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Bastard battle

Bastard battle

Titel: Bastard battle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Céline Minard
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les vignerons et clapoter dans le vin en chausses crotteuses. L’image du chevalier me vint. Atout six hommes je les arrête. Lors je dis à Tartas :
    — Un aultre bastard, et pourquoi pas d’aulcun ? Icelui sourit, la bouche pleine de mangeaille.
    C’est ainsi que ce mois de juin mil quatre cent trente-sept, devant un platz de chapon et chaudins fricts arroulsés de vin noir, Tartas scella de demeurer en pays bourguignon pour le bien de son ventre.
    Au lendemain de ce jour, Guy de Bourbon assemblait ses gens pour le boute-selle. Les chevaux et les hommes étaient chargés, tant les gens d’armes proprement dits que les valetons et petits goujats. Ils se tenaient cois à peu près en bon ordre devant la halle, face à la porte de l’Eau qu’ils passeraient bientôt pour prendre le chemin de Troyes. Les derniers adieux s’échangeaient. Tartas et moy étions sur le rempart pour n’en rien perdre. La trolée se mettait en branle quand apparurent deux cavaliers sur le chemin de Châteauvillain. Ils passaient la chapelle Notre-Dame de Lorette au petit trot, comme gentilshommes en affaire simple et pleins de sûreté. Ce que voyant, Aligot s’indigna en demandant quels étaient ces marauds insolents qui se permettaient d’approcher une ville si bien connue pour sienne.
    D’autant que le nom de Châteauvillain, fut-il simplement celui d’un chemin, suffisait à le mettre en rage. Tartas le savait pour une part, ayant reconnu de fort loin le maigriot Billy qu’il avait si plaisamment combattu emprès Langres.
    Icelui s’avançait fermement, ne prenant en mauvaise part la poignée d’hommes qui s’étaient postés par devant la porte et montraient au soleil les lames de leurs grands fauchards. À dix pas, il s’arrêta, son compaignon derrière lui, et s’excusa d’apparaître ainsi sans annonce, et assura que n’avait nul besoin d’un comité de réception, qu’il passait par icy discrètement pour vider un gobeau en bonne entente avec tout un chascun. Le bastard n’était pas loin d’en trépigner de courroux. Devant son frère tout armé en teste de ses gens, un pauvre diable osait troubler leurs adieux sous les murs d’une ville qu’il tenait dans la terreur et par en plus il demandait une breuse de vin comme s’il était benoîtement à l’auberge.
    — Et tu veux que je te la porte ou viens-tu la chercher ?
    — Comme il vous plaira mon sieur.
    — Tudieu, corne de bouc ! Étripez-moi ce coquardeau prétentieux et stupide ! Que les estomachs lui sortent par le cul !
    Les porteurs de fauchards se lancèrent sans déport sur les cavaliers. Billy sortit de ses fontes un arc court qu’il chargea de deux flèches. La double raillonnade atteignit les avant coureurs en plein front avec tant de vigueur que les pointes leur sortirent dans la nuque. Les suiveurs montèrent les rondaches au chef, ils prirent les deux traicts d’après dans le fois du corps et iceulx les plièrent morts sur le champ. Quatre hommes gisaient dans la poussière en moins de temps qu’il n’eut fallu pour le dire. Le cinquième rendit gorge en bout de course sur l’estoc d’un poignard tiré court. Alors qu’Aligot envoyait une lance d’hommes à l’assault d’un seul, son frère Guy lui dit :
    — Tout doux, mon puîné, ce soldier n’est pas ordinaire. Il va t’en mortir un cent avant de tomber. Vois plutôt ce qu’il veut. Ce qu’il fit, par résignation.
    Billy lui dit alors être un mercenaire aguerri, de bonne apertise, franc au collier, en quête d’une honneste compaignie où les gains seraient en partage. Il dit avoir servi toujours au mieux selon le vent, pour les seigneurs de Vergy tout un temps, puis contre eux au compte de Guillaume de Thyl seigneur de Châteauvillain, puis avec les deux ensemble quand se furent entendus à détrousser les bastards de Bourbon au retour de la Mothe en Lorraine.
    À ce point du discours, Guy ne se tenait plus de rire tandis que son puîné, plus blanc que chemise nouvelle, serrait les dents et tentait de se contenir. Billy savait d’évidence à qui il parlait. Il leur conta sans mentir que la belle prise qu’il avait contribué à faire cette dite fois, non seulement n’avait point été pour les lorrains recouvrée, mais en plus n’avait point été mise en parts pour aulcuns des gens d’armes. Que Vergy et Châteauvillain, tout nobles, ennemys et rivaux qu’ils fussent, s’étaient accordés sur ce point fifty-fifty et qu’en cela

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