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Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1986-1997 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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troisième, un jeune chômeur qui essaie de fonder sa propre entreprise, interroge Mitterrand sur les étudiants et la citoyenneté européenne. Le Président répond en le renvoyant aux programmes Érasmus et Comète.
    Une femme, franco-allemande, le questionne sur l’éducation et les lycées européens.
    Puis, questions sur l’harmonisation de la fiscalité européenne, lamonnaie unique, les protections élevées par l’Europe face à l’invasion des produits japonais.
    Un agriculteur évoque le désespoir du monde rural. Il cite Mitterrand qui, en 1981, avait baptisé Giscard « président du chômage » parce que la France comptait alors plus d’un million de chômeurs. « Aujourd’hui, la France en compte 3 millions. Où en êtes-vous ? »
    Réponse maussade de Mitterrand sur les slogans et les phrases de campagne qui ne permettent pas, en effet, de répondre aux réalités.
    Un cadre commercial proche de l’UDF lui demande ce qu’il fera si le « non » l’emporte : « Si c’était le “non”, je prendrai les responsabilités qui m’incombent. » Il ne dit pas qu’il restera en tout état de cause, mais ne dit pas non plus le contraire.
    Sur l’existence de la Banque centrale, il n’est pas pessimiste, dit-il, parce que les peuples – ce qui est très contestable – se feront entendre.
    Finalement, ces quatorze Français ne sont pas, dans leur ensemble, très enthousiastes à propos de l’Europe. Je ne suis pas sûre que Mitterrand soit très satisfait de la manière dont les choses se sont passées.
     
    Troisième séquence : une sorte de « Club de la presse » avec Gérard Carreyrou, Serge July, Jean d’Ormesson. Questions de bon sens, réponses classiques : « Lorsqu’il y a une menace pour l’Europe, la réponse ne peut être qu’européenne. » « Les conflits s’annoncent à côté de nous : la Yougoslavie, par exemple. On ne pourra les enrayer que par des mesures européennes. »
    « Partirez-vous si c’est un “non” ? » lui demande-t-on encore une fois.
    Réponse imprécise : « Je passerai cette bourrasque avec un comportement utile à la France. »
    Jack Lang est à côté de moi quand Mitterrand prononce cette phrase, et me dit : « Mitterrand n’a pas changé d’idée sur ce point. Simplement, la proximité du scrutin aidant, il préfère se donner le temps d’examiner les conséquences éventuelles d’un “non”. »
     
    Quatrième séquence, enfin : le débat avec Philippe Séguin.
    Celui-ci attend longtemps, en scène, que Mitterrand, sorti du plateau après son entretien avec les journalistes, revienne. Guillaume Durand meuble le vide en posant des questions à Philippe Séguin sans que le public, dans l’hémicycle, prenne conscience de ce retard imprévu de l’acteur principal.
    Mitterrand finit par reparaître. Séguin pose une première question sur la technocratie européenne, puis une deuxième sur la monnaie unique. Mais peu importent les questions : j’ai l’impression d’assister à l’intronisation médiatique d’un leader politique. Séguin est calme, puissant, beaucoup plus maître de lui que ne le laissent entendre ses adversaires. Il parle sans hausser le ton, digne, sans chercher la polémique. Peut-être est-il un ton en dessous de ce qu’attendaient les partisans du « non » ? Il a voulu, me semble-t-il, ne pas porter atteinte à la fonction présidentielle. Je pense que ses amis lui en tiendront rigueur.
    4 septembre
    La pause de Mitterrand avant son duel avec Philippe Séguin ? Son médecin, Claude Gubler, a demandé, au moment de l’interruption, quatre minutes à Étienne Mougeotte qui se trouvait en coulisses. Sans doute pour lui administrer un dopant ou quelque chose comme cela. C’est trop, lui a dit Étienne qui ne pouvait interrompre l’émission que deux minutes. Mitterrand est resté néanmoins absent du plateau beaucoup plus longtemps.
    Succès audimat de l’émission qui a pourtant duré très longtemps : 50 % des Français ont regardé les débats.
    4 septembre (suite)
    Les temps ont changé pour les communistes : c’est la fin d’une époque. Georges Marchais arrive seul pour son passage au 20 heures. René Piquet se joint à nous quelques minutes plus tard. Le secrétaire général du Parti communiste n’a pas grand-chose à dire, sinon qu’il passe sur TF1 pour la première fois depuis le début de l’année. À l’antenne, il annonce que la fête de L’Huma ,

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