C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy
souligner que le paquet emporté par Lee Harvey, le matin de l’attentant, en quittant son domicile, et qu’il tenait toujours en gagnant le Depository , a fait l’objet de descriptions différentes. Une simple expérience personnelle suffit à nous convaincre de la difficulté que présente l’estimation, surtout après deux ou trois jours, de la longueur exacte d’un objet. Une telle divergence est tenue pour capitale par les partisans de l’innocence d’Oswald. Je ne donne ici qu’un exemple car leur raisonnement, sur nombre de points, ressort d’un système identique. Tout ceci peut faire illusion, mais niera-t-on que Lee Harvey a imaginé le pseudonyme de Hidell ? Qu’il s’est servi de ce pseudonyme à plusieurs reprises, notamment pour commander une carabine ? Que des photographies démontrent qu’il avait cette carabine en sa possession ? Oswald n’a-t-il pas emporté, le matin de l’attentat, un long paquet enveloppé de papier brun ? N’a-t-on pas découvert, dans une pièce du cinquième étage du Depository , la carabine acquise par Oswald et, près de là, le sac de papier brun ? N’a-t-on pas trouvé, sur le sol de la pièce, trois douilles ? L’une des balles de l’attentat, recueillie presque intacte à l’hôpital Parkland, n’est-elle pas du calibre exact de la carabine d’Oswald ? N’a-t-on pas trouvé ses empreintes sur le sac et sur les cartons ?
Les explications psychologiques de l’acte d’Oswald ne manquent pas. Pour qui a étudié d’autres assassinats de chefs d’État, son comportement s’apparente très exactement à celui d’un Ravaillac, d’un Damiens ou d’un Gorguloff (161) . Tous sont des instables, des inadaptés, ils essaient de leur mieux de donner à leur acte un motif politique ou religieux, mais ils n’ont qu’un seul but : se « valoriser » à leurs propres yeux. Si, le jeudi soir, Marina Oswald avait été plus compréhensive avec Lee, peut-être n’aurait-il pas cherché à tuer le président des États-Unis…
Le « mystère Kennedy » ne réside pas dans la culpabilité ou l’innocence de Lee Harvey Oswald mais dans une double question : Oswald a-t-il agi seul ? Existait-il un autre, d’autres assassins ?
C’est indépendamment du personnage qu’il est nécessaire de rechercher les éléments de réponse à la question d’une culpabilité unique – ou non. Il faut donc en revenir à l’étude attentive du film de Zapruder, des rapports d’autopsie et des déclarations des témoins.
Une première certitude : si Oswald se trouvait bien à la fenêtre du Depository , il n’a tiré que trois balles ; on en a retrouvé les douilles sur le sol. Il faut énumérer ici les déductions que la Commission Warren, dans sa hâte à démontrer qu’il ne fallait pas chercher d’autre coupable, en a tiré :
L’une des balles a raté son but. Une pierre bordant le trottoir près duquel roulait la voiture présidentielle a été écornée ; un spectateur, nommé Tague, qui se trouvait à cet endroit a été atteint à la joue par « quelque chose » qui a ricoché du trottoir : ce serait la première balle.
La deuxième balle a pénétré dans le haut du dos du président, pour ressortir par le bas du cou. Poursuivant sa trajectoire, elle a atteint le gouverneur Connally et l’a traversé de part en part.
La troisième balle a enlevé la moitié de la boîte crânienne du président.
Ce raisonnement séduisant résiste mal à l’examen. L’étude du film de Zapruder et les propres déclarations des Connally montrent qu’un laps de temps bien déterminé s’est écoulé entre le moment où le gouverneur a perçu le premier coup de feu et celui où il s’est lui-même senti atteint d’un coup violent dans le dos. Que le lecteur se souvienne de ses déclarations et de celles de son épouse. Tout concorde. On a parlé d’hallucination collective. Est-il fréquent qu’un phénomène de ce genre soit confirmé par un film ? Les deux premiers rapports rédigés, immédiatement après le meurtre, par le FBI et les premières constatations médicales, excluent la possibilité qu’une même balle ait pu frapper Kennedy et Connally.
Il est important de préciser, en l’occurrence, que la Commission Warren ne s’est nullement prononcée d’après les photographies et les radios de l’autopsie, déclarées « indisponibles ». Il semble que cet interdit ait été le fait de la famille Kennedy qui
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