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Ben-Hur

Ben-Hur

Titel: Ben-Hur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lewis Wallace
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Parfois aussi, je m’adresse à ceux que je sais être bons et braves, comme Ilderim le généreux.
    Il jeta au cheik un regard reconnaissant et ajouta   :
    – Demande-lui si je me suis jamais montré ingrat, ou si j’ai oublié un service rendu.
    – Il t’avait donc parlé de moi   ? dit Ben-Hur en se tournant vers l’Arabe.
    Le cheik fit un signe affirmatif, tandis que Simonide reprenait   :
    – Comment, maître, pourrions-nous savoir ce que vaut un homme avant de l’avoir mis à l’épreuve   ? Je t’avais reconnu, car en toi je revoyais ton père, mais j’ignorais quelle sorte d’homme tu étais. Il en est pour lesquels la fortune n’est qu’une malédiction déguisée. Étais-tu un de ceux-là   ? J’envoyai Malluch afin qu’il s’en assurât à ma place, et je le chargeai de me servir d’yeux et d’oreilles. Ne le blâme pas   ; il ne m’a rapporté de toi que du bien.
    – Pourquoi le blâmerais-je   ? dit Ben-Hur avec cordialité. En vérité, tu as agi avec sagesse.
    – Tes paroles sont agréables à entendre, dit le marchand, je ne crains plus que tu me méconnaisses. Maintenant, que les rivières coulent sans crainte dans la direction que Dieu leur assignera. Le tisserand, assis devant son ensuble, fait voler sa navette çà et là et voit grandir sa toile, et tout en travaillant il rêve   ; c’est ainsi que la fortune augmentait entre mes mains   ; souvent je m’en étonnais et je cherchais la raison de ce merveilleux accroissement de richesse. Je voyais que quelqu’un d’autre que moi veillait au succès de mes entreprises. Le simoun, qui ensevelit tant de caravanes au désert, passait au-dessus des miennes. Les tempêtes qui amassent les épaves sur les rivages de la mer, ne servaient qu’à pousser mes navires plus vite vers le port. Chose plus étrange encore, moi qui dépends si complètement des autres, je n’ai jamais été trompé par un de mes agents, non, jamais. Les éléments condescendaient à me servir, et tous mes serviteurs se sont trouvés fidèles.
    – C’est étrange, dit Ben-Hur.
    – Je le pensais aussi, et finalement, mon maître, j’en suis arrivé à partager ton opinion   ; j’ai vu, dans tout cela, un dessein de Dieu, et comme toi, je me demandai dans quel but toute cette fortune m’était donnée. Rien, dans ce monde, n’est livré au hasard et Dieu n’agit point en vain. J’ai porté cette question dans mon cœur durant bien des années, attendant une réponse. J’étais certain que si la main de Dieu était là, il me ferait comprendre sa volonté au jour voulu et de la manière qui lui semblerait bonne, et qu’alors je la discernerais aussi clairement que l’on distingue une maison blanche, bâtie au sommet d’une colline. Et voici, je crois que ce jour est venu. Il y a bien des années que j’étais assis avec les miens, ta mère était près de moi, Esther, belle comme le soleil lorsqu’il s’éveille sur le mont des Oliviers   ; j’étais assis près des tombeaux des rois, au bord de la route qui conduit à Jérusalem, du côté du septentrion, quand trois hommes vinrent à passer, montés sur de grands chameaux blancs, tels qu’on n’en avait jamais vus. Ces hommes étaient des étrangers, arrivant de contrées lointaines. Celui qui marchait le premier s’arrêta et me dit   : « Où est le roi des Juifs qui est né   ? » et, comme pour rendre mon étonnement plus profond, il ajouta   : « Nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer. » Je ne les compris pas, mais je les suivis jusqu’à la porte de Damas   : ils posaient la même question à tous ceux qu’ils rencontraient, et tous s’en étonnaient. J’oubliai cette circonstance dont on parlait comme du présage de la venue du Messie. Quels enfants nous sommes, même les plus sages   ! Quand Dieu se promène sur la terre, il arrive parfois que ses pas sont séparés par des intervalles de plusieurs siècles. Tu as vu Balthasar   ?
    – Et je lui ai entendu raconter son histoire, dit Ben-Hur.
    – C’est un miracle   ! un vrai miracle   ! Lorsqu’il me la raconta, mon maître, je crus ouïr la réponse que j’attendais depuis si longtemps, et le plan de Dieu devint tout à coup clair à mes yeux. Quand le roi paraîtra, il sera pauvre, sans amis, sans suite, sans armées, sans villes, sans forteresses. Il faudra qu’il fonde son royaume et Rome devra être détruite et balayée de la surface de la terre.

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