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Catherine et le temps d'aimer

Catherine et le temps d'aimer

Titel: Catherine et le temps d'aimer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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n'était pas le moindre, sans compter celui des inquiétants passeurs de cols qui n'offrent leurs services que pour mieux détrousser le voyageur trop confiant. Plus d'un seigneur-brigand avait sa tour fortifiée au flanc de la grande montagne. Elle servait de repaire à tous ces gens de sac et de corde.
    — Avec un peu de chance, avait dit Ermengarde à Catherine, nous aurons l'hospice pour nous seules et nous y aurons nos aises.
    Mais lorsque la jeune femme, toujours suivie de Josse, franchit le portail, elle eut la surprise de voir, dans la cour, une assez forte troupe de chevaux dont s'occupaient activement des valets bien vêtus. Il y avait aussi des mulets de bât et, assis autour d'un feu dont les flammes illuminaient le crépuscule, une dizaine de soldats se reposaient en faisant rôtir un gros quartier de viande. En résumé, le train habituel d'un grand seigneur en voyage ! La porte de l'hospice était grande ouverte et l'on apercevait les chanoines prémontrés qui allaient et venaient, sans doute pour servir l'hôte de marque, et les éclats d'un grand feu ronflant dans une cheminée.
    — Il semble que nous n'aurons pas à redouter la solitude, marmotta Catherine avec humeur. Aura-t-on seulement une cellule pour nous ?
    Josse n'eut pas le temps de répondre. Déjà, un religieux s'avançait vers la jeune femme :
    — La paix du Seigneur soit avec vous, ma sœur ! Que pouvons-nous pour vous ?
    — Nous donner le gîte et le couvert, répondit Catherine. Mais nous sommes plus de deux. Le reste de notre troupe nous suit, et je crains...
    Le vieil homme eut un bon sourire qui plissa toutes les rides de son visage.
    — A cause de ce seigneur qui nous est arrivé tout à l'heure ? Ne craignez pas. La maison est grande et elle vous est ouverte. Voulez-vous descendre ? Un frère lai prendra soin de vos montures.
    Mais Catherine, déjà, ne l'écoutait plus. Elle venait d'apercevoir, au seuil d'une écurie, un officier qui devait être le chef des soldats et qui, encore tout armé, portait sur sa cuirasse un tabard armorié. Or, malgré l'ombre grandissante, il n'était pas possible de s'y tromper : les armes étalées sur la soie épaisse du vêtement, Catherine ne les connaissait que trop bien : c'étaient celles du duc de Bourgogne !
    Elle se sentit pâlir et, dans sa tête, les pensées se mirent à tourner à une grande allure. Voyons ! ce n'était pas possible que le duc Philippe fût ici ! Cette escorte pouvait être celle d'un seigneur, elle était tout de même trop mince pour le Grand Duc d'Occident !... Pourtant, c'étaient bien là les fleurs de lys et les barres ducales, les briquets de la Toison d'Or... cette Toison d'Or fondée jadis en souvenir d'elle !

    Sa mine défaite et son attitude rigide frappèrent le religieux qui, doucement, secoua la bride du cheval.
    — Ma fille ! Vous êtes souffrante ?
    Sans bouger, les yeux toujours fixés à l'inquiétant emblème, Catherine demanda :
    — Ce seigneur qui vous est arrivé... Quel est-il ?
    — Un envoyé personnel de Monseigneur le Duc Philippe de Bourgogne.
    — Un envoyé ? Vers qui ? En quel pays ?
    — Comment voulez-vous que je le sache ? Sans doute vers le souverain de Castille, ou le roi d'Aragon, à moins qu'il ne s'agisse du roi de Navarre. Mais vous voilà bien nerveuse, ma fille ? Venez ! Le repos vous fera du bien.
    Un peu rassurée, Catherine se décida à descendre de son cheval, au moment précis où Ermengarde et le reste de la troupe pénétraient en trombe dans la cour de l'hospice. La comtesse semblait fort mécontente. Très rouge, les lèvres pincées, les yeux fulgurants, elle interpella Catherine furieusement :
    — Ah ! ça, ma mie, à quoi jouez-vous ? Voilà des heures que nous vous galopons derrière sans pouvoir vous rattraper!
    — Je suis lasse de perdre du temps, Ermengarde ! rétorqua la jeune femme sèchement. Il y a sur votre route trop de gens avec qui vous trouvez plaisir à bavarder. J'ai craint de ne point parvenir, ce soir, dans cette sainte maison et j'ai pris les devants.
    — Il me semble pourtant... commença la comtesse.
    Mais les mots moururent sur ses lèvres tandis qu'un éclair s'allumait dans ses yeux gris. Elle venait, elle aussi, de reconnaître les armes de l'officier. Un large sourire étira ses lèvres soulignées d'une ombre de moustache.
    — On dirait que nous aurons de la compagnie, ici ? dit-elle avec un entrain qui n'échappa pas à Catherine. Des amis, sans doute !
    Catherine eut un

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