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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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va mourir.
    — Quelqu'un va mourir ? s'étonna le soldat. Qui donc ?
    Est-ce que je sais ? Quelqu'un de chez vous est venu demander un prêtre pour entendre une confession. On n'a rien dit de plus !
    L'archer repoussa son casque et se gratta la tête. Il ne savait, visiblement, à quoi se résoudre. Finalement, il mit sa guisarme sur l'épaule.
    — Je n'ai point d'ordre, mon frère. Partant, je n'peux point prendre sur moi d'vous faire entrer. Patientez un instant.
    — Dépêchez-vous, mon fils, fit Frère Etienne aigrement. La bise est coupante.
    L'homme disparut sous l'ogive basse de la poterne. Il allait au corps de garde chercher des instructions.
    — Maintenant ! souffla Jacques Cœur.
    Ils quittèrent leur abri, traversèrent rapidement la zone lumineuse.
    Les sabots enveloppés de chiffons des chevaux ne faisaient aucun bruit. Le temps de trois battements de cœur effrayés et l'obscurité les avait engloutis de nouveau, mais la respiration de Catherine était aussi forte que si elle avait fourni une longue course. L'angle d'une tour à bec offrit aux fugitifs un nouveau refuge. Cependant, le soldat revenait.
    — Faites excuse, mon Frère, mais on vous a mal informé.
    Personne, cette nuit, n'est au mouroir.
    — Cependant, je suis certain...
    L'homme hocha la tête d'un air sincèrement désolé.

    — Faut croire qu'il y a eu erreur. Ou bien qu'un mauvais plaisant...
    — Un mauvais plaisant ? S'attaquer à un serviteur de Dieu ? Oh, mon fils ! s'offusqua le moine avec un naturel parfait.
    — Dame ! Dans ces malheureux temps qu'nous vivons, mon frère, faut plus s'étonner de rien. Si j'étais vous, j'irais bien vite me remettre au chaud.
    Frère Étienne haussa les épaules et tira davantage son capuchon sur son visage.
    Puisque je suis dehors, je vais aller jusqu'à la porte de Clermont voir la vieille Marie qui est bien mal ! Les nuits sont longues quand la mort approche et c'est dans les petites heures que l'angoisse est la plus forte. Dieu vous garde, mon fils !
    Frère Étienne esquissa une bénédiction puis quitta à son tour le cercle de lumière tandis que le soldat s'appuyait de nouveau sur son arme et reprenait sa faction morose.
    Quelques instants plus tard, il avait rejoint les trois autres. A mesure que la nuit s'écoulait, le froid se faisait plus âpre et, derrière l'épaisse et rude muraille de la cité où s'appuyaient quelques masures croulantes, on entendait le vent siffler, balayant librement le haut plateau. Sans un mot, Jacques Cœur avait repris la tête de la petite troupe. On cheminait maintenant dans un étroit boyau qui se creusait entre le mur de ville et celui du château menant à un cul-de-sac. Là, d'intolérables odeurs s'élevaient, si lourdes que le froid ne les atténuait pas. Catherine, luttant courageusement contre la nausée, avait la sensation de s'enfoncer au cœur d'un univers gluant et humide où l'air devenait puanteur. Les sabots enveloppés des chevaux glissaient sur d'innommables détritus. La rivière était loin, les gens du quartier avaient trouvé là un dépotoir commode.
    Soudain, la muraille parut se fendre, le ciel réapparut et une silhouette sombre se détacha de l'ombre.
    — Est-ce vous, maître Cœur ?
    — C'est nous, Justin ! Sommes-nous en retard ?
    — Très en retard. Il faut que vous ayez le temps de gagner largement du terrain avant le jour. Faites vite !
    Les yeux de Catherine s'habituaient à l'obscurité. Elle put distinguer la silhouette mince d'un jeune archer, devina la tache plus claire d'un visage sous le chapeau de fer. Un cor pendait à un baudrier au flanc du jeune homme. Un court instant, elle vit briller deux yeux vifs.
    — Tu es certain de n'avoir point d'ennuis, Justin ?
    Soyez sans crainte. Le prévôt pensera que maître Amable avait trop bu et nul n'aura idée de chercher par ici. D'ailleurs, les sabots enveloppés de vos chevaux n'auront pas laissé de traces reconnaissables dans toute cette boue.
    — Tu es un brave garçon, Justin. Je te revaudrai cela.
    Le rire léger du jeune homme tinta dans la nuit, insouciant, réconfortant.
    — Rendez-le à mon père, maître Jacques, en lui commandant quelque belle pièce quand vous serez riche et puissant. Il rêve de tisser la plus belle tapisserie du monde et il ne cesse de dessiner belles dames et animaux fantastiques.
    — Ton père est un grand artiste, Justin, je le sais depuis longtemps.
    Je n'aurai garde de l'oublier. Jusqu’au revoir, mon enfant, et encore

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