Ben-Hur
sa lutte avec Messala.
CHAPITRE XXX
Vers trois heures, style moderne, le programme était exécuté, à l’exception des courses de char, qui devaient commencer après un entracte, dont la plupart des spectateurs profitèrent pour aller apaiser leur faim dans les nombreuses échoppes installées autour du cirque. Ceux qui préféraient rester à leur place bâillaient, causaient, consultaient leurs tablettes ; ils se divisaient en deux classes, celle des gagnants et celle des mécontents, c’est-à-dire des perdants.
Toutes les personnes qui n’avaient pas voulu assister à la première partie des joutes profitaient de l’entracte pour venir prendre possession de leurs places réservées. Simonide et sa société étaient de ce nombre. Lorsque les quatre robustes domestiques portant le fauteuil du marchand parurent sur l’estrade faisant face à celle que le consul occupait, l’attention générale se porta de son côté. Quelqu’un cria son nom, deux ou trois personnes le répétèrent, enfin il passa de bouche en bouche et l’on escaladait les bancs pour voir l’homme au sujet duquel circulait une sorte de légende, où le bien et le mal étaient mêlés. Ilderim aussi fut bien vite reconnu et l’on s’empressait de le saluer, mais personne ne savait qui était Balthasar et les deux femmes voilées qui l’accompagnaient.
Chacun se rangeait respectueusement pour leur faire place ; ils s’assirent tous au premier rang, sur des sièges garnis de coussins et posèrent leurs pieds sur des tabourets placés devant eux.
Les deux femmes étaient Esther et Iras, la fille de Balthasar. Lorsque la première se fut assise, elle jeta un regard craintif tout autour du cirque, et serra son voile plus étroitement autour d’elle, tandis que l’Égyptienne relevait le sien et regardait l’assemblée d’un air de profonde indifférence. Quelques employés du cirque s’avançaient et tendaient une corde blanchie à la craie d’un balcon à l’autre. Ils fermaient ainsi l’arène à la hauteur des trois colonnes d’où devait s’effectuer le départ des chariots.
Au même moment six hommes venaient se placer devant les stalles où s’étaient retirés les quadriges, prêts à entrer en scène. Le murmure des voix devint plus bruyant sur les tribunes.
– Voyez, voyez ! L’homme à la tunique verte se place devant la quatrième porte à droite, c’est là qu’est l’Athénien !
– Et Messala a le numéro deux.
– Ah ! regardez l’homme en blanc, il se dirige vers la première stalle de gauche, le voilà qui s’arrête !
– Non, c’est le noir qui s’arrête là, le blanc a la seconde stalle à gauche.
Chacun tenait à s’assurer de la stalle occupée par celui des concurrents auquel il s’intéressait.
– As-tu jamais vu Messala ? demanda l’Égyptienne à Esther.
– Non, répondit celle-ci en frissonnant ; elle se rappelait que cet homme, s’il n’était pas l’ennemi de son père, était celui de Ben-Hur.
– Il est beau comme Apollon ! continua Iras, dont les yeux brillaient comme les pierres précieuses qui ornaient son éventail.
« Est-il plus beau que Ben-Hur ? » se disait Esther, qui entendait en même temps Ilderim crier à son père : « Oui, il est là, dans la seconde stalle. » Elle comprit de quoi il s’agissait et ses yeux se dirigèrent de ce côté, puis elle baissa la tête sous son voile, et se mit à prier. À ce moment Samballat les rejoignit.
– Je viens de voir tes chevaux, ô cheik, dit-il à Ilderim, ils sont dans les meilleures dispositions.
– S’ils sont battus, je ne demande qu’une chose, c’est qu’ils le soient par quelqu’un d’autre que par Messala, répliqua simplement le vieillard.
– Ne veux-tu pas t’asseoir près de nous ? dit Simonide en s’adressant à Samballat.
– Je te remercie, mais ma place est auprès du consul. Que la paix soit avec vous tous !
L’entr’acte était terminé. Une trompette rappelait à leurs places ceux qui avaient quitté le cirque. Quelques servants parurent dans l’arène ; ils escaladèrent le mur, puis ils placèrent sur un entablement faisant face au second piédestal, sept boules en bois, et sur celui qui se trouvait à l’autre extrémité du mur, sept autres morceaux de bois, représentant des dauphins.
– Que signifient ces boules et ces poissons, ô cheik ? demanda Balthasar.
– N’as-tu donc jamais assisté à une
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