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C'était le XXe siècle T.2

C'était le XXe siècle T.2

Titel: C'était le XXe siècle T.2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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reparaît à Paris au bras d’un ravissant mannequin de chez Chanel, Arlette, vingt-deux ans.
    On dirait qu’il a fait peau neuve, Sacha. Arlette et lui habitent bourgeoisement un appartement de la rue Édouard-Detaille, ils ont loué une villa en banlieue. On les voit très épris l’un de l’autre. Bientôt, on saura qu’Arlette attend un enfant. Sacha, lui, s’occupe . Il organise le vol, chez deux agents de change, de sept millions de titres. On les liquide à Londres mais, au passage, Stavisky rafle cinq millions.
    Est-ce la grande réussite ? Non. L’édifice est par trop bâti sur le sable. En quelques heures, il s’écroule. Les complices de l’affaire de faux le mettent en cause. Cette fois, la police sort à son égard de sa singulière léthargie. On l’arrête. Au moment où on l’introduit dans le cabinet du juge d’instruction, il s’évade  (3)  !
     
    Contre lui, les plaintes pleuvent : entre autres, celle de la Banque nationale de crédit, sur laquelle il a tiré plus de 1 500 000 francs en chèques sans provision, celle de la Banque spéciale de crédit refaite, elle, de 1 150 000 francs. Stavisky ? Il a pris la fuite. Nul ne sait où il se trouve. La police opère une descente chez son père, le dentiste Emmanuel Stavisky, que l’on emmène. Très digne, le vieux monsieur annonce qu’il possède un million d’économies et qu’il entend bien indemniser les dupes de son fils. Il regagne son domicile, s’enferme dans son cabinet – et se donne la mort.
     
    À la fin de juillet 1926, la Sûreté générale reçoit une dénonciation : Stavisky se cache dans une villa de Marly-le-Roi. On vérifie : c’est vrai. Sous les ordres du commissaire Pachot, une nuée de policiers envahissent la villa qui regorge d’invités. On finit par découvrir Stavisky, caché dans les toilettes.
    Cette fois, c’est sérieux. Stavisky est écroué à la Santé. Fidèle à lui-même, il engage comme avocats deux célébrités de la politique : Paul Boncour et Campinchi, ainsi que deux ténors du barreau : Gaulier et Henry Torrès.
    Maintenant père d’un petit garçon, décidé à retrouver bientôt sa femme et son fils, Stavisky prépare, avec une ingéniosité qui s’apparente au génie, sa libération. Il a compris qu’il lui fallait avant tout ne pas être jugé : il risque une très lourde peine et sait qu’il lui serait pratiquement impossible de sortir de la prison – peut-être du bagne – où cette condamnation le conduirait. Sa seule chance ? Profiter des possibilités de la prévention. Donc, il faut être relâché avant le procès.
    Ce qui le sert, c’est l’extraordinaire complexité des causes pour lesquelles il est inquiété. Tout se mêle. Les complices qui l’accusent ne connaissent que l’affaire à laquelle ils ont été associés. Quand on les interroge sur une autre, leurs accusations contredisent celles de partenaires mieux informés. Le juge s’y perd : les pistes sont fausses, les fonds volés ne se retrouvent plus. Le regard candide et la voix mouillée d’émotion, Stavisky jure qu’il ne sait rien.
    Peut-être est-ce à ce mortient, comme l’a pensé Jacques Robichon, qu’il a effectué un retour sur lui-même. En quinze ans, on a déposé contre lui vingt-quatre plaintes. Deux fois, on l’a arrêté. Pour quel résultat ? Pourquoi ne ferait-il pas autre chose de sa vie ? Ses avocats sollicitent sa mise en liberté provisoire. Le juge, sans doute impressionné par la qualité de ses avocats, accepte. Aussitôt, de la part des parties civiles, c’est un tollé. Le juge fait machine arrière. Stavisky restera en prison.
    À point nommé, il tombe malade. Ses gardiens, entrant dans sa cellule, le trouvent secoué de vomissements. Les médecins diagnostiquent une appendicite qu’ils se proposent d’opérer à l’infirmerie de Fresnes. Stavisky exige que l’intervention soit pratiquée dans une clinique privée. Le Parquet refuse.
    Une véritable partie de bras de fer s’engage : Stavisky contre le Parquet. Entre les deux, le juge oscille. Les semaines passent. La santé de Stavisky se révèle de plus en plus préoccupante. On commet un expert, le docteur Paul. Il produit un rapport inquiétant : le prisonnier risque l’abcès, la péritonite, la mort. Le Parquet cède. Le 22 décembre 1927, Stavisky bénéficie d’une liberté médicale sous caution de 50 000 francs. Le 28 décembre, il sort de prison. Dans la voiture qui

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