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Catherine et le temps d'aimer

Catherine et le temps d'aimer

Titel: Catherine et le temps d'aimer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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d'incendie et que les habitants du château s'affolaient, croyant bien que le feu avait été mis aux quatre coins de l'édifice.
    Cette cour, avec ses murs rouges et brillants où les flammes se reflétaient, avec une humanité folle qui s'y démenait, donnait une assez bonne représentation de l'enfer et Catherine grelottante d'émotion plus que de froid, car la nuit était tiède et l'incendie ajoutait encore à sa température, s'enroula plus étroitement dans la couverture qui cachait sa nudité et alla chercher refuge sous les arcades, tournant son regard angoissé vers le donjon qui, silencieux et sombre, semblait se tenir à l'écart.
    — Gauthier ! murmura-t-elle. Où est Gauthier ? Il ne peut pas n'avoir rien entendu de tout ce vacarme...

    Les murs de ce donjon sont exceptionnellement épais, remarqua Josse, et puis il a peut-être le sommeil dur...
    Mais, comme pour lui donner un démenti, à cet instant même, la chaîne d'esclaves, qui venait de s'établir pour secourir l'aile habitée naguère par Catherine, parut s'écrouler comme un château de cartes.
    Les Maures culbutèrent les uns contre les autres, dans un grand vacarme de seaux heurtés et d'éclaboussements, repoussés vers le centre de la cour comme par un vent de tempête et Gauthier surgit sur le seuil. Avec le pansement qu'il gardait encore et la longue djellaba dont on l'avait affublé, il ressemblait assez à ces Infidèles qu'il renversait, mais qui, auprès du géant, semblaient autant de nains.
    Devant lui, solidement maintenue par son énorme poing, une maigre silhouette blanche avançait en trébuchant et vint, finalement, s'étaler sur le sol, presque aux pieds de Catherine. C'était, bien entendu, Tomas...
    Il leva sur la jeune femme un regard qui était encore celui d'un somnambule, mais qui, cette fois, possédait une conscience. Un éclair de fureur y étincela en reconnaissant son ennemie. La bouche mince se tordit pour un rictus haineux.
    — Vivante ! siffla-t-il... Satan lui-même te protège, maudite ! Le feu n'a pas de prise sur toi ! Mais tu n'échapperas pas toujours au châtiment !...
    Avec un grondement de colère, Josse arracha la dague qui pendait à sa ceinture et bondit sur le garçon qu'il saisit à la gorge.
    — Toi, en tout cas, tu n'y échapperas pas plus longtemps !
    Il allait frapper sans que Catherine, pétrifiée d'horreur devant cette haine qui ne voulait pas céder, eût seulement bougé un doigt, mais la grosse patte de Gauthier s'abattit sur le bras du Parisien, le retenant en l'air.
    Non... laisse-le ! Moi aussi, tout à l'heure, j'ai eu envie de l'étrangler quand je l'ai trouvé devant la porte en flammes de dame Catherine, divaguant, sa torche à la main, mais j'ai compris que c'était un fou, un gamin, un malade... On ne tue pas les gens comme lui, on les laisse pour que le ciel... quel que soit celui qui l'habite, s'en charge.
    Maintenant, partons !
    Du geste, Catherine désigna sa couverture et haussa les épaules.
    — Comme ça ? Pieds nus et simplement vêtue d'une couverture ?
    Tu n'es pas un peu fou ?

    Sans répondre, Gauthier lui envoya le paquet qu'il tenait sous le bras, sourit, puis déclara enfin :
    — Voilà vos vêtements et votre aumônière. Je les ai trouvés dans votre chambre... à défaut d'un cadavre qui, heureusement, était encore bien vivant ! Habillez-vous vite !
    Catherine ne se le fit pas dire deux fois. Se glissant dans un renfoncement obscur de la cour, elle se hâta de passer ses vêtements de voyage, boucla son aumônière à sa ceinture non sans s'être assurée, auparavant, que sa dague et l'émeraude de la reine s'y trouvaient toujours. Quand elle rejoignit ses compagnons, elle constata que Tomas avait disparu et que Josse n'était plus là. Elle interrogea Gauthier qui, placidement, les bras croisés, regardait les sauveteurs poursuivre leur lutte contre le feu. L'incendie, pris à temps sans doute, était déjà presque maîtrisé.
    — Où est Josse ?
    — À l'écurie. Il prépare les chevaux. Don Alonso, hier soir, avait donné des ordres à ce sujet.
    En effet, l'ancien truand revenait, tirant après lui trois chevaux tout harnachés et une mule portant des sacs qui devaient contenir des vivres et des vêtements. L'archevêque avait pensé à tout... Aussi Catherine s'insurgea-t-elle quand Gauthier voulut l'aider à se mettre en selle.
    — Qu'est-ce que tu imagines ? Que je partirai ainsi, comme une voleuse, sans même savoir si notre hôte est indemne

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