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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Arrêtez ! Quoi que vous en pensiez, c'est à moi qu'elle appartient.
    Derrière elle, Catherine sentit le trépied sur lequel était posée la veilleuse... En face, elle voyait se rapprocher le visage grimaçant de la dame de La Trémoille qui avançait, la dague haute. Sa main glissa derrière elle, saisit la lampe à huile. Puis, de toute sa force, elle la lança au visage de son ennemie.
    Un hurlement d'agonie lui répondit. L'autre recula, les mains à son visage que l'huile enflammée brûlait. Dans sa chevelure une langue de feu courait, une autre dévorait sa chemise transparente. La femme hurlait de souffrance... Catherine, le regard dilaté, vit Gaucourt arracher une couverture du lit, la jeter sur les flammes, rouler la.
    comtesse dans le tissu. Lentement, elle se baissa, ramassa la dague que l'autre avait laissé échapper. Ses jambes tremblaient maintenant que tout était fini. Il fallut que Pierre de Brézé l'aidât à se relever ; sinon, elle serait tombée à genoux. Sous la couverture, les cris étaient devenus des plaintes... La blessée geignait comme une bête malade.
    Catherine leva sur Gaucourt un regard vide.

    — Je vous la laisse maintenant. Qu'allez-vous en faire ?
    Il se baissa, chargea le paquet gémissant sur son épaule, puis regarda Catherine bien en face.
    — C'est à vous d'en décider. Vous aviez raison, ce droit vous appartient. Brézé m'a dit... Je voulais l'envoyer rejoindre son mari, mais je la jetterai aux oubliettes si tel est votre désir. C'est tout ce qu'elle mérite.
    La femme secoua la tête, soudain vidée de ses forces.
    — Non. Laissez-la vivre... laissez-les vivre tels qu'ils sont maintenant puisque Dieu a jugé et n'a pas voulu qu'ils meurent par nous. Qu'ils vivent ensemble, l'un en face de l'autre, avec la lèpre de leurs âmes et l'horreur de ce qu'ils sont devenus. Elle est défigurée...
    lui impotent à force de graisse, couvert de blessures dont peut-être il ne guérira pas... Laissez-les bâtir eux-mêmes leur enfer. Que le monde les oublie. Moi, je suis vengée.
    Ses nerfs, trop tendus, lâchaient maintenant. Elle s'agrippa au bras de Brézé, s'y cramponna et supplia :
    — Emmenez-moi, Pierre. Emmenez-moi d'ici...
    — Voulez-vous rejoindre les autres à Montrésor ? demanda-t-il doucement.
    Elle fit signe que non.
    — Je ne veux plus les revoir. Achevez sans moi votre tâche, la mienne est faite... Je rentre à l'auberge...
    Mais, au moment de quitter la chambre dévastée, elle aperçut, brillant d'un éclat sinistre sur la pile de joyaux, le diamant noir de Garin. Elle tendit la main, le saisit... La pierre maléfique se logea au creux de sa paume comme un animal familier.
    — Il est à moi, murmura-t-elle. je reprends mon bien.
    Le bras de Brézé entoura ses épaules frissonnantes, les serra doucement.
    —
    On dit que ce joyau merveilleux est maudit et porte malheur.
    Vous n'en avez que faire, Catherine.
    Elle considéra un instant la pierre funeste qui habillait sa main d'éclats nocturnes.
    —
    C'est vrai, dit-elle gravement. Cette pierre sème la mort et le malheur. Mais celle à qui je l'offrirai a le pouvoir de chasser le malheur et de faire reculer la mort.
    Soutenue par le jeune homme, Catherine quitta enfin le donjon du Coudray. Une fois dans la cour, elle s'arrêta, leva les yeux vers le ciel. Les étoiles s'étaient éteintes. Il n'en restait plus qu'une, extraordinairement brillante, et, du côté de l'Orient, une mince bande plus claire se dessinait à l'horizon. La fraîcheur de l'aube se faisait sentir ; Pierre, avec une tendre sollicitude, enveloppa Catherine d'un manteau.
    — Venez, implora-t-il. Vous allez prendre froid.
    Mais elle ne bougea pas, le retint au contraire sans quitter des yeux le firmament.
    —
    Le jour va naître, murmura-t-elle... un jour nouveau. Tout est fini pour moi, la page est tournée.
    —
    Tout peut recommencer, Catherine, murmura-t-il ardemment.
    Ce jour peut être le premier d'une vie nouvelle, pleine de joie et de soleil ; si seulement vous le voulez. Catherine, dites-moi...
    Doucement mais fermement, elle lui ferma la bouche de sa main, sourit tristement au beau visage anxieux qui se penchait vers elle.
    —
    Non, Pierre. Ne dites plus rien... je suis lasse, lasse à mourir.
    Ramenez-moi seulement, sans rien dire.
    A petits pas, serrés l'un contre l'autre comme deux amoureux, ils redescendirent vers la ville endormie.
    Franchie la haute porte à doubles battants armés de fer, Catherine vit

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