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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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s’en prend à Danton qui « réunit
les talents et l’énergie d’un chef de parti, mais dont les inclinations
naturelles l’emportent si loin de toute domination qu’il préfère une chaise
percée à un trône »…
    Et Danton est exclu du Comité de salut public à l’occasion
du renouvellement de ses membres.
    Ils sont douze.
    Parmi eux, il y aura Robespierre, Carnot, Jean Bon
Saint-André, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois, Barère, et naturellement
Couthon et Saint-Just.
    Ils apprennent que Valenciennes ne peut plus résister
longtemps aux troupes anglo-autrichiennes du duc d’York, et que la garnison de
Mayence, assiégée, négocie sa reddition. Elle serait autorisée à capituler avec
les honneurs de la guerre, en s’engageant à ne plus combattre hors du
territoire français. Et les membres du Comité de salut public acceptent ces
conditions, décident qu’elle sera envoyée dans l’Ouest contre les Vendéens.
     
    Plus grave encore est la situation à Toulon.
    La ville est « un nid de royalistes », de
Girondins, de modérantistes, d’aristocrates. Et ils viennent de s’emparer du
pouvoir, de chasser les Jacobins, d’emprisonner les patriotes.
    Ils ont ouvert le port et la rade aux flottes anglaise et
espagnole qui croisaient au large.
    Les agents du Comité de salut public assurent que le comte
de Provence veut gagner Toulon et faire de cette ville placée sous la
protection des navires de la coalition la première parcelle du royaume de Louis
XVII conquise.
    Dans un rapport, Couthon annonce d’ailleurs qu’un complot
dont le général Dillon – qui fut proche de La Fayette, combattit à Valmy et
dans les Ardennes, et fut longtemps protégé par son ami Camille Desmoulins – serait
l’âme vise à faire évader de la prison du Temple le « fils de Louis Capet »,
ce Louis XVII qui est l’espoir des aristocrates.
    La décision est prise, le samedi 13 juillet, de « mettre
en sûreté le fils de feu Louis Capet ».
    Les gardes municipaux entrent dans la chambre où
Marie-Antoinette et la sœur de Louis XVI, Élisabeth, se reposent en compagnie
du dauphin et de sa sœur Madame Royale.
    Ils annoncent qu’ils ont reçu mission de s’assurer du fils
de Louis Capet.
    Marie-Antoinette se précipite, hurle, couvre de son corps le
dauphin, qui sanglote, hurle à son tour.
    La reine se défend, se débat, ne cesse de résister que
lorsqu’on menace de tuer son fils et sa fille.
    Elle cède alors, et avec Élisabeth elle habille le dauphin, qui
pleure et qu’on entraîne.
    L’enfant parti, Marie-Antoinette n’est plus qu’une ombre
désespérée, maigre silhouette brisée, serrée dans les vêtements noirs du deuil.
     
    C’est ce même samedi 13 juillet 1793, que Charlotte Corday
se présente au domicile de Marat, 30, rue des Cordeliers.
    Elle monte une première fois rapidement jusqu’à l’appartement
du publiciste. Mais elle n’est pas reçue.
    On la voit redescendre du même pas leste, puis, après
quelques minutes, elle revient, monte de nouveau, et s’éloigne après avoir
essuyé un nouveau refus.
    Elle rentre à sa pension, rédige une lettre pour Marat :
    « Je viens de Caen. Votre amour pour la patrie doit
vous faire désirer de connaître les complots qu’on y médite. J’attends votre
réponse. »
    Elle fait expédier la lettre aussitôt.
    Puis elle erre dans la chaleur torride de cet après-midi de
juillet.
    Les heures passent.
    Elle prend tout à coup conscience qu’elle n’a pas donné son adresse
et que Marat ne pourra donc lui répondre.
    Et une troisième fois, elle se rend chez Marat.
    Elle dépose une nouvelle lettre dans les mains de Simone
Évrard qui le matin l’avait rabrouée, assurant qu’elle ne serait jamais reçue
par Marat.
    Charlotte insiste. Elle s’emporte, parle fort à Simone
Évrard pour que Marat entende. « Je suis persécutée, pour la cause de la
liberté, dit-elle. Je suis malheureuse. Il suffit que je le sois pour avoir
droit à la protection du citoyen Marat, l’ami du peuple. »
    « Il est désagréable de n’être pas introduite », ajoute-t-elle.
    Elle répète qu’elle a écrit, envoyé une lettre dans la
matinée, qu’elle a des révélations à faire, des complots à dévoiler.
    Marat la reçoit enfin.
    Il est dans son bain. Elle s’assied près de la baignoire. Elle
dicte à Marat des noms de conspirateurs. Et après quelques minutes – peut-être
dix – elle poignarde Marat d’un coup dans la

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