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Bataillon de marche

Bataillon de marche

Titel: Bataillon de marche Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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tirait à la cible sur un crucifix. Le légionnaire lui trancha la gorge d’une oreille à l’autre, et le meurtre, comme toujours, fut mis au compte des partisans.
    Pendant des heures, îles gros chars roulèrent en grondant vers le sud-ouest.
    – L’essence va manquer, annonça Porta.
    – Et-après ? demanda Petit-Frère. Faudra aller à pied ? Sainte Mère de Kazan ! Moi, j’ai des cors et des hémorroïdes.
    Alte rit doucement :
    – On verra ça quand nous serons à Cikin Sala.
    Poursuivis par de lourds nuages, on remit le cap
    sur l’ouest. Les montagnes devenaient de plus en plus sauvages ; le chemin, que la carte indiquait large, se rétrécissait de plus en plus ; les lourds véhicules dérapaient sur le sol gelé, il fallait toute l’adresse de nos conducteurs, Porta et Steiner, pour les empêcher de glisser dans les précipices. Le périscope n’était qu’un bloc de glace ; on devait garder les panneaux ouverts, et la tempête fouettait la neige en de telles masses qu’on ne voyait même pas la bouche des canons.
    Soudain, le char de Steiner fit volte-face et se trouva nez à nez contre la montagne. Tout le monde descendit ; on commença par l’amarrer au nôtre, mais deux fontes aussières d’acier claquèrent comme si c’était du fil à coudre ; on sortit alors la grosse chaîne de remorquage. Lentement, la lourde voiture vira en direction de la chaussée, mais soudain, elle dérapa de nouveau et fila jusqu’au bord de l’abîme où elle resta à se balancer dangereusement. Quelques centimètres de plus, et notre char lui-même était entraîné.
    Steiner sauta à bas de sa voiture, il saisit un lourd marteau et se mit à taper désespérément sur le crochet d’attelage. Personne n’osait respirer, lorsque, tout à coup, on vit notre char reculer également vers le bord du chemin. Porta mit tous les gaz. Les étincelles fusaient entre les chenilles qui patinaient sur place. A l’instant même où nous nous croyions perdus, le crochet sauta et le char de Steiner s’engloutit avec fracas dans le précipice. Il entraîna le petit Müller, le chargeur. Comment cela se fit-il ? Personne ne put l’expliquer.
    – Combien d’essence ? demanda Alte.
    – De quoi nettoyer les culottes de Petit-Frère, dit Porta.
    – Donc des centaines de litres, fit Heide. Elles ne sont qu’une mare de graisse.
    – Cessez vos conneries, gronda le Vieux. Je veux savoir ce qui reste d’essence.
    – Le compteur dit zéro. Mettons cinq litres dans la voiture
    – Couvre-feu ! cria Heide en lançant une boule de neige dans le précipice.
    – Bien, décida Alte. On envoie le véhicule pardessus bord. Voyez à démonter les mitrailleuses et tout ce qu’on peut emporter, et rappelez-vous que les munitions sont plus importantes que la vodka. Il y a cinq ou six cents kilomètres d’ici aux positions allemandes.
    – T’as tout du sportsman ! ricana Porta. Une balade de cinq à six cents kilomètres ! (Il se mit à fredonner :)
    Je suis un petit oiseau voyageur Qui se balade dans la nature…
    – J’ai des cors ! gémit Petit-Frère.
    – Vos gueules ! cria le Vieux agacé. Si j’ordonne de marcher, c’est parce que c’est notre unique chance de rejoindre nos lignes.
    – Y a longtemps qu’on est portés morts, dit Heide méprisant. Ils sont sûrs qu’on se balance déjà.
    Le petit légionnaire jeta son sac et trois fusils mitrailleurs par le panneau, et regarda Porta qui s’appuyait contre la paroi du char.
    –  Nassib lossom ! (Les dés sont jetés !) murmura-t-il.
    Le dernier paquetage fut lancé au-dehors. Porta mit le moteur en route, tira la marche arrière et sauta. Le colosse gris disparut par-dessus le bord du précipice.
    – Allons, héros, direction ouest, fit Steiner en riant. (Il jeta le léger fusil mitrailleur par-dessus son épaule.) Je ne me sens pas du tout chez moi, ici.
    – C’est bien loin de la Reeperbahn 26, murmura Petit-Frère. Sainte Mère de Kazan, comme c’est loin !
    – Qu’est-ce qui t’intéresse donc tant à la Reeperbahn 26 ?
    – C’était un bordel épatant avec neuf poules bien grasses. J’y travaillais comme homme-sandwich pour les touristes. Vous parlez d’un boulot merveilleux.
    Il se mit à rêvasser en fixant la danse des flocons de neige.
    Si ça peut te consoler, y a encore plus de chemin d’ici à Irkoutsk, répliqua île légionnaire, et nous avons plus de chances d’y arriver que dans ton

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