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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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bois de Boulogne, pour respirer un air encore frais.
     
    Mais il suffit de quelques heures, ce 9 thermidor, pour qu’une
chaleur orageuse étouffe Paris, sous l’épaisseur sombre de nuages bas, que
déchire parfois la foudre.
    Dans le pavillon de Flore, Billaud-Varenne, Barère, Collot d’Herbois,
Carnot, vont et viennent, s’épongent le front, échangent quelques phrases, consultent
leurs montres.
    Ils attendent Saint-Just qui est censé venir leur lire son
discours. C’est Couthon qui arrive. Le paralytique est lui aussi en sueur. On
le questionne, on se dispute. On l’accuse de trahir, comme Saint-Just, le
Comité.
    Tout à coup, vers midi, un huissier apporte un message de
Saint-Just.
    Collot d’Herbois le parcourt, a une exclamation de fureur, le
lit à haute voix :
    « Vous avez flétri mon cœur, écrit Saint-Just, je vais
l’ouvrir tout entier à la Convention nationale. »
    On s’indigne. On court vers la Convention, puisque c’est
devant elle que va se livrer la bataille.
    Finis les apparences ou les espoirs de réconciliation au
sein des Comités.
    Les conventionnels vont trancher, pour ou contre Robespierre.
    « Le Ventre est avec nous », murmure Fouché.
    Mais les tribunes sont peuplées de robespierristes. Ils
acclament Robespierre qui, vêtu de l’habit bleu qu’il n’a porté que pour la
fête de l’Être suprême, gagne sa place du pas d’un prêtre qui se dirige vers l’autel.
    Saint-Just le rejoint, avec lui aussi la démarche d’un officiant,
élégant dans son habit chamois, son gilet blanc et sa culotte gris tendre. C’est
lui qui, vers une heure de l’après-midi de ce 9 thermidor an II, monte le premier
à la tribune de la Convention.
     
    Collot d’Herbois préside la séance, et déjà il brandit la
clochette qui lui permettra d’interrompre les débats et même de couvrir la voix
de l’orateur.
    Saint-Just s’apprête à parler. Il tourne la tête, regarde à
sa droite et à sa gauche les deux tableaux représentant l’un Marat, l’autre Le
Peletier, les deux « martyrs » assassinés. Entre eux l’« Arche
sainte » contenant le texte de la Constitution de 1793 – l’an I –, jamais
appliquée.
     
    Saint-Just commence d’une voix calme, posée :
    « Je ne suis d’aucune faction, dit-il, je les
combattrai toutes… » Des applaudissements l’interrompent, mais ils saluent
l’entrée de Billaud-Varenne.
    « Quelqu’un cette nuit, reprend Saint-Just, a flétri
mon cœur et je ne veux parler qu’à vous. On a voulu répandre que le
gouvernement était divisé, il ne l’est pas, une altération politique que je
vais vous rendre a seulement eu lieu. » Robespierre a un geste d’irritation.
Il lui semble que Saint-Just se dérobe, Saint-Just veut ainsi éviter l’affrontement,
par prudence, parce qu’il a pris conscience de la force de ses adversaires. Il
veut rassurer ce Ventre modéré dont les députés sont aux aguets, sans doute
prêts à rallier Fouché, Barras, Tallien. Et ce dernier bondit à la tribune, repousse
Saint-Just : « Hier, dit-il, criant presque, un membre du
gouvernement s’en est isolé et a prononcé un discours en son nom particulier, aujourd’hui
un autre fait la même chose, je demande que le rideau soit déchiré. »
    « Il le faut, il le faut », scandent plusieurs
dizaines de conventionnels.
    Saint-Just ouvre la bouche, mais Billaud-Varenne se précipite
à la tribune avant même que Tallien en soit descendu.
    « Je m’étonne de voir Saint-Just à la tribune après ce
qui s’est passé, dit-il. Il avait promis aux deux Comités de leur soumettre son
discours avant de le lire à la Convention et même de le supprimer s’il leur
semblait dangereux… »
    Saint-Just se tait, immobile, impassible, inébranlable mais
paralysé, devenu plus spectateur qu’acteur.
    Et Billaud-Varenne continue, raconte la séance au club des
Jacobins.
    « On a eu l’intention d’égorger la Convention », clame-t-il.
    Il désigne un homme assis dans les tribunes, demande son
expulsion en l’accusant d’être celui qui au club des Jacobins a attaqué la
Convention.
    « La Convention périra si elle est faible ! »
crie Billaud-Varenne.
    « Non, non, non », répondent les députés de la
Montagne en agitant leurs chapeaux.
    Le Bas veut parler. Collot d’Herbois agite la clochette, les
tintements, les cris étouffent la voix de Robespierre, cependant que
Billaud-Varenne attaque l’incorruptible.
    Et quand

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