Aux armes, citoyens !
sont
resserrés. Il faut très impérieusement faire vivre le pauvre si vous voulez qu’il
vous aide à achever la Révolution… Les troubles de la Vendée et des départements
voisins sont inquiétants sans doute mais ils ne sont dangereux que parce que le
saint enthousiasme de la liberté est étouffé dans tous les cœurs. »
3.
Mais, en ce printemps 1793, peut-on ressusciter ce « saint
enthousiasme de la liberté, étouffé dans tous les cœurs », quand ceux qui,
en 1789, se dressaient unis contre les manœuvres de la Cour, sont désormais des
ennemis chaque jour plus déterminés ?
Ainsi, en avril, la rumeur court selon laquelle les Enragés,
les sans-culottes qui les suivent et la Commune de Paris préparent une « journée
révolutionnaire », contre la Convention, pour les fêtes de Pâques.
Au club des Jacobins, Robespierre le jeune – Augustin
Robespierre –, après Marat, après son frère Maximilien, déclare : « La
Convention n’est pas capable de gouverner. Il faut attaquer les meneurs de la
Convention. Citoyens, ne venez point offrir vos bras et votre vie, mais
demandez que le sang des scélérats coule ! Il faut que tous les bons
citoyens se réunissent dans leurs sections… viennent à la barre de la Convention
nous forcer de mettre en état d’arrestation des députés infidèles… »
Il s’agit des Girondins.
Et à la Convention, les menaces, les injures fusent :
« Nous saurons mourir mais nous ne mourrons pas seuls »,
crient les députés girondins.
Ils répondent de cette manière aux sans-culottes qui
viennent de déposer une pétition à la barre de la Convention.
Et ces pétitionnaires, sous les acclamations des citoyens
des tribunes, ont lancé aux députés :
« Entendez-nous ! Entendez-nous pour la première
fois. La nation est lasse d’être continuellement en butte à des trahisons… Elle
est lasse de voir parmi vous d’infidèles mandataires… Qui méritait plus l’échafaud
que Roland ? »
Les mots tombent comme des couperets : « majorité
corrompue », « ligue qui veut nous vendre à nos tyrans et qui
embrasse toute la France ».
Les pétitionnaires en appellent aux Montagnards :
« Montagne de la Convention, c’est à vous que nous nous
adressons. Il faut que la France soit anéantie ou que la République triomphe. »
Or, la République, assaillie, est en péril.
Les « Blancs » de la « grande armée
catholique et royale », commandés par d’Elbée, avancent vers Fontenay, dispersent
les « Bleus », et même si l’armée échoue à conquérir un port qui lui
permettrait de recevoir l’aide de l’Angleterre, elle est une grave menace.
Ces paysans royalistes et catholiques défient la République,
humilient les « volontaires », les libèrent après les avoir tondus, gardent
certains d’entre eux en otages. Et n’hésitent pas à fusiller.
Dans le Sud, à Lyon, à Bordeaux, à Marseille, les « modérés »
s’organisent, exécutent les sans-culottes radicaux, expulsent les représentants
en mission.
À Rouen, le pain manque, provoquant des émeutes qu’il faut
durement réprimer.
Et même à Paris, aux Champs-Élysées, des promeneurs s’attroupent,
crient « Marat à la guillotine ! ».
Les citoyens aisés s’inquiètent pour leurs propriétés, quand
ils entendent Camille Desmoulins déclarer :
« On vous a parlé de deux classes de citoyens, des
messieurs et des sans-culottes ; prenez la bourse des premiers et armez
les autres ! »
Et ces « autres », précisément, réclament et
obtiennent la fixation d’un maximum pour les prix des denrées et d’abord du blé.
Dans une adresse à la Convention, l’assemblée générale des
maires et des officiers municipaux de Paris et des communes de la banlieue
déclare :
« Qu’on n’objecte pas le droit de propriété ! Le
droit de propriété ne peut être le droit d’affamer ses concitoyens. Les fruits
de la terre comme l’air appartiennent à tous les hommes… »
Les Girondins s’insurgent, tentent de rassembler les
propriétaires.
Pétion, l’ancien maire de Paris, s’adresse aux Parisiens :
« Vos propriétés sont menacées, dit-il, Parisiens
sortez enfin de votre léthargie et faites rentrer ces insectes vénéneux dans
leurs repaires ! »
« Vous êtes des scélérats ! » crie Danton aux
députés girondins.
« Nous avons des enfants qui vengeront notre mort, lui
répond-on. À bas le
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