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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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bel esprit, la vérité à l’éclat,
le charme du bonheur aux ennuis de la volupté, la grandeur de l’homme à la
noblesse des grands, un peuple magnanime, puissant, heureux, à un peuple
aimable, frivole et méprisable. »
    Il a du mal à reprendre son souffle, les yeux fixes, levés
comme s’il attendait un jugement, un signe de cet Être suprême auquel il croit.
    Puis, comme s’il découvrait qu’il était suspendu, trop haut
au-dessus de cet abîme de silence dans lequel son prêche a plongé la Convention,
il dit d’une voix tranchante, toisant les députés :
    « Le ressort du gouvernement révolutionnaire est à la
fois la Vertu et la Terreur : la Vertu sans laquelle la Terreur est
funeste. La Terreur sans laquelle la Vertu est impuissante. »
    La guillotine comme machine à rendre les hommes vertueux.
     
    Dix jours plus tard, le 26 février 1794 (8 ventôse an II), Saint-Just
relaie Robespierre.
    Celui-ci, depuis son discours, s’est enfermé chez les Duplay,
malade, épuisé, incapable de faire plus que quelques pas, muet.
    Et c’est l’« archange » Saint-Just qui demande à
la Convention la mise sous séquestre des biens des suspects, qui seront
distribués aux indigents.
    Ces « décrets de ventôse », que vote la Convention,
sont une manœuvre pour tenter de réduire l’influence auprès des sans-culottes
de tous les Cordeliers, d’Hébert, de Momoro, qui ne désarment pas.
    Le général Ronsin et Vincent ont été libérés, mais cela n’a
fait qu’attiser leur colère.
    On vient d’apprendre que Jacques Roux, l’Enragé, a une
deuxième fois attenté à ses jours et qu’il a succombé, qu’il est mort en prison !
    Et cela révolte un peu plus les Cordeliers, contre les
Indulgents.
    Danton et Desmoulins, accusent-ils, réclament des mesures d’indulgence
pour les aristocrates, les Girondins, et Jacques Roux meurt !
    Danton a agrandi ses propriétés d’Arcis-sur-Aube, il est
devenu un homme riche qui veut jouir de sa jeune femme. « Je la baise tous
les jours », dit-il à qui veut l’entendre, et pendant ce temps-là, on
crève de faim faubourg Saint-Antoine et Robespierre, après avoir dit qu’il
préférait « le bonheur à la volupté », se terre.
    Malade ? Lâche ou empoisonné ?
    Ce sont les rumeurs que l’on se murmure à l’oreille, disent
les observateurs de police.
     
    Alors, Saint-Just peut bien proposer en partage les biens
des suspects, ordonner qu’on dresse dans chaque commune un état des patriotes
indigents, qui peut imaginer que cela va changer le sort des affamés, des miséreux ?
    Et il ne suffit pas de proclamer :
    « Que l’Europe apprenne que nous ne voilions plus un
malheureux ni un oppresseur sur le territoire français ! Que cet exemple
fructifie sur la terre, qu’il y propose l’amour des vertus et le bonheur !
Le bonheur est une idée neuve en Europe. »
    Assez de mots !
    Au club des Cordeliers, Momoro, Hébert, Vincent, Ronsin
appellent à nouveau à l’insurrection contre le Comité de salut public. « L’insurrection
est une Sainte insurrection, voilà ce que vous devez opposer aux scélérats. »
    Carrier, qui arrive de Nantes où il a « noyé » la
contre-révolution, incite à se rendre auprès de la Commune, pour qu’elle se
rallie à l’insurrection des Cordeliers.
    Et ceux-ci décident de couvrir d’un voile noir la
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, parce qu’elle n’est pas
appliquée, et qu’elle est à leur encontre en permanence violée.
     
    Faut-il sévir contre les Cordeliers ? Ou bien tenter
une mesure de conciliation ?
    Collot d’Herbois propose une « union indissoluble »
entre le club des Jacobins et le club des Cordeliers.
    Et on dévoile la Déclaration des droits.
    Mais cette « entente » ne dure que quelques heures.
    Robespierre reparaît, plus pâle encore, mais le visage et la
voix acérés. C’est une lame.
    Et Saint-Just intervient, dénonçant les « factions de l’étranger
et la conjuration ourdie par elles dans la République française pour détruire
le gouvernement républicain par la corruption et affamer Paris ».
    Il critique les « sociétés populaires » autrefois « temple
de l’égalité ». Mais depuis « il y a dans ces sociétés trop de
fonctionnaires, trop de citoyens, le peuple y est nul ».
    Pourquoi dès lors les réunions, suivre leurs débats ? Il
faut simplement soutenir les Comités, le gouvernement

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