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Belle Catherine

Belle Catherine

Titel: Belle Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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On corne l'eau dans un peu plus d'une heure.
    Catherine entra dans la chambre sans plus insister, tandis que son hôtesse refermait silencieusement la porte et disparaissait. Elle s'avança de quelques pas, regardant autour d'elle. C'était une belle chambre toute vêtue de tapisseries à personnages et percée de deux fenêtres à meneaux. Dans une encoignure, une cheminée à colonnettes et à hotte conique ornée d'écus peints et de trophées de chasse. Un immense lit à courtines de velours vert sombre, une chaire à haut dossier, une grande armoire de chêne à décor de fenestrages, deux tabourets portant des coussins de velours vert et un coffre de cuivre sur lequel s'alignaient des bassins et des aiguières d'argent en formaient tout le mobilier. Une petite porte s'ouvrait au chevet du lit et Catherine vit soudain s'y encadrer la silhouette vigoureuse de Sara. Celle-ci portait encore sa cape de voyage et son visage, sous le hâle dont aucun lait de beauté n'avait jamais pu la débarrasser, était presque aussi pâle que sa guimpe de toile blanche.
    — Est-ce que nous restons ici ? demanda-t-elle avant que Catherine ait pu ouvrir la bouche. J'ai appris que la Reine est à Amboise.
    — Je le sais aussi, répondit Catherine en dénouant les cordons de son ample manteau, et je voulais repartir demain.
    Mais nos hôtes ont insisté pour que nous demeurions quelques jours. Il eût été grossier de refuser.
    — Quelques jours ? fit Sara d'un ton soupçonneux. Combien ?
    — Je ne sais pas au juste, quatre ou cinq, peut-être une semaine au plus.
    Mais, loin de s'éclairer, le visage de Sara parut se rembrunir. Elle hocha la tête.
    — Mieux vaudrait partir immédiatement ! Cette maison ne me dit rien qui vaille. Il s'y passe des choses bizarres.

    — Tu as vraiment trop d'imagination, soupira Catherine, qui, assise sur l'un des tabourets, dénouait ses nattes, et tu ferais bien mieux de m'aider à enlever toute cette poussière.
    Elle finissait à peine de parler que la porte de sa chambre s'ouvrait brusquement. Gauthier fit irruption. Il était pâle et ses vêtements en désordre dénonçaient une bagarre récente. Il ne laissa pas le temps aux deux femmes d'ouvrir la bouche.
    — Il faut fuir, dame Catherine ! Il faut fuir immédiatement si vous en avez le pouvoir ! Ce château n'est pas pour vous un asile, mais une prison.
    Catherine se sentit blêmir. Elle se leva, repoussant doucement Sara qui, de saisissement, laissait tomber le peigne qu'elle avait pris.
    — Que veux-tu dire ? As-tu perdu la raison ?
    — Je le voudrais bien, fit le géant avec amertume. Malheureusement, le doute n'est pas possible. Je ne sais si l'on vous a accueillie avec honneur, mais, devant moi, les hommes d'armes ne se sont guère gênés. Quand j'ai demandé le chemin des écuries pour y conduire nos montures, un sergent tout armé m'a pris les brides des mains et m'a dit que cela ne me concernait plus parce que ces mules appartenaient désormais au seigneur de ce lieu. Bien entendu, j'ai protesté. Alors, le sergent a haussé les épaules et m'a dit : « Tu es bien naïf, l'homme, si tu t'imagines que ta maîtresse pourra sortir de Champtocé avant que monseigneur Gilles l'y autorise. On a des ordres en ce qui la concerne et je te conseille de te faire aussi petit que tu pourras si tu ne veux pas avoir d'ennuis. » Là, je vous l'avoue, dame Catherine, la colère m'a emporté.
    J'ai empoigné l'homme à la gorge ! Des soldats sont arrivés et l'ont dégagé. J'ai pu leur fausser compagnie, mais...
    Mais une véritable compagnie d'hommes d'armes envahissait à ce moment précis la chambre de Catherine. En un clin d'œil, Gauthier, malgré sa force, fut maîtrisé, d'autant plus aisément que trois arcs étaient bandés dans sa direction et qu'une plus longue résistance lui eût seulement valu quelques flèches dans le corps. Ce spectacle eut le don de déchaîner la colère de Catherine. Elle marcha droit à l'officier qui commandait le détachement et, les dents serrées, les narines pincées, les yeux fulgurants, ordonna :
    — Lâchez cet homme et sortez d'ici ! Comment osez-vous...
    — Désolé, noble dame, fit l'officier en portant gauchement la main à son casque, mais votre serviteur a frappé un sergent. Il dépend maintenant de la justice de ce château et je dois le conduire à la prison.
    — S'il l'a frappé, il a bien fait ! Sang du Christ ! Il semble que vous entendiez l'hospitalité d'étrange façon, ici

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