Aux armes, citoyens !
des journées
révolutionnaires.
Barbaroux a conduit les fédérés marseillais à l’assaut des
Tuileries le 10 août 1792 ! Pétion a côtoyé les membres de la famille
royale dans la berline qui les ramenait à Paris après leur tentative de fuite, et
ses fonctions de maire en ont fait un personnage capital dans le déroulement
des événements.
Charlotte Corday les écoute.
Ses deux frères ont émigré, et font partie de l’armée de
Condé. Mais elle ne s’est dressée contre la Révolution qu’après les mesures
prises contre les prêtres réfractaires.
Elle a été horrifiée par les massacres de Septembre, dont à
ses yeux Marat a été l’un des instigateurs.
Cet homme est un monstre, juge-t-elle. Il ne respecte ni la
vie, ni les lois. Il n’aspire à être qu’un despote sanguinaire. Et les 31 mai
et 2 juin 1793, il a trahi la Constitution, bafoué la justice et piétiné l’espoir
révolutionnaire, en faisant décréter l’arrestation des députés girondins.
Charlotte Corday les côtoie. Elle les admire pour leur
courage, leur héroïsme.
Le 7 juillet, à Caen, Cours la Reine, elle est sur l’estrade
devant laquelle défilent les volontaires qui constituent l’armée fédéraliste
qui marchera sur Paris. Elle s’enthousiasme.
Elle n’aime pas le sourire ironique de Pétion, et de
Barbaroux, quand elle déclare qu’elle veut combattre afin d’empêcher les
monstres de massacrer des citoyens innocents.
Elle murmure qu’elle peut tuer un homme pour en sauver cent
mille.
Cet homme, dont elle ne prononce pas le nom, car elle veut
que son projet reste secret, c’est Marat le sanguinaire.
Le 9 juillet, elle se rend à Paris.
« Je comptais en partant de Caen, sacrifier Marat sur
la cime de la montagne de la Convention nationale », dit-elle dans la
lettre qu’elle adressera à Barbaroux.
Mais elle ne se confiera qu’une fois l’acte accompli.
À Paris, elle se présente au député Lauze du Perret, avec
une lettre d’introduction de Barbaroux.
Le député lui apprend que Marat, malade, ne sort plus de
chez lui. Et c’est tout le plan qu’elle avait conçu à Caen, d’un assassinat
dans l’enceinte de la Convention, qui s’effondre.
Elle s’était préparée, après avoir « immolé » Marat,
à « devenir à l’instant la victime de la fureur du peuple. » Que
va-t-elle faire ? Elle est désemparée.
Le samedi 13 juillet, elle quitte tôt, entre six heures et
six heures et demie, la petite pension où elle est descendue, et se dirige vers
le Palais-Royal.
L’air est déjà brûlant.
En cette deuxième semaine de juillet, la chaleur est
accablante. Dès le matin, la température dépasse trente degrés. On étouffe. Les
établissements de bains sont pris d’assaut. On boit tant, qu’il arrive que la
bière manque. Plusieurs théâtres même ont décidé de faire relâche à cause de la
chaleur.
Et Charlotte Corday, qui d’un pas lent a parcouru dix fois
les jardins du Palais-Royal, a le corps couvert de sueur.
Mais après cette longue marche de plus d’une heure et demie,
elle n’hésite plus.
Dans l’une des petites rues voisines du Palais-Royal, elle
achète un couteau.
Puis elle prend un fiacre et se fait conduire au 30 de la
rue des Cordeliers où demeure Marat.
Ce même samedi 13 juillet, des nouvelles contradictoires
parviennent à Paris.
Au Comité de salut public, on s’est d’abord félicité de la
défaite de l’armée fédéraliste formée à Caen. Les volontaires commandés par le
général de Wimpffen se sont dispersés après avoir été battus.
De même à Nantes, les Vendéens ont été repoussés et leur
chef Cathelineau a été mortellement blessé. Charette et d’Elbée ont pris le
commandement de l’armée catholique et royale.
À Valence, à Toulouse, à Montauban, les sociétés populaires,
les sans-culottes, se sont réunis et ont proclamé leur adhésion à la Convention,
refusant de se joindre aux girondins fédéralistes de Bordeaux, de Nîmes, de
Marseille. Les départements du sud de la France ne formeront donc pas un bloc
opposé à Paris et à la Convention.
Mais le Comité de salut public ne peut se réjouir longtemps.
Les critiques des Enragés et de Marat l’accablent.
Elles visent Danton, ce « turbot farci », dit
Verdier, un Montagnard qui fustige les « endormeurs » du « Comité
de perte publique », comme Marat qualifie le Comité de salut public.
Et « l’Ami du peuple »
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