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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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les sourcils.
    — J’ignorais tout cela. Mais que voulez-vous dire exactement ?
    Relmyer feuilletait le calepin à toute vitesse, en tournant les pages à les déchirer.
    — Et celui-ci ! s’exclama-t-il. Albert Lietz : disparu en août 1805 et soi-disant mort à la bataille d’Austerlitz, dans l’Infanterieregiment 29 Lindenau. Lui aussi, je le connaissais ! Je vous jure qu’il est impossible qu’il se soit jamais engagé dans l’armée ! Albert était le plus grand couard qu’on ait jamais vu. Quand il avait quinze ans, il avait peur de ceux qui en avaient douze et il se laissait taper par eux. Tu t’en souviens, Luise ? Il sanglotait à la moindre remarque. Le seul fait de marcher dans sa direction le faisait fuir ! Il est impensable qu’il ait pu devenir soldat !
    — C’est exact, confirma Luise.
    — Un poltron en 1804 qui se transforme en combattant en 1805 ? Et là ! Ernst Runkel ! Il disparaît en octobre 1805 et il réapparaît mort à Austerlitz, dans l’ Infanterieregiment 23 Salsburg ! Ernst, un soldat ? Ce bigot rêvait de devenir prêtre ! Il lisait la Bible toute la journée, il était enfant de choeur, il nous assommait de paraboles...
    — C’est vrai aussi, déclara catégoriquement Luise.
    — Ces informations sont fausses ! conclut Relmyer. Alors, où ces adolescents sont-ils passés en réalité ?
    Mme Blanken se raidit. Les muscles de son cou, contractés, saillaient sous la peau.
    — Lukas, vous perdez la raison ! Le drame qui vous a frappé vous a tellement traumatisé que vous voyez des enlèvements partout ! Cela ne fait que me conforter dans mon point de vue : laissez enquêter la police. Elle, elle possède les compétences nécessaires et elle ne se laissera pas aveugler par l’émotion, à la différence de vous.
    — En somme, vous nous abandonnez une fois de plus ! répliqua Relmyer.
    Margont intervint, sentant que Mme Blanken était sur le point de gifler Relmyer, à moins que ce ne fût l’inverse. Leurs visions du monde et de la façon dont l’enquête devait être menée étaient aussi incompatibles que l’étaient le bruit et le silence.
    — Madame, qui vous a donné ces renseignements ?
    — Un ami, l’Oberstleutnant Mallis.
    — Pouvons-nous nous entretenir avec cet officier ?
    — Bien sûr. Traversez le Danube et demandez l’ Infanterieregiment 59 Jordis. Marchez dans la direction des coups de feu, vous ne pouvez pas le rater.
    — Je vois... J’aimerais garder ce carnet.
    — Je le confie à Luise à condition qu’elle me le rende d’ici quelques semaines. Je tiens à le conserver.
    — Comment cet officier a-t-il pu établir ces informations ?
    — À ma demande, il a consulté les registres de l’armée. Les jeunes dont nous nous occupons n’ont pas de famille, pas de fortune personnelle. Lorsqu’ils s’en vont ainsi à l’aventure, sans réel projet, ils sombrent vite dans la pauvreté. L’armée est alors souvent l’une des rares portes qui leur demeurent ouvertes. Sur les trente jeunes dont j’ai retrouvé la trace, pas moins de dix ont choisi la voie militaire. Onze, d’ailleurs, en fait.
    — Vous n’avez pas dit tout à l’heure que vous n’en aviez retrouvé que vingt-neuf ? s’étonna Margont.
    — Voici le trentième, répliqua-t-elle en désignant Relmyer.
    De rage, Relmyer devint écarlate. D’une certaine manière, sa présence jouait contre lui, incitant à croire qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter lorsque des adolescents disparaissaient, que ceux-ci finiraient par refaire surface un jour ou l’autre. Cette ironie lui tordait les entrailles.
    — Ce pauvre Mallis a passé un temps insensé à examiner les listes des effectifs militaires à la recherche de tel ou tel nom, précisa Mme Blanken. Tous ces papiers et ces...
    Relmyer s’éloigna brutalement et Luise le suivit en silence. Elle avait peur, sans savoir précisément ce qu’elle craignait. Margont remercia Mme Blanken avant de rejoindre Relmyer. Celui-ci se penchait sur le carnet, le visage aspiré par ces pages.
    — Harald Tyler ! Il avait disparu avant moi, en janvier 1803. On le retrouve mort à Austerlitz, dans l’ Infanterieregiment 9 Czartoryski ! Encore un ! Austerlitz a bon dos !
    Il parcourait de plus en plus vite ces informations.
    — D’après ce carnet, cinq des disparus qui figurent dans les registres de l’armée ont été tués à Austerlitz. Le cinquième est un certain Karl

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