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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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tournant vers son compagnon qui, stupide, regardait Catherine avec une sorte d'effroi :
    — Tu te souviens des ordres de Monseigneur ? Tu devais répondre de la vie de cette femme sur la tienne.
    L'homme devint gris et leva sur Tristan des yeux qui s'affolaient.
    — Oui, messire. Je... je me souviens.
    Heureusement pour toi que je suis arrivé. Emporte cette charogne et arrange-toi pour t'en débarrasser discrètement. Ainsi, comme il n'y a que toi, moi... et elle à être au courant, personne ne saura rien. Tu n'as pas de mal, femme ?
    Catherine fit signe que non. Aycelin s'était baissé et, à grand-peine malgré sa force, soulevait le corps inerte de l'assassin qu'il chargeait sur son épaule.
    — Je vais le jeter dans l'oubliette, dit-il. C'est tout près.
    — Dépêche-toi... Je t'attends
    Il sortit avec son fardeau, jetant au Flamand un regard plein de reconnaissance, et ne prit pas la peine de refermer la porte. Aussitôt qu'il eut disparu Tristan se pencha vers Catherine.
    — Vite, nous n'avons pas beaucoup de temps. Je venais parler avec Sara comme je le fais presque chaque soir par le soupirail quand j'ai vu cet homme, l'un des valets de la dame de La Trémoille, qui se glissait dans la prison. J'ai senti, d'instinct, ce qui allait se passer. Je l'ai suivi. Cette livrée est un sauf-conduit... Et puis, je vous ai entendue crier et j'ai couru...
    — Venez-vous me chercher ?
    Il hocha la tête tristement, navré de voir que des larmes emplissaient les grands yeux de la jeune femme.
    — Pas encore. Je ne peux pas. D'ici une heure, le Grand Chambellan va descendre jusqu'ici pour vous voir.
    — Comment le savez-vous ?
    — Je l'ai entendu ordonner à l'une des muettes de mettre dans un sac, après minuit, un poulet et un flacon de vin. Apparemment, il garde encore des ménagements avec vous. Il faut savoir ce qu'il vous veut. Je ne pense pas qu'il ait des intentions charnelles dans un pareil trou. Et puis, il est malade... certainement incapable du moindre exploit.
    — De toute façon, je ne le laisserai pas faire. Ma dague a frappé une fois, elle peut frapper encore.
    — Ne brusquez rien. Il ne faut pas vous laisser emporter comme vous l'avez fait tout à l'heure dans la salle des tortures, vous pourriez perdre tout le monde.
    Maintenant je m'en vais. Messire de Brézé m'attend dans le verger.
    Il se relevait prêt à partir. Catherine le retint par le bras.
    — Quand vous reverrai-je ?
    — La nuit prochaine peut-être... Avant, si c'est nécessaire. N'ayez pas trop peur. Nous veillons et je crois bien que, pour vous, Brézé est prêt à égorger La Trémoille aux pieds mêmes du Roi. Courage !
    Aycelin, d'ailleurs, revenait. Tristan l'attendait près de la porte, le dos tourné à Catherine qui, soudain, sursauta.
    — Messire ? Tout ce sang qui me couvre... Comment expliquer ?
    — Tu diras ce qui s'est passé et aussi qu'Aycelin t'a sauvée et a tué l'assassin. Il y gagnera de l'avancement et toi tu n'as rien à perdre à ce mensonge.
    Le tourmenteur eut un large sourire.
    — Vous êtes bien bon, messire. Si je peux quelque chose pour vous...
    — On verra ça plus tard. Referme cette porte et fais bonne garde.
    Sans un regard à Catherine, Tristan sortit du cachot. La lourde porte se referma. L'obscurité envahit de nouveau la prison, mais les nerfs de la jeune femme avaient été trop rudement secoués. Elle éclata en sanglots. Cela lui fit du bien. Elle pleura longtemps, violemment, et sortit de là épuisée mais apaisée... Dans le cachot voisin, on n'entendait aucun bruit. Sara devait avoir eu aussi peur qu'elle-même, mais Tristan sans doute l'avait rassurée... Catherine s'efforça de retrouver son calme. Il le fallait, elle en avait le plus grand besoin pour affronter La Trémoille tout à l'heure... bientôt sans doute.
    Comme pour lui donner raison, un peu de lumière brilla sous la porte.
    Des pas qui ne songeaient pas à se dissimuler résonnèrent dans le couloir. Les verrous claquèrent dans leurs gâches, la porte s'ouvrit, immédiatement obstruée par l'énorme silhouette du Grand Chambellan. Aycelin venait derrière, tenant une lanterne qu'il élevait.
    Le profil barbu de La Trémoille s'étira jusqu'à la voûte du cachot.
    Mais le gros homme s'arrêta court devant le visage défait de Catherine et les traces de sang.
    — Qu'y a-t-il ? Es-tu blessée ? Que s'est-il passé ? J'avais pourtant ordonné...
    Aycelin, déjà épouvanté, rentrait autant qu'il pouvait sa tête

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