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Belle Catherine

Belle Catherine

Titel: Belle Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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S'il souffre, donnez-lui quelques grains de pavot, je vous laisserai tout ce qu'il faut. Enfin, priez Yahweh qu'il vous prenne en pitié car Lui seul peut tout, car Lui seul est le maître de la vie et de la mort.
    — Mais, dit Catherine, qui s'était glissée au chevet d'Arnaud dès que le médecin l'avait abandonné et avait pris l'une de ses mains dans les siennes, vous reviendrez le voir chaque jour, n'est-ce pas ?
    Rabbi Moshe eut un sourire amer et ne répondit pas. Ce fut Jacques Cœur qui, d'une voix gênée, répliqua :
    — Malheureusement, cette visite n'aura pas de seconde. Rabbi Moshe doit quitter notre ville cette nuit... avec tous ses coreligionnaires ! L'ordre du Roi est formel : au lever du soleil tous les Juifs doivent avoir franchi les murailles sous peine de mort. Déjà, j'ai retardé Rabbi Moshe qui était prêt à partir !
    Un silence de mort accueillit ces paroles. Lentement, Catherine s'était relevée et regardait tour à tour Jacques Cœur et le médecin.
    — Mais... pourquoi cet ordre ?

    La voix mordante de Xaintrailles lui répondit :
    — Parce que La Trémoille n'a jamais assez d'or ! Il a réussi à obtenir enfin, à ce que je vois, cet édit frappant les Juifs.
    On les chasse, mais, bien entendu, on ne chasse pas leur or. Ils doivent partir sans rien emporter de leurs biens. Demain, les coffres de La Trémoille seront pleins ! Et je suppose que, lorsqu'il les aura vidés, il s'attaquera à d'autres : les Lombards par exemple.
    Cette nouvelle, qui ne la touchait qu'indirectement, fut cependant pour Catherine la goutte d'eau du vase trop plein. Ses nerfs lâchèrent d'un seul coup. Secouée de sanglots convulsifs, elle s'abattit au pied du lit en poussant des cris inarticulés.
    Tout son corps tremblait et se tordait, raidi par instants en une sorte de crampe douloureuse. Sara s'était précipitée sur elle et tentait de la relever, mais en vain. Elle avait agrippé l'une des colonnes du lit et s'y cramponnait de toutes ses forces.
    On l'entendit gémir :
    La Trémoille !... La Trémoille !... Je ne veux plus... entendre ce nom-là !... Je ne veux plus... Jamais... Plus jamais ! Plus jamais La Trémoille ! Il va nous dévorer tous... Arrêtez-le ! Mais arrêtez-le donc ! Vous ne voyez pas comme il ricane dans l'ombré... Arrêtez !
    Posant vivement la besace qu'il avait reprise, le médecin était venu s'agenouiller auprès de la jeune femme. Il avait pris sa tête entre ses mains et la massait doucement en murmurant, en langue hébraïque, des paroles d'apaisement ou d'exorcisme. A cet instant, Catherine paraissait se débattre avec un démon intérieur, mais, peu à peu, sous les mains souples de Rabbi Moshe, elle se calmait. Son corps se détendit, des flots de larmes jaillirent de ses yeux et, insensiblement, sa respiration s'apaisa.
    — Ceci est trop pour elle ! fit la voix calme de maître Jacques, elle a déjà tant souffert du fait de cet homme.
    — Elle n'est pas la seule, malheureusement, dit Xaintrailles sombrement. Dans tout le royaume on souffre et on pleure parce que La Trémoille existe...
    Un sourire amer se figea sur le visage du pelletier tandis que sa voix se chargeait d'un peu de dédain.
    — Et les capitaines, les hommes d'armes tolèrent cela ? Combien de temps encore, Messire, vous et vos pareils laisseront-ils le champ libre à ce misérable ?
    — Pas plus qu'il ne faudra, maître Jacques, soyez-en bien certain ! répondit rudement le capitaine. Le temps de réunir assez de chasseurs pour forcer le sanglier dans sa bauge. Pour l'heure, les chasseurs sont dispersés, il leur faut revenir des quatre horizons.
    Le malaise de Catherine avait pris fin. Appuyée au bras de Sara, elle se relevait, un peu honteuse de s'être ainsi laissée aller. Mahaut voulut l'envoyer au lit, mais elle refusa.
    — Je vais mieux maintenant. Je vais demeurer auprès de lui. Cette nuit, je ne pourrai pas dormir, je le sens. S'il allait...
    Elle n'osa pas formuler complètement sa crainte de ne pas être là si Arnaud s'éteignait dans la nuit, mais Xaintrailles, lui, avait compris.
    — Je veillerai avec vous, Catherine. La mort n'osera pas l'arracher d'entre nous deux.
    Toute la nuit, Catherine, Sara et Xaintrailles se relayèrent au chevet d'Arnaud, écoutant son souffle, épiant le moindre signe d'affaiblissement. Deux ou trois fois, la respiration du blessé s'arrêta et, aussitôt, le cœur de Catherine manqua un battement. Malgré sa fatigue, elle passa des heures à genoux,

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