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Berlin 36

Berlin 36

Titel: Berlin 36 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alexandre Najjar
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projeté dans une vingtaine de salles de télévision publiques, quelques minutes seulement après le tournage…
    — Je ne suis en compétition avec personne, répliqua Leni en haussant les épaules. Si le Comité de surveillance olympique, les arbitres ou Goebbels m’enquiquinent, j’irai voir directement le Führer. Ils sauront alors de quel bois je me chauffe !
    Zielke hocha la tête. Il admirait cette femme. Sans être particulièrement belle, elle dégageait une force envoûtante. Sa détermination était capable de déplacer des montagnes. C’était comme si la difficulté, au lieu de la décourager, la stimulait ; comme si l’impossible, loin de la faire renoncer, l’excitait au plus haut point. Au fond, son engouement pour les Jeux était compréhensible : elle avait toujours eu le culte du beau et du corps humain. Les hommes la fascinaient : elle avait pris pour amant ce jeune athlète grec, Anatol, et les mauvaises langues lui prêtaient des aventures avec bon nombre de sportifs et de collaborateurs comme Guzzi Lantschner, Fanck, Trenker, Sokal, Schneeberger, Allgeier, Ertl, Prager, sans compter le Führer lui-même ! « Une femme émancipée, pensa Zielke en haussant les épaules. Emancipée et tenace ! »

28
    Où l’on voit Göring accueillir Charles Lindbergh
    L’homme descendit de l’avion et se dirigea vers le comité d’accueil aligné sur le tarmac. Il était grand, mince, et avait les cheveux blonds coupés en brosse. Vêtu d’un extravagant uniforme bleu et pourpre, le général Göring s’avança vers lui, les bras en avant.
    — Bienvenue, monsieur Lindbergh ! s’exclama-t-il d’une voix tonitruante.
    — Très heureux de vous rencontrer, répondit l’aviateur en souriant. Je vous remercie de votre invitation à la cérémonie d’ouverture des Jeux.
    — Il n’y a pas que les Jeux, mon cher ami, l’informa le « gros Hermann » en lissant de la main ses cheveux gominés que le vent avait redressés. J’ai des choses encore plus importantes à vous montrer !
    Sans tarder, il emmena Charles Lindbergh au ministère de l’Air. Après une brève collation, il lui montra une vaste carte murale de l’Allemagne.
    — Que représentent les points rouges ? demanda Lindbergh en croisant les bras.
    — Les emplacements des nouveaux aérodromes que nous construisons.
    — Combien y en a-t-il ?
    — Soixante-dix !
    Lindbergh émit un sifflement d’étonnement.
    — Pourquoi un si grand nombre ?
    — Pour accueillir tous les avions que nous construisons.
    Une meute de journalistes fit alors son entrée et assiégea Charles Lindbergh. On le questionna sur tout : son exploit, ses premières impressions, ses projets… Debout au fond de la salle, Claire Lagarde fut tentée de l’interroger sur l’enlèvement de son fils. Le 1 er  mars 1932, Charles junior, âgé de vingt mois, avait été kidnappé à Hopewell, dans le New Jersey. Dans son berceau, on avait retrouvé un billet signé « B.H. » qui exigeait une rançon de cinquante mille dollars. Bien que le père eût versé la somme à l’insu de la police, le bébé avait été retrouvé mort dans les bois, à quelques kilomètres de sa maison. Deux ans et demi après le crime, un immigrant allemand nommé Richard Hauptmann avait été arrêté à New York. Le criminel, chez qui était cachée une partie de la rançon, avait été jugé, condamné et exécuté… Mais, par pudeur, la Française se ravisa.
     
    L’après-midi, Göring, Lindbergh et les journalistes se rendirent à l’aéroport de Tempelhof. Le général guida son invité par le coude et le conduisit sur la piste où trônait un magnifique aéroplane équipé de quatre hélices. Orné du sigle Lufthansa, il affichait un svastika sur chaque panneau de son gouvernail.
    — Je vous présente le Feld-Marschall von Hindenburg , notre dernière création, dit le ministre avec fierté.
    — Impressionnant, commenta Lindbergh en caressant le fuselage de l’engin.
    — La Luftwaffe est en perpétuelle innovation, ajouta Göring. Je compte construire plus de 1 500 avions en deux ans.
    — Je vous félicite. Un aviateur comme moi ne peut qu’être favorablement impressionné par un tel travail. Mais je crains que l’avion ne soit devenu un instrument de destruction terrible. A moins que les dirigeants ne prennent conscience de leurs lourdes responsabilités, le monde sera condamné à des dégâts irréparables…
    Göring toussota,

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