ! »
    Ces sections-là préparent, à n’en pas douter, une
insurrection contre la Convention, qui ouvrirait la porte à ce Louis XVIII qui
veut punir les régicides.
    « Il n’y avait rien de mieux à faire, écrit Barras, pour
combattre de pareils adversaires, que de leur opposer leurs ennemis naturels, les
patriotes incarcérés, par suite de la réaction de Thermidor. »
    Et la Convention libère les « émeutiers de prairial »,
quinze cents d’entre eux, des « tape-dur », sont constitués en trois
bataillons de volontaires : les « patriotes de 1789 ».
    Ce « bataillon sacré » va renforcer les six mille
hommes de l’armée de l’intérieur, chargée de protéger la Convention.
    Mais Barras, qui la commande en chef, ne fait pas confiance
au général Menou. Ce ci-devant baron, qui a su mater le faubourg Saint-Antoine,
en prairial, est un modéré. Ses sympathies vont aux sections « monarchistes ».
Menou préfère négocier avec elles, qui réussissent à rassembler près de trente
mille hommes, plutôt que de les

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