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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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de la
Cour et des puissances coalisées !
    Et ce Danton se vautre dans la jouissance.
    Il y a quelques mois, en février 1793, son épouse Gabrielle
Charpentier est décédée après avoir accouché d’un quatrième enfant !
    Ah ! la belle douleur que celle de Danton dont on
savait qu’il trompait quotidiennement Gabrielle !
    Il rentre de Belgique où il complotait avec Dumouriez.
    On l’entoure, on essaie de le consoler.
    « Je t’aime plus que jamais et jusqu’à la mort, dès ce
moment je suis toi-même », lui écrit Robespierre.
    Et Collot d’Herbois, au club des Jacobins, assure que
Gabrielle Charpentier est morte d’avoir lu les infamies écrites par les
Girondins contre Danton.
    « Les Girondins ont fait périr une citoyenne que nous
regrettons, que nous pleurons tous. »
    Et Danton fait exhumer le corps de Gabrielle pour que l’on
pratique un moulage de son visage… Et il fera exposer le buste de la morte au
salon des Arts…
    Impudeur !
    Entre-temps, il a épousé sa voisine, Louise Gély, une jeune
fille de seize ans ! Le contrat de mariage est signé le 12 juin, et c’est
Danton qui verse la dot, comme s’il avait acheté sa jeune vierge. Un prêtre
réfractaire célébrera le mariage. Et Danton, que brûle ce renouveau de jeunesse,
quitte les assemblées, dès qu’il le peut, pour retrouver Louise Gély. Il s’engloutit
dans les plaisirs, les agapes, les longs séjours dans sa propriété de Sèvres, qu’il
a choisi de nommer « Fontaine d’amour ».
    D’où lui viennent les fonds qu’il dilapide ?
     
    Danton se défend en serrant la gorge des Girondins qui l’accusent.
    Il les attaque avec d’autant plus de vigueur que, dans les
départements, les Girondins suscitent l’insurrection « fédéraliste »
contre Paris et la Convention.
    Alors Danton, accusé, menacé, rugit.
    « Il y avait de la crinière dans sa perruque. Il avait
la petite vérole sur la face, une ride de colère entre les sourcils, les plis
de la bonté au coin de la bouche, les lèvres épaisses, les dents grandes, un
poing de portefaix, l’œil éclatant. »
    Il s’en prend à Brissot, aux députés girondins en fuite qui,
en Normandie, rassemblent une armée.
    « Ce Brissot, ce coryphée de la secte impie qui va être
étouffée, tonne Danton, ce Brissot qui vantait son courage et son indigence en
m’accusant d’être couvert d’or, n’est plus qu’un misérable qui ne peut échapper
au glaive des lois… »
    Sans les canons du 31 mai et du 2 juin, sans l’insurrection,
les conspirateurs triomphaient !
    « Je l’ai appelée, moi, cette insurrection lorsque j’ai
dit que s’il y avait dans cette Convention cent hommes qui me ressemblent nous
résisterions à l’oppression, nous fonderions la liberté sur des bases
inébranlables. »
     
    Et les Montagnards, en écoutant Danton, oublient qu’ils ont
eux-mêmes porté contre le tribun les accusations de corruption, et qu’ils en
ont fait souvent un « suspect », voire un agent du ci-devant duc d’Orléans,
grand comploteur, grand distributeur de fonds secrets.
    À la tribune des Jacobins, on applaudit Danton.
    « Tu as sauvé hier la République dans la Convention »,
lui lance le député Bourdon de l’Oise, ancien procureur au Parlement de Paris, qui
a usurpé son siège à la Convention en utilisant une homonymie.
    Ce Bourdon de l’Oise, laudateur de Danton ce soir-là, joint
selon Robespierre « la perfidie à la fureur ».
     
    Mais en ce mois de juin 1793, Robespierre n’a pas la voix
assez forte pour se faire entendre.
    Lui aussi, comme Marat et Danton, hésite.
    Tous trois pressentent que la Révolution, en décrétant l’arrestation
des députés girondins qui furent leurs « frères » en 1789, vient de
franchir une étape.
    Et Marat, Danton, Robespierre marquent, durant quelques
semaines, le pas.
    « Robespierre, note Marat le 19 juin, est si peu fait
pour être un chef de parti qu’il évite tout groupe où il y a du tumulte et qu’il
pâlit à la vue d’un sabre. »
    Et Maximilien, qui a la vanité d’un écorché vif, toujours
prêt à soupçonner ceux qui le critiquent, se raidit, hautain, méprisant, passant
de l’accusation à la confession, et du désir de vaincre à celui de se retirer.
    Le 12 juin, il parle devant les Jacobins médusés, atterrés.
    « Je n’ai plus la vigueur nécessaire pour combattre l’aristocratie »,
commence-t-il.
    Après un moment de stupeur les Jacobins

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