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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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supplication de l’infortunée.
    – Ainsi, dit-il, vous refusez ce mariage entre César et Béatrix ?…
    La comtesse releva la tête, surprise :
    – Je ne le refuse pas… il est impossible… Béatrix a contre vous tous une haine qu’elle a héritée des Sforce…
    – Que la volonté du Seigneur s’accomplisse !
    – Saint-Père, j’attends votre décision. Quelle réponse vais-je porter à Monteforte ?
    – Hélas ! ma fille… Je ne puis rien sur César. Depuis longtemps il a échappé à mon influence. Ses guerres, il les a faites contre mon gré. Je crois que nulle puissance au monde ne l’empêchera de marcher sur Monteforte…
    La comtesse se releva lentement. Elle jeta un dernier regard désespéré sur le pape.
    – Adieu, Rodrigue ! dit-elle.
    – Dieu vous protège, ma fille ! répondit le pape.
    Honorata, comtesse Alma, sortit d’un pas chancelant. À peine se fut-elle éloignée, que le pape se redressa.
    –  Per bacco ! murmura-t-il. Quel spectre ! Voilà une visite à laquelle je ne m’attendais guère…
    Le vieillard eut un sourire aigu. Alors, il poussa une portière et pénétra dans une pièce voisine. Là, dans la pénombre, un homme était assis.
    C’était César Borgia, César lui-même, que le pape avait amené avec lui au moment où on lui avait remis le crucifix d’or de la comtesse Alma.
    – Eh bien, tu as entendu ? demanda le vieux Borgia.
    – Tout !… Par l’enfer… je raserai Monteforte.
    – À moins que la guerrière Béatrix…
    – Primevère ! fit César en pâlissant.
    – Tu as entendu quels bons sentiments elle a pour toi !
    – Je l’en ferai changer ! dit César d’une voix sombre.
    – En attendant, après la déconvenue qu’elle est venue chercher ici, nous voici avec une ennemie de plus… Cette comtesse Alma… sur laquelle, au fond, je comptais un peu pour aplanir les difficultés et préparer ton mariage, maintenant, loin de nous être une alliée, elle va se tourner contre nous…
    – Si elle arrive à Monteforte… Quant à sa fille, elle ne la verra peut-être pas tout de suite.
    – Que veux-tu dire ?
    – Qu’on a vu Béatrix aux environs de Rome.
    – Aux environs de Rome ?… s’écria le pape avec un frémissement. Ah ! ces Sforce sont de terribles jouteurs… Va, César, mon fils… Je vais prier. Fasse le ciel que la mère et la fille ne se rejoignent plus !…
    – Je m’en charge ! grommela César.
    Il allait s’élancer. Le pape le retint d’un geste.
    – À propos, dit-il, la comtesse a oublié ici un petit bijou… Tiens… ce crucifix d’or… Je crois que tu pourrais la rejoindre et lui rendre cet emblème sacré auquel, si je ne me trompe, elle doit tenir fort…
    César regarda son père attentivement.
    – Au surplus, reprit le pape, si ce n’est là son crucifix, c’en est un qui lui ressemble exactement. Il n’y a qu’une toute petite différence… Tiens, regarde, César… Le Christ n’a pas d’épines, sur le crucifix de la comtesse… tandis que, sur celui-ci, la tête est couronnée de piquants… Vois… Et voici une épine qui est bien pointue, per bacco… elle doit bien piquer…
    César arracha le crucifix d’or des mains du pape et s’élança au-dehors.
    La comtesse Alma, s’éloignant rapidement, avait rejoint la chaise de poste qui l’attendait sous le bouquet de chênes, non loin de la porte Florentine. La voiture s’ébranla.
    Elle n’avait pas fait cinq cents pas qu’un cavalier accourut à fond de train, la rejoignit et fit signe au postillon de s’arrêter. Celui-ci obéit.
    Le cavalier se pencha à la portière et salua gravement. La comtesse releva la tête et reconnut cet homme.
    – César Borgia ! murmura-t-elle en pâlissant.
    – Moi-même, madame… Bien que nos deux maisons soient ennemies, j’ai tenu à vous présenter l’hommage de mon respect… Lorsque mon vénéré père a voulu envoyer un serviteur pour vous remettre un objet oublié par vous, je n’ai pas voulu que ce serviteur fût un autre que moi !…
    – Un objet oublié ? interrogea la comtesse.
    – Ce crucifix… Mon père m’a affirmé que vous regretteriez sans doute sa perte… J’ai voulu vous éviter ce léger chagrin.
    La comtesse eut un sourire de tristesse.
    – Je vous remercie, monsieur, fit-elle en rougissant.
    Elle tendit la main pour recevoir le crucifix d’or que César lui présentait. Au même instant, elle poussa un léger cri.
    Une aspérité

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