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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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dictateur ! »
    Guadet, avocat à Bordeaux, député à la Législative puis à la
Convention, l’un des chefs girondins, interpelle les Montagnards :
    « Votre opinion est comme le croassement de quelques
corbeaux… »
    « Vil oiseau, tais-toi ! » lui lance Marat.
    Violences verbales, propositions si tranchées que plus rien
ne semble pouvoir rapprocher la Montagne de la Gironde.
    « Cet esprit d’opposition dégénère en deux partis
permanents, fougueux, haineux, qui se déclarent une guerre à mort, au moment où
la patrie est attaquée au-dehors et déchirée au-dedans, c’est là ce qui
désespère les vrais républicains », écrit le libraire Ruault.
    Il sent bien que cet affrontement ira jusqu’au bout. Les
Girondins le désirent, comme les Montagnards.
    « Celui qui n’est pas pour le peuple, celui qui a des
culottes dorées est l’ennemi-né de tous les sans-culottes ! dit
Robespierre à la tribune des Jacobins. Il n’existe que deux partis, celui des
hommes corrompus et celui des hommes vertueux. »
    Et à ses yeux, comme à ceux de Camille Desmoulins, les
Girondins sont corrompus, ont choisi de vivre dans l’opulence.
    Desmoulins ajoute même dans un pamphlet publié le 19 mai
1793, et intitulé Fragment de l’histoire secrète de la Révolution ou
Histoire des brissotins, que les Girondins sont au service des agents de
Pitt, du duc d’Orléans, et de la Prusse.
    Brissot serait l’âme de ce complot anglo-prussien.
    Il faut donc épurer la Convention de ces reptiles, de ces
esclaves, de ces intrigants, de ces tartuffes, de ces brigands, de ces
corrompus, et de ce « pauvre Roland, combien le calice du cocuage semble
amer au vieillard ! ».
    Desmoulins ne fournit aucune preuve de ce qu’il avance, mais
il attise la haine, et Le Patriote français, le journal de Brissot, relève
le gant.
    « Depuis trop longtemps, le républicanisme et l’anarchie
sont en présence et n’ont fait pour ainsi dire qu’escarmoucher. Cet état
pénible ne peut plus se prolonger : on nous présente un combat à mort, eh
bien acceptons-le ! »
    Les Montagnards, les Enragés souhaitent et préparent cet
affrontement.
    Il faut, disent-ils, « purger », « épurer »,
« organiser » le vomissement des brissotins hors de la Convention.
    Le Montagnard Carrier, ancien procureur à Aurillac sous l’Ancien
Régime, élu député à la Convention, ajoute : « Il faut que Brissot
tâte de la guillotine. Il faut qu’il la danse. » La menace est explicite.
    Et les Girondins se défendent.
    S’ils réussissent à juguler les quelques milliers de
sans-culottes parisiens, le pays les suivra, pensent-ils, et rejettera les
Marat, les Robespierre, les Hébert, les Danton.
    Guadet, l’élu de Bordeaux au talent d’orateur éblouissant, voltairien
sarcastique, se moque de Maximilien qui invoque l’Être suprême, la Providence :
    « J’avoue, dit Guadet, que ne voyant aucun sens à cette
idée de Providence je n’aurais jamais pensé qu’un homme qui a travaillé avec
tant de courage, pendant trois ans, à tirer le peuple de l’esclavage du
despotisme peut concourir à le remettre ensuite dans l’esclavage de la
superstition… »
    Et Buzot, figure marquante du groupe des Girondins, n’hésite
pas à proposer la fermeture du club des Jacobins :
    « Voyez cette société, jadis célèbre, il n’y reste pas
trente de ses vrais fondateurs. On n’y trouve que des hommes perdus de crimes
et dettes. Lisez ses journaux, et voyez si tant qu’existera cet abominable
repaire vous pouvez rester ici. »
    Robespierre et les Jacobins n’oublieront pas ces attaques.
     
    Il faut trancher. Le 12 avril, les Girondins accusent Marat
d’appeler les citoyens à s’en prendre aux députés qu’il appelle « infidèles ».
    Marat ?
    C’est un « vil scélérat qui prêche le despotisme »,
lance Pétion.
    Et quand Marat tente de répondre, les députés crient, tournés
vers lui : « Taisez-vous, scélérat ! » Les Montagnards
eux-mêmes le défendent sans aucune vigueur.
    Seul Danton comprend qu’en décrétant Marat d’accusation, les
Girondins commencent la bataille. S’ils l’emportent dans ce premier assaut, ils
poursuivront demain tous les Montagnards. Or Marat, après un vote par appel
nominal, est décrété d’accusation par 226 voix contre 92 et 46 abstentions !
    Une forte majorité de la Convention suit donc la Gironde…
    Marat, entouré de sans-culottes qui

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