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Catherine et le temps d'aimer

Catherine et le temps d'aimer

Titel: Catherine et le temps d'aimer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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fois mes conseils et mon cheval ? Vous avez vraiment envie de continuer avec toute cette troupe, quand nous pourrions aller tellement plus vite ?
    Catherine serra les lèvres et, tout en ôtant son manteau, jeta à son amie un regard oblique.
    — N'y revenez pas, Ermengarde. Je vous ai déjà donné mes raisons. La route est dangereuse, il faut être nombreux pour résister aux brigands.
    La vieille dame s'étira et bâilla démesurément puis soupira :
    — Et moi je soutiens que, pour échapper aux brigands, de bons chevaux rapides valent mieux que des pieds fourbus. D'ailleurs, je vous prédis que, si nous continuons ainsi, vous deviendrez rapidement folle... et moi aussi.
    Au fond d'elle-même, Catherine donnait raison à Ermengarde, mais ne voulait pas l'admettre. Elle était persuadée que, si elle ne poursuivait pas son chemin, jusqu'au bout, avec les pèlerins auxquels elle s'était jointe, Dieu lui en tiendrait rigueur et l'en punirait en l'empêchant de rejoindre Arnaud. Mais la dame de Châteauvillain savait, depuis longtemps, lire sur le joli visage expressif de son amie.
    Elle murmura :
    — Allons, Catherine, faites crédit à Dieu d'un peu de grandeur d'âme et ne le prenez pas pour un vil mercanti qui ne s'en tient jamais qu'aux marchés conclus. Que faites-vous de sa miséricorde ?
    — J'en fais grand cas, Ermengarde, mais nous continuerons avec les autres !...
    Elle avait parlé fermement, d'un ton qui n'admettait pas de réplique.
    Aussi Ermengarde ne s'y trompa pas. Un soupir découragé fut son unique réponse.
    La procession de Sainte-Foy avait dû être efficace car il pleuvait à seaux, le lendemain à l'aube, quand les pèlerins se remirent en route et quittèrent Conques au milieu des habituels chants religieux. Catherine avait repris sa place entre Josse Rallard et Colin des Épinettes. Elle marchait courageusement, refusant de voir à l'arrière-garde Ermengarde et sa troupe montée. La comtesse avait réussi, Dieu sait comment, à se procurer durant la halte deux nouveaux chevaux dont l'un portait l'une des chambrières et l'autre trottait libre, tenu en bride par le sergent Béraud. Catherine n'ignorait pas que cet animal lui était destiné, mais elle ne voulait pas le savoir.
    La route montait, pénible, à flanc de coteau pour rejoindre la vallée du Lot et gagner ensuite Figeac. Et la pluie n'arrangeait rien. Elle brouillait le paysage, éteignait les roses tendres des bruyères qui commençaient à fleurir, dégouttait de la moindre feuille, emplissait les yeux et alourdissait la bure grossière des pèlerins. Tantôt fine et douce, tantôt rageuse quand des bourrasques de vent l'emportaient, elle faisait régner sur le sévère paysage une tristesse affreuse, lourde comme le monde, et qui donnait à Catherine l'impression de peser sur son propre cœur. Personne ne songeait à chanter ce matin. En tête, Gerbert marchait, le dos rond, la tête dans les épaules, sans jamais se retourner.
    Soudain, comme l'on atteignait le haute de la côte, des cris se firent entendre derrière la colonne.
    — Arrêtez !... Pour l'amour de Dieu, arrêtez !
    Cette fois, Gerbert se retourna et tous les autres avec lui. Plus bas, sur la pente, trois moines essoufflés faisaient de leur mieux pour accourir. Parfois ils trébuchaient dans un trou ou sur une pierre, mais n'en criaient que de plus belle en faisant de grands gestes.

    — Qu'est-ce qu'il y a ? marmotta Colin d'un air mécontent. Avons-nous oublié quelque chose ou bien ces saintes gens souhaitent-ils se joindre à nous ?
    — Cela m'étonnerait, répondit Josse Rallard qui regardait approcher les trois moines avec un froncement de sourcils. Ils ne portent rien et n'ont pas de bâton de marche.
    — Alors c'est qu'ils sont anxieux de se recommander à nos prières au saint tombeau de l'Apôtre ! reprit Colin avec onction.
    Mais son compagnon le regarda si fort de travers qu'il n'osa pas aller plus loin sur le chemin des suppositions.
    D'ailleurs, Gerbert Bohat redescendait déjà le long de la colonne, à grands pas, pour aller au-devant des arrivants. Ils se rejoignirent assez près de Catherine et de ses compagnons, si bien que la jeune femme ne perdit rien de leur dialogue. D'ailleurs, malgré leur souffle écourté, les trois moines criaient à fendre les rochers.
    — On nous a volés ! Cinq gros rubis ont été volés au manteau de sainte Foy L.
    Une clameur d'indignation et de colère salua cette nouvelle, mais Gerbert, déjà,

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