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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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les députés qui essaient de
quitter la Convention.
    Les sentinelles malmènent Boissy d’Anglas, député, médecin
protestant de l’Ardèche et membre de la Plaine.
    Les soldats le repoussent dans la salle, les vêtements
déchirés.
     
    À cinq heures du soir, les députés tentent de sortir
solennellement, comme un corps constitué.
    Ils sont trois cents, guidés par Hérault de Séchelles, magistrat
de grande allure.
    Hanriot à cheval lui fait face, méprisant et vulgaire.
    « Que veut le peuple ? commence Hérault. La
Convention ne veut que son bonheur. » « Le peuple, dit Hanriot, ne s’est
pas levé pour entendre des phrases. Il veut qu’on lui livre vingt-deux
coupables. »
    « Qu’on nous les livre tous ! » crient les
députés.
    « Canonniers à vos pièces », hurle Hanriot.
    Les députés refluent. Les soldats les refoulent, crient :
    « Vive la Montagne ! À la guillotine les Girondins ! »
    « Je vous somme, au nom du peuple, dit Marat qui se
trouve à la tête d’un groupe de volontaires, de retourner à votre poste que
vous avez lâchement déserté. »
    Les députés hésitent, mais obéissent, rentrent dans les
Tuileries, retrouvent leurs sièges, écoutent un discours de Couthon, qui leur
demande de décréter l’arrestation, chez eux, des députés girondins.
    « Donnez donc son verre de sang à Couthon, il a soif »,
lance un Girondin.
     
    Il est neuf heures du soir. Le décret d’arrestation nomme
vingt-neuf députés girondins.
    Tous ceux-là, Lanjuinais, Rabaut, Vergniaud, Guadet, Isnard,
Barbaroux, Pétion, Brissot, Gorsas, ont, depuis mai 1789, participé à toutes
les actions révolutionnaires, fondant des clubs, s’opposant à la Cour lors des
États généraux, préparant la journée du 10 août, montant à l’assaut des
Tuileries.
    Ils ont fait la Révolution.
    Et ils ne tombent pas après une nouvelle journée
révolutionnaire. Ils sont victimes du premier coup d’État mis en œuvre par des
hommes en armes, dont les chefs politiques prétendent représenter le peuple.
    Ce n’est pas seulement la Révolution qui continue, elle a
franchi un nouveau degré et son cours vient de s’incurver.
    « La force a fait le premier rejet. La réflexion ne
fera point le second », écrit un patriote qui, fidèle aux principes
républicains, s’inquiète de l’avenir.
    Mais d’autres Enragés exultent, et laissent éclater leur
joie.
    « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise »,
dit Hébert qui accable les vaincus du 2 juin.
    « Je l’avais bien prédit : Girondins, brissotins, rolandins,
buzotins, pétionistes, que votre règne ne serait pas de longue durée, que vous
finiriez par vous brûler à la chandelle comme le papillon… »
    Hébert assure, sans fournir de preuves, que « les
Girondins ont les poches bien garnies de guinées du roi d’Angleterre ».
    Brissot n’est qu’un renard qui s’est acheté un bel hôtel à
Londres, Barbaroux un corsaire, dictateur des marchands de sucre de Marseille. Pétion
le corrompu devra déguerpir de ce joli palais que lui avait attribué Roland. Guadet
n’est qu’un vil aigrefin, Vergniaud un tartuffe, Buzot le « maître des
filous, un traître, gibier de guillotine, avec une âme de boue », Gensonné
un prédicateur de la contre-révolution, Rabaut un inquisiteur, Isnard un prophète
maudit qui voulait détruire Paris…
    « Voilà, foutre, le langage du peuple ! Il est
juste, bon, généreux, patient ; mais quand le sac est trop plein il faut
qu’il crève… »

DEUXIÈME PARTIE
    Juin 1793
– Novembre 1793
    « Un peuple immense, sans pain, sans vêtements »
     
    « Les riches seuls, depuis
quatre ans,
    ont profité des avantages
de la Révolution…
    Il est temps que le combat
à mort que l’égoïste livre
    à la classe la plus
laborieuse de la société finisse…
    Députés de la Montagne, que
n’êtes-vous montés
    depuis le troisième jusqu’au
neuvième étage
    des maisons de cette ville
révolutionnaire,
    vous auriez été attendris
par les larmes
    et les gémissements d’un
peuple immense,
    sans pain et sans vêtements,
réduit à cet état de détresse
    et de malheur parce que les
lois ont été cruelles
    à l’égard du pauvre,
    parce qu’elles n’ont été
faites que par les riches
    et pour les riches. Ô rage, ô
honte du XVIIIe siècle ! »
    Jacques Roux , à
la Convention nationale,
    présente la pétition des
Cordeliers
    le 25 juin

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