Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
Vom Netzwerk:
seul ! reprirent en coeur les hussards.
    — Le premier cheval qui se fait tuer sous vous en plein combat ! Nom de Dieu, ça, c’est un baptême ! C’est comme la première fille qu’on allonge dans son lit !
    Piquebois et ses compagnons exhibèrent alors des gobelets qu’ils dissimulaient dans leur dos. Un maréchal des logis en tendit un à Margont. Piquebois, joyeusement excité, s’exclama :
    — En l’honneur du premier cheval tué sous mon ami le capitaine Margont !
    Tous vidèrent leur gobelet, le maréchal des logis trinquant pour deux puisque Margont refusait le sien.
    — Vous êtes stupides ! s’exclama Margont. Je manque de me faire tuer, je... Dehors ! Sortez !
    Piquebois et ses compagnons s’en allèrent, hilares. Ils étaient jeunes et il y avait la guerre : la vie était belle. Ainsi voyaient-ils le monde... Margont se tourna vers Lefine en dépit des élancements douloureux qui parcouraient son corps meurtri.
    — Pourquoi suis-je entouré de fous ?
    — C’est que vous les attirez, pardi !
    — Écoute-moi bien : Jean-Quenin estime que je pourrai quitter l’hôpital après-demain donc je partirai ce soir. Ce sera bien assez, il est toujours trop prudent. Va voir notre chef de bataillon et dis-lui de ma part de coincer Antoine dans notre régiment. Qu’il le mette de garde, qu’il lui annonce qu’il va inspecter la compagnie... Bref, n’importe quel prétexte fera l’affaire. Parce que sinon, la maladie de notre ami Antoine, la « hussardite », va récidiver et nous aurons deux Relmyer pour le prix d’un. Trouve-moi également un nouveau cheval et tiens-toi informé au sujet des prisonniers. Si jamais l’un d’eux finissait par parler...
    Lefine ricana.
    — Parce que cela ne vous suffit pas, tout ce qui est arrivé ?
    — Non ! s’entêta Margont. Il en faut bien plus pour me faire renoncer.
    — Ah, par Dieu ! C’est qu’au train où vont les choses, vous allez vite l’avoir, votre « bien plus » !
    Mais Margont ne l’écoutait plus. Luise venait d’arriver, accompagnée par un hussard que Relmyer lui avait envoyé pour l’informer des événements. Elle était en larmes et l’homme dut lui désigner Margont pour qu’elle le repère. Elle traversa la pièce en soulevant légèrement sa robe bleu ciel. Mais des taches de sang s’accumulaient sur les pans, grignotant petit à petit cet azur. Elle se figea devant lui.
    — Est-ce grave ?
    — Non, ce n’est rien.
    — Pourquoi vous êtes-vous laissé blesser ?
    Elle se pencha vers lui. Margont crut qu’elle allait l’embrasser, mais elle le gifla vivement.
    — Idiot !
    Elle s’en alla aussitôt tandis que les blessés s’esclaffaient. Lefine haussa les épaules, philosophe.
    — Il y a des jours où tout va mal et des jours où tout va pire encore...

 
    CHAPITRE XXII
    Le 11 juin, Margont était rétabli. Lefine s’absentait régulièrement pour mener ses recherches. Relmyer fouillait les archives du Kriegsministerium, encore et toujours. Ils devaient se réunir dans un café, sur le Gra-ben, afin de faire le point.
    Arrivé le premier, Margont alignait déjà trois tasses vides quand Lefine le rejoignit, accompagné de Relmyer qu’il était allé extirper de son monde de papiers. Pagin n’était pas loin bien entendu, il ne quittait plus Relmyer d’une semelle. Ce dernier était son mentor et le grand frère idéal qu’il aurait voulu avoir.
    Tous commandèrent des cafés en attendant Luise, qui devait également se joindre à eux. L’ambiance était bruyante et enfumée. Le Kaffeehaus ne désemplissait pas. Les soldats s’y massaient en dépit de la cherté des vivres. Des prostituées s’asseyaient sur leurs genoux et se pendaient à leurs cous. Leurs décolletés osaient toutes les hardiesses et elles soulevaient leurs robes pour exhiber leurs jambes. Elles riaient aux éclats quand des hommes se les disputaient. Des fantassins ivres entraient, réclamaient du vin avec tapage et repartaient en colère parce qu’il n’y en avait plus. Le tenancier et ses fils ne savaient plus où donner de la tête.
    — Avant tout, je tiens à vous offrir quelque chose, annonça Relmyer.
    Offrir ? Les yeux de Lefine s’écarquillèrent. Il avait encore en mémoire la cascade d’or tombant de la main de Relmyer sur le bureau du gratte-papier du ministère de la Guerre. Relmyer aligna trois soldats en étain sur la table. Les figurines, des chevaliers peints de trois couleurs,

Weitere Kostenlose Bücher