C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

mantille de dentelle noire, mais une pâleur extrême. Et un regard qui apparentait cette jeune femme à un long cortège du passé, celui de la tragédie.
     
    La veille de sa mort, le président s’était étonné de la splendeur des funérailles réservées, en 1910, au roi Edouard VII. À peine quatre jours se sont-ils écoulés et le monde entier lui rend l’un des hommages les plus grandioses de l’Histoire. « Un empereur, trois souverains, cinq présidents de la République, six princes héritiers, treize chefs de gouvernements, d’innombrables ministres et grands dignitaires, représentant cinquante-trois États. » De toutes parts, ils sont venus assister à la messe funèbre célébrée en la cathédrale St Matthews avant de suivre à pied le cortège funèbre jusqu’au cimetière. « Il y avait là l’inaccessible de Gaulle, que Kennedy, de son vivant, avait en vain attendu à Washington. Il y avait Mikoyan, le Soviétique, qui apportait le message ému de Khrouchtchev  (166) . » Ce dernier a même envisagé de venir en personne ; les Services secrets américains l’en ont dissuadé, car on ne pouvait assurer sa sécurité. Incarnant la piété d’une nation, des centaines de milliers d’hommes et de femmes se sont portés sur le passage du cortège jusqu’à Arlington, le cimetière national américain, où repose le Soldat inconnu. C’est là, dans le périmètre réservé aux héros tombés au champ d’honneur, que John Fitzgerald Kennedy sera inhumé.
    Autour de cette tombe, s’élèvera la douleur du monde.
     
    Quand Jacqueline Kennedy, après les obsèques, rentra à la Maison-Blanche, le petit John-John, qui avait eu trois ans ce jour-là, remarqua tristement :
    — Mais si Daddy est parti pour un si long voyage, je n’aurai plus personne avec qui jouer maintenant !