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Belle Catherine

Belle Catherine

Titel: Belle Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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les épaules, refusant de voir les larmes qui roulaient sur ses joues.
    — Je vous défends de désespérer, vous m'entendez, Catherine ! À nous deux, nous le sauverons ou bien je me fais moine ! Séchez vos larmes, allez dormir, vous ne tenez plus debout ! D'autres vous relayeront. Moi, je vais rentrer chez moi, mais je reviendrai ce soir... Eh, vous, là !
    L'apostrophe finale s'adressait à Sara qui était allée jusqu'à la cuisine et apparaissait sur le seuil avec un pot de lait. Le ton cavalier du gentilhomme lui fit froncer les sourcils.
    — Je m'appelle Sara, Messire !
    — Sara, si vous voulez ! Tâchez de vous occuper de votre maîtresse ! Couchez-la, de force s'il le faut !
    Et puis allez me chercher ce grand diable qui a l'air d'une tour de siège et mettez-le de faction auprès du capitaine de Montsalvy.
    Sur ces énergiques paroles, Xaintrailles embrassa Catherine et disparut en faisant de son mieux pour réprimer ses habituelles façons tempétueuses. Mais il ne put s'empêcher de faire claquer la porte. Sara haussa les épaules, tendit à Catherine la tasse de lait et bougonna :
    — Qu'est-ce qu'il s'imagine, celui-là ? Je n'ai jamais eu besoin de lui pour savoir comment je devais te soigner ! Mais, pour le reste, il a raison. Messire de Montsalvy ne peut avoir de meilleur gardien que Gauthier. Je le crois capable d'arrêter un escadron à lui tout seul.
    — Tu crois que nous pourrions craindre quelque chose, ici ?
    — On peut toujours craindre ! Tu penses bien que La Trémoille cherchera à retrouver son prisonnier et à tirer vengeance des dégâts faits à son château. Le seigneur Xaintrailles manque un peu de discrétion et n'y entend pas grand-chose en matière de déguisement. Malgré ses haillons et sa barbe, il sent le chef de guerre à plein nez et je me demande même comment les soldats de l'enceinte s'y sont trompés. Ils devaient être ivres, ou myopes !
    Sous les pieds de Catherine, la maison s'éveillait. Des pas faisaient grincer les escaliers et, de la cuisine, on entendait remuer les chaudrons. La porte d'entrée s'ouvrit et retomba. Quelqu'un sortait. Macée sans doute qui s'en allait à la messe.
    Dans son lit, Arnaud semblait dormir ! Catherine accepta enfin d'aller en faire autant.
    Pendant cinq jours et cinq nuits, Catherine ne quitta pas la chambre d'Arnaud. Elle avait fait jeter un matelas dans un coin et dormait là, deux ou trois heures, quand, vraiment, son corps lui refusait tout service. Sara demeurait près d'elle continuellement et chaque soir, à la nuit tombée, Xaintrailles revenait, aussi discrètement qu'il pouvait, pour que l'on ne s'étonnât pas de ses visites assidues au pelletier. Quant à Gauthier, s'il passait ses nuits couché en travers de la porte, il n'entrait dans la chambre que lorsqu'on le demandait. Encore ne semblait-il y entrer qu'à regret et ne s'attardait-il jamais.
    Il se précipitait pour exécuter le moindre des ordres de Catherine, mais jamais plus il ne souriait et l'on n'entendait presque jamais sa voix. Ce fut Sara qui établit le diagnostic de cet étrange comportement.
    — Il est jaloux ! dit-elle.
    Jaloux ? C'était bien possible ! Catherine, un instant, en éprouva quelque contrariété, mais, durant ces jours chargés d'angoisse, elle ne pouvait s'intéresser longtemps à quelqu'un d'autre qu'Arnaud et ne releva même pas le propos. Elle et Xaintrailles livraient contre la mort un combat sans merci, avec l'aide de Sara et de la vieille Mahaut. Les Cœur, avec un tact infini, ne se montraient que deux fois le jour pour prendre des nouvelles. Autour du drame qui se jouait dans la chambre du second, la maison poursuivait sa vie habituelle, tout unie et sans reliefs car il s'agissait avant tout de ne pas attirer l'attention. Pour plus de sûreté, Jacques Cœur avait même fait partir le poète Alain Chartier pour l'une de ses fermes. Il s'était mis à courtiser une petite servante et cela pouvait être dangereux.
    La fièvre ne lâchait pas prise, secouant le corps émacié d'Arnaud qui passait tour à tour d'un délire presque frénétique à une torpeur totale, d'une épuisante lutte contre d'invisibles ennemis à une tragique immobilité où sa respiration même devenait difficilement perceptible. Il demeurait alors étendu sur son lit, les narines pincées. Dans ces moments-là, Catherine, le cœur serré, croyait la dernière heure venue et regrettait les fureurs du délire. Elle l'entourait de soins incessants,

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