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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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la Convention.
    Les bataillons de la garde nationale sont, en majorité, composés
de sans-culottes « soldés », payés par la Commune, favorables à
Hébert, à Varlet, aux Enragés, comme ils le sont à Marat.
     
    Il ne reste aux Girondins que la force de la parole dans l’enceinte
de la Convention.
    Et encore !
    Dans la nouvelle salle où la Convention s’est installée
depuis le 10 mai, aux Tuileries, les députés sont entassés les uns sur les
autres. Mais les tribunes peuvent contenir plus de quinze cents personnes, et
elles sont si basses qu’on peut aisément descendre dans la salle se mêler aux
députés.
    Et les abords de l’Assemblée permettent à la foule de se
réunir à proximité de la salle. Plus que jamais, les députés vont délibérer
sous la pression des sans-culottes !
    Quand le président de la Convention, le député girondin
Isnard, reçoit une délégation de la Commune venue réclamer
    — exiger – la libération d’Hébert, ses propos sont
aussitôt répétés, et déclenchent la fureur de la foule.
    Isnard s’est laissé emporter. Il a menacé Paris comme l’avait
fait le Manifeste de Brunswick en 1792 !
    « Écoutez ce que je vais vous dire, a crié Isnard, les
yeux exorbités. Si jamais par une de ces insurrections qui se renouvellent
depuis le 10 mars, et dont les magistrats de la Commune n’ont pas averti l’Assemblée,
il arrivait qu’on portât atteinte à la représentation nationale, je vous
déclare au nom de la France entière que Paris serait anéanti ! Puis la
France entière tirerait vengeance de cet attentat, et bientôt on chercherait
sur quelle rive de la Seine Paris a existé. »
     
    Paroles d’émigré. Paroles de Prussien. Paroles de tyran et non
paroles de représentant du peuple, de patriote, de républicain. Et dès le
lendemain, 26 mai, Marat au club des Jacobins appelle à l’insurrection.
     
    Les sections de Paris sont en effervescence.
    On s’arme.
    Un Comité central révolutionnaire et insurrectionnel issu de
la Commune se réunit dans les locaux de l’Évêché.
    Il nomme Hanriot, « fils du peuple », ancien petit
commis à l’octroi de Paris, qui le 12 juillet 1789 a mis le feu aux barrières, puis
a combattu aux Tuileries le 10 août 1792, commandant provisoire de la garde
nationale de Paris.
    Hanriot est proche d’Hébert, de Robespierre, des Enragés, influent
parmi les sans-culottes, qui aiment sa voix et son éloquence de tribun
populaire.
    Face à lui, où sont les troupes décidées à protéger la
Convention ? Qui soutient les Girondins à Paris, alors qu’ils viennent de
menacer de détruire la capitale ?
     
    À Paris, rue des Bourdonnais, dans les derniers jours de mai
1793, une patrouille arrête un ouvrier ivre qui crie à tue-tête :
    « Vive la République : la viande est à vingt sols !
Vive la République : la chandelle est à trente sols ! Vive la
République : les souliers sont à quinze livres ! »
    On l’entoure. On commente son arrestation. Chacun sait qu’avant
la Révolution, la viande était à cinq sols, la chandelle à dix sols et les
souliers à trois livres !
    Aux citoyens du comité de section qui l’interrogent, l’ouvrier
répond « qu’il ne disait que ce que tout le monde savait, et parce qu’il
ne fallait rien cacher au peuple, et qu’il n’avait pour motifs que la vérité et
la liberté ! ».
    On le relâche, mais tels sont les sentiments du peuple !
    Même quand il assiste, plus spectateur qu’acteur, aux
assemblées ou aux cortèges, ou au pillage des épiceries !
    « C’est la nation qui prend son café », lance un
passant. « Au moins elle ne le prend pas sans sucre ! » ajoute
un autre.
    On rit. On regarde. On écoute, on acclame Marat – sans se
mêler au cortège qui l’accompagne.
    « Il a beau être crâne, furieux, fanatique, sanguinaire,
la victoire qu’il a remportée l’a rendu encore plus cher à son ami le peuple
des faubourgs »… constate un témoin, qui ajoute : « Ce peuple a
besoin d’idolâtrer quelqu’un. Il n’a point l’âme fière d’un républicain. Il est
le même qui criait naguère “Vive le roi !”. Son idolâtrie n’a fait que
changer d’objet. Il crie “Vive Marat !” ? Il a substitué une idole à
une autre. »
    Et le témoin poursuit :
    « Et les Girondins ont fait la gaucherie d’envoyer
Marat devant un tribunal tout composé de ses amis ! Marat et ses partisans
se vengeront de cet affront.

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