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Belle Catherine

Belle Catherine

Titel: Belle Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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avec ces deux femmes, je n'y tiendrai pas, Sara, je ne pourrai jamais ! Je sens leur haine et leur dédain comme si c'était quelque chose que l'on pût toucher. Dès demain, je verrai Arnaud, je lui dirai qu'il doit choisir, qu'il...
    — Tu te tiendras tranquille ! coupa Sara fermement. Tu devrais avoir honte de te conduire comme une gamine. Et pourquoi donc ? Parce que ton époux a d'autres devoirs et ne peut passer son temps à roucouler auprès de toi ? Quel enfantillage ! C'est un homme, tu sais, et il doit mener sa vie d'homme. La tienne est de l'aider. Il y a des moments où c'est difficile, terriblement difficile. Il faut avoir du courage.
    — Du courage, du courage ! maugréa Catherine. Est-ce qu'un jour viendra où l'on cessera de m'en demander ? Je n'en ai plus, moi, du courage.
    — Mais si !
    Maternellement, Sara fit asseoir la jeune femme désolée sur une banquette et passa son bras autour d'elle. La tête blonde vint se nicher tout naturellement contre son épaule.
    — Du courage, mon petit, il t'en faudra encore beaucoup, plus peut-être que tu ne le crois, mais tu ne faibliras pas, parce que tu l'aimes... parce que tu es sa femme.
    Tandis que la main tendre de Sara caressait sa tête inclinée, Catherine ne vit pas que des larmes, de nouveau, emplissaient les yeux sombres de la zingara. Elle n'entendit pas la prière muette qui montait du cœur de sa vieille amie, une prière passionnée pour que s'éloignât sans la toucher l'amère coupe de souffrance qui se préparait.
    — Noble dame, fit le soldat, essoufflé d'avoir couru, messire Arnaud vous demande ! Vite... c'est très urgent ! Il a besoin de vous... Il est malade !
    — Malade ?
    Catherine jeta loin d'elle la quenouille de laine qu'elle filait auprès du berceau de Michel, pour occuper ses mains, se leva d'un bond.
    — Qu'a-t-il ? Où est-il ?
    — Dans le donjon. Il inspectait les défenses du couronnement. Soudain, il s'est écroulé... Venez, Dame, venez vite !
    Catherine ne s'attarda pas à poser d'autres questions. Jetant un dernier regard à son fils qui dormait et sans même prendre le temps d'appeler Sara descendue aux cuisines, elle ramassa ses jupes et sortit en courant à la suite du soldat. En franchissant le seuil du logis, une rafale de vent la frappa de plein fouet, collant sa robe à ses jambes comme un drap mouillé. Là-bas, le donjon se dressait au centre de longues écharpes de brume que la tempête faisait tournoyer. Catherine se courba instinctivement pour lutter contre les bourrasques humides et, tête baissée, comme un petit taureau de combat, elle fonça à travers l'immense place d'armes. L'angoisse la portait en avant et, en même temps, elle éprouvait une joie curieuse. Enfin il l'appelait ! Enfin, il avait besoin d'elle !...
    Depuis bientôt une semaine qu'il avait élu domicile dans la tour Saint-Jean, elle l'avait à peine vu. Chaque matin et chaque soir, il venait au logis saluer sa femme, sa mère, mais ne les embrassait pas. Il souffrait de la gorge, disait-il, et toussait. Pour la même raison, il refusait de toucher son fils. Inquiète, Catherine avait interrogé Fortunat et ce qu'elle avait appris ne l'avait guère rassurée. Arnaud ne mangeait pratiquement rien et passait ses nuits debout, arpentant sa chambre durant des heures.
    — Ce pas régulier dans la nuit, c'est à devenir fou !... confessait Fortunat. Il y a, en monseigneur, un souci qu'il ne veut pas avouer.
    Plusieurs fois, Catherine avait essayé de s'isoler avec son époux, mais elle avait constaté avec douleur qu'il semblait la fuir, elle plus encore que les autres. La sauvegarde de Carlat et de ses habitants paraissait devenue le seul intérêt de sa vie
    : il s'y consacrait entièrement, évitant, Catherine en avait une sorte de conscience, le logis où les trois femmes menaient leurs vies opposées autour du berceau de Michel. Elles s'observaient, s'épiaient, guettant les faux pas ou les moments de dépression pour s'en faire des armes. À cette escrime implacable, Marie était passée maîtresse tandis que Catherine s'y écorchait. Elle souhaitait désespérément comprendre, saisir cette chose peut-être infime qui lui échappait et qui éloignait d'elle son époux. Mais, tout en courant à travers la cour balayée par ce vent du sud qui affolait les moutons, elle se disait que le soudain malaise d'Arnaud allait le lui livrer. Elle s'accrocherait si bien à lui qu'il lui faudrait dire enfin la vérité !
    Elle franchit la

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