Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
« conspiration » de l’étranger, qu’ils étaient complices et
stipendiés de Pitt et de Cobourg.
    Leur mort était ainsi un acte de justice et de sauvegarde.
    « Si l’enfer est contre nous, dit Couthon, le ciel est
pour nous et le ciel est maître de l’enfer. »
    Et Robespierre explique :
    « Ce qui constitue la République c’est la destruction
de tout ce qui lui est opposé. On est coupable contre la République parce qu’on
s’apitoie sur les détenus ! On est coupable parce qu’on ne veut pas de la
Vertu ! On est coupable parce qu’on ne veut pas de la Terreur. »
     
    Qui entend ce discours de Robespierre sait bien qu’il menace
Danton et Camille Desmoulins et leur faction, celle des Indulgents.
    Et après l’exécution des Girondins, puis des Cordeliers, de
ces personnalités aussi engagées dans la Révolution qu’étaient Brissot ou
Barbaroux, Hébert ou Momoro, on pressent que la mort, inéluctablement, conclura
la lutte contre la faction des Indulgents.
     
    « La férocité entre les patriotes est plus acharnée que
jamais », note le libraire Ruault, qui partage, sans les afficher, les
idées des Indulgents.
    « Danton et Camille Desmoulins proposent aujourd’hui
des Comités de clémence au lieu des Comités révolutionnaires, écrit Ruault.
    « Mais ceux qui dominent le Comité de salut public et
la Convention nationale ne les écoutent point. L’odeur du sang qu’ils répandent
les anime. Ils traitent Danton et Camille
    Desmoulins de contre-révolutionnaires. Je ne vois encore que
ces deux-là qui soient revenus au bon sens… Mais le Comité de salut public n’est
pas encore las de détruire. Sur douze membres dont il est composé, huit sont si
exaltés dans leurs idées révolutionnaires que la raison, l’humanité ne peuvent
se faire entendre ni à leurs oreilles ni à leurs cœurs. Les quatre hommes
honnêtes qui sont là (Carnot, Lindet, Prieur et Jean Bon Saint-André) ne se
mêlent point au Tribunal révolutionnaire. Ils ont chacun leur bureau, leur
besogne à part et confèrent rarement avec Robespierre, Collot d’Herbois, Billaud-Varenne,
Couthon, Saint-Just, Barère… Le succès de nos armées enfle le cœur de ceux-là, et
les encourage à la destruction des citoyens ; ils attribuent ce succès aux
mesures de règne et de cruauté qu’ils exercent… »
     
    Cette Terreur, les hommes des Comités, et d’abord
Maximilien Robespierre, veillent qu’elle effraie – qu’elle « terrorise »
— mais aussi qu’elle soit toujours associée à la Vertu.
    Il faut que les sans-culottes, le peuple des démunis, des
ouvriers, des indigents, ces citoyens qu’avaient séduits Marat, les Enragés et
les Cordeliers, qui partageaient les « colères du Père Duchesne » se
persuadent qu’on peut avoir décapité Hébert et Momoro, mais sévir contre les
accapareurs.
    Et pour cela les visites domiciliaires, les perquisitions se
multiplient, dans ces courtes journées de l’hiver puis celles du printemps de l’an
II.
    « À trois heures de l’après-midi les canonniers
rassemblés ainsi que la cavalerie et plusieurs détachements de la force armée
de réserve ont marché sans bruit, et le Palais-Égalité, ci-devant Palais-Royal,
a été investi. On a fait des visites chez les traiteurs, restaurateurs et
marchands de comestibles. On a examiné les citoyens qui s’y trouvaient. À huit
heures les sentinelles ont été levées. On ignore le nombre de personnes
arrêtées. »
     
    Ces mesures confirment l’idée que Maximilien Robespierre est
bien cet Incorruptible, ce vertueux en qui l’on peut avoir confiance.
    Dans ces premiers jours de germinal an II (mars 1794), qui
ont vu les Cordeliers jugés, condamnés, exécutés, un conventionnel confie :
    « Toutes les factions, tous les partis se taisent
devant Robespierre. Il dirige toutes les délibérations. L’opinion publique l’investit
et n’investit que lui. Tout ce qu’il dit sont des oracles, tout ce qu’il blâme
sont des erreurs. Si cette occasion échappe, jamais, non, jamais, il ne la
retrouvera. »
     
    Robespierre le sait.
    C’est maintenant qu’il doit écraser les Indulgents, ceux qui
furent si proches de lui, comme Camille Desmoulins, ceux qui furent ses alliés,
comme Danton.
    Le 1 er germinal an II (21 mars), le jour même de
l’ouverture du procès des Cordeliers, il a dit à la tribune du club des
Jacobins :
    « Ce n’est pas assez d’étouffer une faction, il faut
les

Weitere Kostenlose Bücher