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Belle Catherine

Belle Catherine

Titel: Belle Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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porte basse du donjon, puis se lança à l'aveuglette dans l'escalier. Aucune torche ne brûlait à l'intérieur, contrairement à l'habitude, mais un aigre courant d'air mugissait. Le vent avait dû éteindre les flammes en soufflant à travers les meurtrières. Catherine s'appuya d'une main aux pierres humides, tâtant du pied les marches usées. Peu à peu ses yeux s'habituaient à l'obscurité quasi totale de la vis de pierre, chichement éclairée de loin en loin par d'étroites fentes pratiquées dans l'épaisseur formidable des murs. Une étrange sensation de solitude étreignit Catherine. Il n'y avait aucun homme d'armes, aucun va-et-vient dans cet escalier, empli d'un vacarme terrible, tout en haut, comme si le tonnerre s'était déchaîné sur le couronnement même de l'énorme tour. Là-haut, quelque chose résonnait par à-coups, comme un gigantesque tambour.
    Catherine s'aperçut que le soldat venu la prévenir avait disparu sans qu'elle sût où il était passé. Absorbée par ses inquiétudes, elle n'avait pas pris garde à lui, mais il était étrange que la maladie d'Arnaud ne déchaînât pas plus d'agitation. Et cet escalier qui n'en finissait pas !
    Courant toujours, elle dépassa la porte de la première salle, continua de monter, mais le souffle lui manqua soudain. Le cœur battant la charge, elle s'adossa un instant au mur gluant pour reprendre haleine. Tandis qu'elle cherchait à retrouver son souffle, son regard plongea instinctivement par la meurtrière qui s'ouvrait près d'elle... Un sursaut la secoua. Elle colla son visage en sueur à la longue fente et poussa une exclamation de stupeur. Là, en bas, sortant de la vieille commanderie, elle apercevait Arnaud, vêtu et armé comme d'habitude. Il semblait en parfaite santé et soutenait, de la main, la marche hésitante du vieux sire de Cabanes. Catherine plissa les yeux pour mieux voir. Mais non, le doute n'était pas possible : c'était bien Arnaud !

    Elle leva les yeux vers le sommet du donjon où le tintamarre de tout à l'heure avait fait trêve. Ce silence subit lui fit percevoir, nettement, la respiration lourde, bruyante de quelqu'un qui montait. Elle ne s'en inquiéta pas tout de suite, passa un bras par la fente du mur et appela :
    — Arnaud ! Arnaud !
    Elle était trop loin, trop haut ! Montsalvy ne l'entendit pas. Sans même tourner la tête, il s'éloigna vers la forge avec Cabanes.
    Haussant les épaules, Catherine commença à redescendre, plongea dans une zone d'ombre. Dans sa hâte, elle manqua une marche, se tordit un pied et retint un gémissement. Il lui fallut s'arrêter un instant pour laisser à la douleur le temps de se calmer. C'est alors que, des ténèbres de l'escalier, elle vit surgir le visage empourpré d'Escornebœuf. Il montait lourdement, les mains en avant, les yeux fixes, secoué par un rire silencieux. Le sang de Catherine se glaça dans ses veines en même temps que l'envahissait la brutale conscience d'un danger. Mais elle voulut payer d'audace. L'immense carcasse du Gascon obstruait complètement l'étroit escalier et il ne semblait pas disposé à céder la place.
    — Allons ! dit-elle durement, laissez-moi passer.
    Il ne répondit pas, continua de monter vers elle.
    Son souffle haletant faisait un bruit de forge qui emplissait les oreilles de la jeune femme. Ces yeux fixes, ce rire idiot et méchant ! Elle recula d'une marche. L'homme se pencha, tendit ses énormes mains pour la saisir... Une terreur folle l'envahit. Elle comprit soudain qu'elle était seule, dans cette tour, livrée à cette brute dont les intentions ne se lisaient que trop clairement. Avec un cri étranglé, elle se lança en courant vers les hauteurs... Elle voulait gagner l'étage supérieur, s'enfermer dans la grande pièce ronde où vivait Jean de Cabanes. Elle se souvenait de la porte massive, des verrous solides qu'elle y avait vus. Mais elle n'avait pas encore récupéré suffisamment son souffle. Le cœur cognait douloureusement contre ses côtes. Derrière elle, l'homme s'était mis aussi à courir. Et il faisait noir dans cet escalier, si noir ! N'atteindrait-elle jamais la porte salvatrice ? Des larmes d'angoisse avaient jailli de ses yeux.
    Au-dessus de sa tête, la tour parut éclater. Il y eut un craquement énorme suivi d'un véritable hurlement. A quelques marches au-dessus de Catherine, la porte s'effondra dans un vacarme apocalyptique libérant un peu de jour. Et Catherine, qui allait se lancer dans la pièce

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