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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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par la forme oblongue d'un objet qu'il devait porter à l'épaule.
    — Un colporteur, songea Catherine, ou un ménestrel...
    Elle opta pour le ménestrel quand il fut tout près d'elle. Sous le manteau noir, le costume était vert et rouge, vif et gai, quoique fatigué. L'homme ôta son chapeau fané pour la saluer.
    — Femme, dit-il avec un fort accent étranger, quel est ce bourg, s'il vous plaît ?
    — C'est Montsalvy. Est-ce là que vous allez, sire ménestrel ?
    — C'est là que je vais pour ce soir. Ma, per la Madona, si toutes les paysannes sont aussi belles que vous, c'est le Paradiso, ce Montsalvy.
    — Hélas non, ce n'est pas le Paradis, fit Catherine amusée par l'accent du garçon. Et si vous espérez l'accueil d'un château, sire ménestrel, vous serez déçu. Le château de Montsalvy n'existe plus.
    Vous ne trouverez qu'une antique abbaye où l'on chante fort peu de chansons d'amour.
    — Je sais, fit le ménestrel. Mais s'il n'y a plus le château, il y a toujours la châtelaine. Connaissez-vous la dame de Montsalvy ? C'est la plus belle dame de l'univers, à ce que l'on m'a dit... mais je crois qu'elle doit avoir du mal à vous surpasser.
    — Vous allez être déçu tout de même, reprit Catherine. Je suis la dame de Montsalvy.
    Le sourire s'effaça du joyeux visage du voyageur. De nouveau il ôta son feutre verdi, mit genou dans la neige.
    — Très noble et très gracieuse dame, pardonnez à l'ignorant une familiarité...
    — Vous ne pouviez deviner. Les châtelaines courent rarement les chemins par un temps pareil, surtout seules.
    Comme pour lui donner raison, une brutale bourrasque de vent fit envoler le chapeau du ménestrel et obligea Catherine à s'accrocher au tronc d'un arbre.

    — Ne restons pas ici, fit-elle, il fait un temps affreux et la nuit tombe. Le château est ruiné, mais l'hôtellerie du monastère où j'habite peut vous offrir l'hospitalité. D'où vient que vous me connaissez ?
    Le ménestrel s'était relevé et époussetait machinalement ses genoux maigres. Un pli soucieux s'était creusé entre ses sourcils et sa bouche ne retrouvait plus le gai sourire de tout à l'heure.
    — Un homme que j'ai rencontré dans les hautes montagnes du Sud m'a parlé de vous, noble dame... Il était très grand, et fort. Un vrai géant ! Il m'a dit qu'il s'appelait Gauthier Malencontre...
    Catherine poussa une exclamation de joie et, sans souci de cérémonial, saisit le ménestrel par le bras pour l'entraîner plus vite.
    — Gauthier vous envoie ? Oh, soyez béni, qui que vous soyez !
    Comment va-t-il ? Où était-il quand vous l'avez rencontré ?
    A toute allure, remorquant le ménestrel qui semblait tout à coup très inquiet, elle remontait vers le village, franchissait la porte et lançait au passage à Saturnin qui réparait un volet de sa maison :
    —
    Cet homme a vu Gauthier. Il a de ses nouvelles ! Avec une exclamation de joie, le vieux bailli les rejoignit. Le ménestrel le regarda avec une espèce de terreur.
    — Par grâce, noble dame, gémit-il, vous ne m'avez même pas laissé le temps de vous dire mon nom et...
    — Dites-le alors, fit Catherine joyeusement. Mais pour moi, vous vous appelez Gauthier.
    L'homme hocha la tête d'un air accablé.
    On m'appelle Guido Cigala... Je suis de Florence, la belle cité, mais, pour le pardon de mes péchés qui sont nombreux, j'ai voulu aller prier en Galice, au tombeau de l'apôtre... Dame, n'ayez pas tant de joie et ne me faites pas si bel accueil ! Les nouvelles que j'apporte ne sont pas bonnes.
    Catherine et Saturnin s'arrêtèrent tout net au milieu de la rue.. Le rose joyeux qui était monté au visage de Catherine fit place à une pâleur tragique.
    — Ah, fit-elle seulement.
    Son regard alla du ménestrel à Saturnin, inquiet, presque suppliant.
    Mais elle se reprit, redressa le cou.
    — Bonnes ou mauvaises, vous n'en avez pas moins besoin de vous reposer et de vous restaurer. L'accueil demeure le même, sire ménestrel. Dites-moi seulement : Comment va Gauthier ?
    Guido Cigala baissa la tête, comme un coupable.

    — Dame, murmura-t-il, je crois bien qu'il est mort.
    — Mort !
    Le même cri avait échappé à Catherine et à Saturnin, mais ce fut le vieil homme qui traduisit leur commune pensée.
    — Ce n'est pas possible. Gauthier ne peut pas mourir.
    — Je n'ai pas dit que j'en étais sûr, fit Cigala penaud, j'ai dit que je le croyais.
    — Vous allez nous raconter, coupa Catherine. Rentrons.
    À l'hôtellerie,

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