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Catherine et le temps d'aimer

Catherine et le temps d'aimer

Titel: Catherine et le temps d'aimer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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vigoureuse lui essuya le visage et elle reconnut enfin, penchés sur elle, les traits irréguliers de Josse. Il eut son curieux sourire à lèvres closes en voyant qu'elle ouvrait les yeux.
    — Il était temps ! marmotta-t-il. J'ai bien cru que je ne pourrais pas franchir le rideau de feu. Heureusement, un pan de mur, en s'effondrant, m'a ouvert un passage. Je vous ai aperçue et j'ai pu vous tirer dehors...

    En se soulevant, Catherine vit qu'elle était couchée sur les dalles de la galerie. Le feu ronflait à l'une des extrémités, là où s'ouvrait auparavant la porte de sa chambre, mais il n'y avait là âme qui vive.
    — Il n'y a personne ? dit-elle. Comment se fait-il que le feu n'ait pas alerté le château ?
    — Parce que cela flambe aussi chez l'archevêque. Tous les serviteurs sont en train d'éteindre l'incendie pour sauver don Alonso.
    D'ailleurs, les portes de cette galerie ont été barricadées du dehors.
    — Comment y es-tu, alors ?
    — Parce que, cette nuit, je suis venu dormir sous l'un de ces bancs de pierre. Après l'alerte de ce matin, je n'étais pas tranquille. Personne ne pouvait me voir et j'espérais surveiller ainsi votre chambre. Mais je crois que j'ai trop bien dormi ! C'est ça le hic, avec moi !
    Quand je suis fatigué, je dors comme une souche. L'incendiaire ne m'a pas vu, mais, de son côté, il a fait si peu de bruit que je n'ai rien entendu quand il a installé ses fagots.
    — L'incendiaire ?
    — Vous ne pensez pas que ce feu s'est allumé tout seul ? Pas plus que celui qui flambe si bien chez monseigneur ? J'ai idée que je sais, d'ailleurs, d'où vient le coup...
    Comme pour lui donner raison, la porte basse à l'extrémité encore intacte de la galerie s'ouvrit, livrant passage à une longue forme blanche qui portait une torche. Epouvantée, Catherine reconnut Tomas. Vêtu d'une robe de moine, les pupilles dilatées, il marchait d'un pas automatique vers l'incendie, insensible à la fumée de plus en plus dense qui envahissait la grande galerie.
    — Regardez, souffla Josse. Il ne nous voit même pas !
    En effet, le garçon avançait comme un somnambule. Sa torche à la main, pareil à l'ange déchu de la vengeance et de la haine, il semblait au pouvoir d'une transe. Ses lèvres s'agitaient spasmodiquement.
    Catherine saisit seulement au passage le mot «Fuego »... Tomas passa tout près d'elle sans même la voir. Elle toussa. Il n'entendit rien, continua de s'avancer vers l'incendie, au milieu des noires volutes de fumée.
    — Que dit-il ? souffla la jeune femme.
    — Que le feu est beau, que le feu est sacré ! Qu'il purifie ! Que le maître du feu s'élève jusqu'à Dieu !... Que ce château du Malin doit brûler pour que les âmes de ses habitants retournent à Dieu, libérées...
    Il est complètement fou, un maniaque du feu, conclut Josse qui ajouta

    : Il n'a pas refermé derrière lui la porte de la galerie. Profitons-en pour fuir et donner l'alerte.
    Catherine suivit Josse, mais, au seuil, se retourna. Les torrents de fumée avaient presque englouti la mince forme blanche.
    — Mais... fit la jeune femme. Il va brûler.
    C'est ce qui pourrait lui arriver de mieux... à lui et aux autres ! grogna Josse qui, d'une main péremptoire, entraîna Catherine au-dehors.
    Elle faisait de son mieux pour le suivre, mais ses pieds nus s'embarrassaient dans les plis flottants de la couverture qui, seule, l'enveloppait. En courant ainsi, traînée par la main nerveuse de Josse, elle buta contre un meuble, se fit un mal affreux et poussa un cri de douleur, puis se plia en deux, le souffle coupé par la souffrance. Josse jura entre ses dents, mais, voyant qu'elle avait les larmes aux yeux, la souleva d'un bras pour l'aider à franchir les derniers mètres qui les séparaient de l'air libre. Jusque-là, ils n'avaient rencontré âme qui vive, mais, dans la cour, l'agitation était à son comble. Une meute de valets, d'hommes d'armes, de moines et de servantes y couraient dans tous les sens en poussant des cris aigus comme autant de volailles effarouchées. Entre le grand puits de la cour et l'entrée des appartements de l'évêque, une chaîne d'esclaves passait incessamment des seaux pleins d'eau pour tenter d'éteindre les flammes qui bondissaient des ouvertures à l'étage. Des cris, des lamentations et des prières en jaillissaient également sur le mode volubile.
    L'agitation de la cour était créée par le fait que l'on venait tout juste de découvrir le second foyer

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