Aux armes, citoyens !
Desmoulins ses vertus
et ses faiblesses. Quelquefois faible et confiant, souvent courageux et
toujours républicain… J’engage Camille Desmoulins à poursuivre sa carrière mais
à n’être plus aussi versatile… »
Et Robespierre lit les rapports des observateurs de police
du Comité de sûreté générale qui indiquent que, parmi les sans-culottes
parisiens « l’on n’est pas du tout content de Robespierre, sur la faveur
qu’il accorde à Camille Desmoulins. On demande où est son impartialité dont il
a toujours fait profession… »
Maximilien est inquiet. Il ne veut pas que le pouvoir qu’il
exerce au sein du Comité de salut public, que la magistrature morale qui est la
sienne, sa « vertu », soient mis en cause.
Et il doit tenir compte de l’influence de ces « ultras ».
Le 21 décembre, 1 er nivôse, Collot d’Herbois
rentre de Lyon où avec Fouché il a organisé la Terreur.
Collot offre à la Commune de Paris la tête de Chalier, le
maire jacobin décapité par les Girondins et les royalistes au temps où la ville
était la ci-devant Lyon, et non encore Commune-Affranchie. On porte comme une
relique la tête de Chalier jusqu’à la Convention.
Comme Marat, comme Joseph Bara, comme Viala, comme Le
Peletier de Saint-Fargeau, Chalier est un martyr de la Liberté.
Imagine-t-on, interroge Collot d’Herbois, le désespoir des
patriotes lyonnais, de purs sans-culottes, quand on leur annonce la création d’un
Comité de clémence, puis l’arrestation du général Ronsin, de Vincent ?
L’un de ces patriotes a choisi de mettre fin à ses jours !
« On veut modérer le mouvement révolutionnaire, s’écrie
Collot d’Herbois. Eh, dirige-t-on une tempête ? Eh bien ! La
Révolution en est une. On ne peut, on ne doit point en arrêter les élans. »
Robespierre doit réagir. Il monte à la tribune des Jacobins
le 25 décembre 1793 (5 nivôse an II).
« Le gouvernement révolutionnaire, dit-il, doit voguer
entre deux écueils, la faiblesse et la témérité, le modérantisme et l’excès ;
le modérantisme qui est à la modération ce que l’impuissance est à la chasteté
et l’excès qui ressemble à l’énergie comme l’hydropisie à la santé. »
Et il frappe, sur l’un et l’autre « écueils » :
« les bonnets rouges sont plus voisins des talons rouges qu’on ne pourrait
le penser ».
Il dénonce ces « barons démocrates frères des marquis
de Coblence ».
« Le fanatique couvert de scapulaires et le fanatique
qui prêche l’athéisme ont beaucoup de rapports. »
Voilà pour les ultra-révolutionnaires.
Et voici pour les Indulgents, ces « citra-révolutionnaires ».
« S’il fallait choisir entre un excès de ferveur
patriotique ou le marasme du modérantisme, il n’y aurait pas à balancer… Gardons-nous
de tuer le patriotisme en voulant le guérir. »
Et la menace vient :
« Le gouvernement révolutionnaire doit aux bons
citoyens la protection nationale ; il ne doit aux ennemis du peuple que la
mort. »
Les ultras, ou les Indulgents ?
10.
Mais qu’est-ce qu’un « ennemi du peuple » dans ce
Paris de l’hiver 1794, ces mois de nivôse, pluviôse de l’an II de la République,
quand les citoyens les plus pauvres – la majeure partie de la population – sont
tenaillés par la faim ?
Le pain est cher, rare. Mais ce sont toutes les « subsistances »
qui manquent. Et les lois sur le maximum des prix des denrées sont inefficaces.
Les violences se multiplient. Flambées de colère sur fond de
désespoir.
On pille les boulangeries. Des femmes crient. On proteste
contre l’inégalité, car les boutiques de luxe sont bien fournies.
Un informateur de police au service du Comité de sûreté
générale écrit :
« Partout on ne fait que parler de la misère qui nous
menace ; la guillotine n’est point à craindre à présent : pour mourir
de faim autant vaut la guillotine ! »
Les assemblées populaires sont tumultueuses.
Les « ultra-révolutionnaires » dominent le club
des Cordeliers.
On y acclame Momoro, un « vrai » patriote. Libraire-éditeur,
il s’est engagé l’un des premiers dans la lutte contre le « despotisme ».
Il est devenu « le premier imprimeur de la liberté ». Et il réalise, à
bon prix, les travaux d’impression de la Commune de Paris.
Il a été de toutes les journées révolutionnaires et c’est
lui qui, dès 1791, a inventé la devise de la
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