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Catherine et le temps d'aimer

Catherine et le temps d'aimer

Titel: Catherine et le temps d'aimer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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cœur de la nuit la plus obscure, le feu qui détruit et ravage, qui torture et anéantit !... Quand elle sentait qu'il allait lui falloir livrer bataille, Catherine aimait qu'il y eût du feu auprès d'elle.
    Jean Van Eyck respecta son silence. Son œil d'artiste était d'ailleurs captivé par la longue et mince silhouette noire qui se détachait sur le fond rougeoyant. Le drap de la robe épousait les courbes de son corps avec une précision anatomique. Le fin profil paraissait ciselé d'or et les grands cils qui cachaient les prunelles violettes y mettaient une ombre émouvante. Et le peintre se dit, avec un frisson, que jamais cette femme n'avait été aussi belle ! La vie et la souffrance lui avaient ôté l'extrême fraîcheur de la première jeunesse, mais l'avaient laissée affinée. Sa beauté était devenue plus humaine et plus distante à la fois.
    Elle avait la splendeur pure d'une créature céleste, pourtant l'attrait charnel qui s'en dégageait était presque insoutenable.
    « Si le Duc la revoit, songea Van Eyck, il se traînera à ses pieds comme un esclave... ou alors il la tuera ! »
    Mais il n'osa pas s'interroger sur ses propres sensations. Dans le marasme de ses pensées, une seule chose apparaissait en clair : le désir impérieux, forcené, de fixer encore une fois sur un tableau cette torturante beauté ! Il découvrait que sa dernière œuvre, le double portrait d'un jeune bourgeois nommé Arnolfini et de sa jeune femme, œuvre dont il était justement fier, lui semblait terne, maintenant, auprès du portrait qu'il pourrait faire de cette nouvelle Catherine. Et il était si bien perdu dans sa contemplation que la voix de la jeune femme le fit tressaillir.
    — Jean, dit-elle doucement, pourquoi êtes-vous venu ?
    Elle ne le regardait pas, mais devina tout de même la protestation qui allait jaillir.
    — Non, ajouta-t-elle vivement, ne vous donnez pas la peine de mentir ! Je sais bien des choses ! Je sais qu'Ermengarde vous attendait et aussi que j'ai quelque chose à voir dans cette attente. Je veux savoir pourquoi.
    Elle quitta sa pose contemplative, se détourna et lui fit face. Les grands yeux qui interrogeaient se posèrent sur lui. De nouveau, l'artiste se sentit trembler devant tant de grâce.
    — Ce n'est pas moi, particulièrement, que dame Ermengarde attendait, Catherine, c'était un messager de Bourgogne. Le hasard veut que ce soit moi...
    — Le hasard ? Pensez-vous que j'aie tout oublié des habitudes du duc Philippe ? Vous êtes son envoyé secret préféré... pas un quelconque messager ! Que venez-vous dire à la comtesse ?
    — Rien !
    — Rien ?
    Van Eyck eut un sourire amusé et poursuivit :
    —
    Mais non, rien, ma belle amie ! Je n'ai rien à lui dire.
    — Auriez-vous quelque chose à me dire... à moi ?
    — Peut-être ! Mais je ne vous le dirai pas !
    — Pourquoi ?
    — Parce que l'heure n'est pas encore venue !
    Comme les fins sourcils de la jeune femme se fronçaient, le peintre s'approcha d'elle et lui prit les mains.
    —
    Catherine ! J'ai toujours été votre ami... et j'aurais passionnément désiré être davantage ! Je vous jure sur mon honneur de gentilhomme que je suis toujours vôtre et que, pour rien au monde, je ne voudrais vous faire du mal. Ne pouvez-vous me faire confiance ?
    —
    Confiance ? Tout cela est si bizarre, si trouble ! Comment a-t-on su... en Bourgogne, que j'étais avec la dame de Châteauvillain ?
    Est-ce l'astrologue du duc qui l'a lu dans les étoiles ?

    Cette fois, le peintre se mit à rire.
    —
    Vous n'en croyez rien et vous avez raison ! C'est dame Ermengarde qui a fait tenir la nouvelle ! Un messager par elle envoyé...
    Un cri de colère lui coupa la parole.
    — Elle ! Elle a osé ?... Et elle se dit mon amie ?
    —
    Elle est votre amie, Catherine, mais elle n'est que votre amie...
    pas celle de l'homme dont vous portez le nom. Voyez-vous, elle pense sincèrement, et elle a toujours pensé, que vous faisiez fausse route, que vous ne pourriez jamais trouver le bonheur dans la direction que vous avez choisie. Il semble, avouez-le, que le destin lui ait toujours donné raison...
    Ce n'est pas à elle d'en juger ! Il y a quelque chose qu'elle n'arrivera jamais à comprendre : c'est l'amour que j'ai pour mon époux ! Je sais bien qu'à la cour du duc Philippe on décore du nom d'amour des sentiments très divers dans lesquels le désir tient la plus grande place.
    Mais mon amour à moi n'est rien de semblable. Arnaud et moi ne

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