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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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invalides, étudiants, personnes indispensables au bon fonctionnement de la société – professeurs, diverses catégories de marchands, policiers, employés des administrations, médecins... Le principe des régiments de volontaires, c’est d’incorporer au dernier moment le maximum d’exemptés de service dans la Landwehr.
    Margont se réjouissait.
    — Conclusion : il y a de fortes chances pour que notre homme ait un métier qui l’exempte de servir dans la milice. Mais ce motif ne va pas jusqu’à lui éviter d’intégrer les volontaires. Il est officier, or nous savons qu’il n’est probablement pas militaire de carrière. Alors pourquoi a-t-il un tel grade ? Parce que nous avons affaire à une « personnalité » : un gros propriétaire terrien, un noble, un personnage officiel, quelqu’un occupant un poste important dans une administration...
    Le visage de Margont s’illuminait tandis qu’il parlait. Il menait cette enquête avec ténacité, refusant de se décourager, et chaque pas en avant le faisait jubiler.
    — Peut-être travaille-t-il au ministère de la Guerre ? Il aurait ainsi personnellement accès aux registres militaires. Sinon, qui dit belle fonction dit relations : sa position a dû l’aider à obtenir que l’on manipule les listes des pertes des régiments. Fernand, il nous faut connaître les motifs exacts d’exemption de service dans la Landwehr.
    — Impossible, hélas. Les Autrichiens ne nous ont pas laissé un tel document.
    — Combien y a-t-il de volontaires viennois ?
    — Six bataillons de six à neuf cents hommes. Le 6 e , soit neuf cents soldats, a participé à la défense de Vienne et s’est rendu avec la chute de la capitale, donc éliminons-le. Il doit rester dans les trois mille cinq cents volontaires, soit une bonne centaine d’officiers subalternes.
    — Pourquoi est-il volontaire, au fait ? se demanda Margont à haute voix.
    — Pour défendre son pays... avança Relmyer.
    — Non, il se moque de sa patrie. Regardez les efforts considérables qu’il déploie pour commettre ses crimes. Il consacre une grande partie de son temps à préparer ses enlèvements et, après coup, à en atténuer les échos. Je crois que ses crimes sont la seule chose qui l’intéresse dans la vie.
    — Alors c’est pour mieux attirer ses proies là où il le souhaite. Comme il a tenté de le faire avec Wilhelm.
    — Non. Il est inutile d’être soldat pour faire semblant de l’être. À mon avis, il était obligé de se porter volontaire. Ou il intégrait les volontaires en proclamant gaiement son « patriotisme », ou il pouvait d’ores et déjà chercher un nouvel emploi. Donc je pense que c’est un fonctionnaire important.
    — C’est une spéculation, objecta Relmyer.
    — Certes. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas été très patriote, durant son embuscade. Il a abandonné ses hommes juste après vous avoir tiré dessus. Le fait de voir s’enfuir l’officier qui avait organisé cette attaque a contribué à déclencher la déroute des Autrichiens. Son action était uniquement personnelle, il se moquait éperdument de ce combat.
    « Et vous, tout autant que lui, Lukas », ajouta-t-il intérieurement.
    Chacun ayant livré les informations qu’il détenait, la conversation s’éteignit d’elle-même. Leur enquête piétinait à nouveau, et Luise n’arrivait toujours pas. La guerre, elle, oui. Partout, des militaires se promenaient : des Bavarois qui se sentaient plus d’affinités avec la France qu’avec les Prussiens dont le désir de dominer le monde germanique allait croissant, des fantassins saxons qui plaisantaient avec les dragons français qui les avaient sabrés quelques années plus tôt à la bataille d’Iéna, des officiers au pas pressé avides de bondir vers les sommets de la hiérarchie, des artilleurs qui parlaient trop fort parce que leurs tirs les rendaient petit à petit sourds... Margont ne reconnaissait plus l’armée d’autrefois, celle de 1805. Entre 1805 et 1809, on ne pouvait même pas placer les cinq doigts d’une main et, pourtant, 1805 semblait appartenir à une autre ère. À l’époque d’Austerlitz, l’armée française se composait de volontaires et de combattants aguerris. Maintenant, les alliés
    — Italiens, Saxons, Wurtembergeois, Hessois, Bavarois, Polonais... – en constituaient une part toujours plus importante. Et il s’agissait souvent d’anciens ennemis. Quant

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