Complots et cabales
Castelnaudary qu'il tenait pour dérisoire. ¿ ce sujet, je l'ai ouÔ dire qu'il e˚t souhaité que Montmorency ait succombé à ses blessures, plutôt que d'avoir à l'arrêter et à le livrer à la justice du roi. ¿ Toulouse, par un de ces scrupules de conscience qui le rendaient si cher à ses amis, il noulut assister à l'exécution de Montmorency. Et comment aurait-il pu alors imaginer que, dix-sept jours plus tard, il le rejoindrait dans la mort ?
quand Fogacer eut fini ses oraisons, je m'approchai de son oreille et lui dit sotto voce : " J'ai chez moi une pénitente qui porte un nom italien et qui désire que vous l'entendiez sur l'heure en confession. - En ce moment ?
" dit Fogacer, ses sourcils se relevant sur les tempes. " Mon cher chanoine, disje, vous savez bien que le service du roi n'attend pas. "
Avant de quitter cette chambre, je jetai un dernier coup d'oeil au 406
corps sans vie de Schomberg, me disant, la gorge serrée Comment est-ce Dieu possible que ce soit le dernier regard ? " quel immense étonnement plein de dol vous étreint alors le coeur ! La mort est-elle donc possible ? Mon père disait que toute religion est promesse de vie après la mort, mais comme personne n'est jamais revenu de l'au-delà pour nous dire ce qu'il en est de cette promesse-là, nous prions pour qu'elle soit vraie -
cette prière même, mille fois répétée, nous donnant de l'espoir. Dans la chambre de mon hôtel de la rue des Bourbons à Paris, comme dans l'église de mon domaine d'Orbieu, je prie tous les dimanches, soit avec mon domestique à Paris, soit à Orbieu avec mes manants, pour les conforter dans l'espoir que leur vie, courte et laborieuse, ne se sera pas déroulée pour rien. Je le fais, et pour eux et pour moi, car ma foi et la leur, de s'être liées dans cette oraison, se confortent mutuellement.
quand, accompagné de Fogacer, je regagnai mes appartements, ce que je vis, en pénétrant dans le petit salon, m'étonna. La Zocoli était assise, ou plutôt allongée dans une des plus belles chaires à bras, et paraissait ensommeillée, heureuse, les yeux mi-clos, les lèvres entrouvertes, donnant le sentiment d'un inouÔ bien-être, ce genre de bien-être que l'on voit chez un chat quand il a bien mangé et quand il se repose de tout son long sur le tapis devant le feu. Non loin d'elle, Nicolas était pauvrement assis sur une escabelle, les deux coudes sur les genoux, et les deux mains soutenant son visage tout chaffourré de chagrin et de déquiétude. je lui en aurais demandé la raison, si je n'avais pas eu alors d'autres chiens à fouetter.
Après une prompte repue, et sans mot piper sur la mort de Schomberg, je laissai dans sa désolation le pauvre Nicolas, et m'enfermai dans un cabinet attenant avec Fogacer et la Zocoli. Elle lui apprit ce que je savais déjà, qu'elle était meshui chambrière chez la duchesse de Chevreuse, depuis la journée des Dupes, sur la recommandation de son maggordiomo qui avait quelques raisons, bonnes et intimes, de vouloir du bien à notre garcelette.
407
- Et qu'en est-il, demandai-je, des relations de la duchesse et de la reine ?
- Intimes.
- Intimes ?
- Intimissimes. ¿ la lettre on ne se quitte plus ! On s'entrebaise, on s'entracolle, on caquette, on jase, on invente à l'infini bricoles et chatonnies. En Paris, dans ma rue qui n'est point trop bien famée, on dirait qu'elles sont comme cul et chemise.
- La reine ! m'amie, la reine! dit pieusement Fogacer.
- Aussi ne le dirai-je pas, Monsieur le Chanoine, dit la Zocoli avec de petites mines gracieuses, ayant trop de respect pour ces hautes dames.
- Bref, dis-je, ce ne sont entre elles que parlotes.
- Oui-da ! parlotes, confidences, lettres lues et écrites ensemble.
- Et complots politiques ?
- Je le croirais, car la duchesse envoie d'innumérables lettres en tous pays : Angleterre, Lorraine, PaysBas, Espagne, lesquels, si j'en crois le peu que je sais, ne sont pas amis de notre roi. Mais la duchesse excelle aussi dans les lettres d'amour. Elle les écrit avec le plus grand soin et après avoir fait des brouillons, que, bien s˚r, je ne laisse pas quand et quand de recueillir ensuite dans sa corbeille...
- Et que dit-elle en ces missives à ses admirateurs ?
- Ah ! la duchesse est aussi rusée et rouée que pas une fille de bonne mère en France ! De ses admirateurs, elle exige adoration et soumission. En revanche, elle promet tout, mais elle ne donne rien.
- Et quel est présentement le peu
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