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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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ces quelques mots.
    Oh ! soupira-t-il, je n'espérais pas être un jour aimé de vous. J'ai vu bien souvent Arnaud de Montsalvy, déjà capitaine quand je n'étais que page ou écuyer, et jamais, je crois bien, je n'ai admiré un homme comme je l'admirais. Je l'enviais aussi. Il était tout ce que je voulais être : si vaillant, si fort, si sûr de lui- même ! Quelle femme, ayant l'amour d'un tel homme, pourrait en aimer un autre ? Vous voyez... je n'ai pas d'illusions.
    — Pourtant, fit Catherine plus émue qu'elle ne voulait le montrer, vous êtes de ceux qu'une femme peut être fière d'aimer.
    — Mais auprès de lui, n'est-ce pas, je ne représenterai jamais rien ?
    C'est cela que vous avez voulu me faire comprendre, dame Catherine
    ? Vous l'avez aimé à ce point ?
    Une brusque douleur vrilla le cœur de Catherine à ce rappel de ce qu'elle avait perdu. Un sanglot noua sa gorge, amenant les larmes que, sans honte, elle laissa couler.
    — Je l'aime toujours plus que tout au monde ! Je donnerais ma vie, messire, et jusqu'au salut de mon âme, pour le retrouver... ne fût-ce qu'une heure ! Vous voyez, je ne vous cache rien. Tout à l'heure, vous me parliez des dangers que j'allais courir. Mais, si je n'avais un fils, il y a longtemps que j'aurais cherché la mort, pour au moins avoir le droit de le rejoindre.
    — Alors, vous voyez bien qu'il vous faut vivre ! Oh, laissez-moi vous aider, être votre ami, votre défenseur. Vous êtes trop fragile pour vivre sans aide ces temps sans merci ! Je jure de ne pas vous importuner de mon amour, de ne rien demander autre que le droit d'être votre chevalier. Acceptez de m'épouser. J'ai un beau nom, une fortune... et une grande ambition.
    Interloquée, Catherine sécha ses larmes et ne sut pas tout de suite que répondre. Elle se leva sans qu'il quittât sa position de suppliant.
    — Vous allez vite ! dit-elle gentiment. Quel âge avez-vous ?
    — Vingt-trois ans !
    — J'en ai presque dix de plus !

    Qu'importe ! Vous avez l'air d'une jeune fille et vous êtes la plus belle dame qui ait jamais posé le pied sur la terre ! Que vous le vouliez ou non, vous serez ma dame et je ne porterai plus que vos couleurs !
    — Mes couleurs sont de deuil, messire, de sable et d'argent.
    N'aviez-vous donc point de dame avant que je ne vienne ?
    À la grande surprise de Catherine, Pierre de Brézé fit une affreuse grimace et avoua, de fort mauvaise grâce :
    — Une dame, non ! J'ai une fiancée, Jeanne du Bec- Crespin...
    mais elle est d'une laideur à laquelle je ne m'habitue pas !
    Du coup Catherine se mit à rire et l'atmosphère s'en trouva singulièrement détendue. Son rire s'égrena si clair, si jeune que Pierre, entraîné malgré lui, ne put qu'y faire écho. D'un mouvement spontané, elle lui tendit ses deux mains dans lesquelles il enfouit son visage.
    — Gardez votre fiancée, messire Pierre ! dit-elle en reprenant son sérieux. Et, à moi, donnez-moi seulement votre amitié. C'est de cela, voyez-vous, que j'ai le plus besoin.
    Il releva vers elle un regard où revenait l'espoir.
    — Je pourrai veiller sur vous, porter vos couleurs, vous défendre ?
    — Mais oui ! À la condition toutefois que vous ne fassiez rien qui entrave la bonne marche de mes projets. Vous le promettez ?
    — Je promets, fit-il sans enthousiasme. Mais je serai à Amboise tout le temps que vous y serez vous-même, dame Catherine, et s'il vous advenait quelque mal...
    Le visage de Catherine se fit grave, soudain. Elle retira ses mains que le jeune homme avait gardées et les glissa dans ses larges manches. Une ombre envahissait ses yeux en même temps qu'un pli de détermination marquait ses lèvres.
    — S'il m'arrivait de périr à la tâche, messire, et si vraiment vous m'aimez, alors j'accepterais ce que vous m'avez offert si follement tout à l'heure. Si je meurs, tuez en mémoire de moi le Grand Chambellan !
    Le ferez-vous ?
    Pierre de Brézé tira son épée, la planta devant lui et posa la main sur la garde.
    — Sur les saintes reliques qui habitent cette épée, je le jure.
    — Catherine, alors, sourit et s'éloigna dans le murmure soyeux de sa longue traîne avec un dernier geste d'adieu. Toujours à genoux, Pierre de Brézé la regarda disparaître.

    En rentrant dans sa chambre, Catherine eut la surprise d'y trouver Sara aux prises avec Tristan l'Hermite. Les éclats de voix de la bohémienne se faisaient d'ailleurs entendre jusque dans l'escalier alors que le Flamand lui répondait

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