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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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failli être victime de la part de soldats licenciés ?
    - Bien je m'en ramentois, Sire, et votre plan, mis sous 130
    verre dans un cadre doré, anoblit le mur de mon plus beau salon.
    - Eh quoi ! Sioac ! N'avez-vous fait que l'encadrer et le pendre à votre mur ? Un plan n'est-il qu'un ornement ? Ou est-il fait, dans la réalité des choses, pour servir de modèle àune b‚tisse ?
    - Mais c'est bien ainsi que je l'ai entendu, Sire. J'ai bel et bien construit ledit ch‚telet d'entrée très exactement selon votre plan, et j'y ai mis à demeure des soldats, et depuis je n'ai plus eu à souffrir la moindre alerte.
    - Vous fltes bien, dit Louis. Un duché, pas plus qu'un royaume, ne doit souffrir d'intrusion.
    " Sioac, reprit-il, après un silence, nous atteindrons Montfort-l'Amaury demain soir à la nuit, j'ai donné l'ordre qu'on y cantonne mes régiments.
    Pour moi, je serais heureux, si cela vous agrée, de passer la nuit à
    Orbieu.
    - Sire, dis-je, mon épouse et moi-même serons infiniment heureux et honorés de vous recevoir à Orbieu, et je n'ai aucun doute que mes descendants, s'ils abordent heureusement aux époques futures, ne commémorent d'ores en avant chaque année avec joie et fierté la date de votre visite.
    II était fort difficile de contenter Louis par un merciement. Trop long et trop rhétorique, il y soupçonnait l'enflure et la flatterie. Trop court, il le trouvait désinvolte et quasi insultant à sa dignité. Mais cette fois-ci, à voir une sorte de
    sourire flotter sur son grave visage, j'entendis bien que j'avais observé
    les bonnes proportions.
    Notre long ruban de carrosses, de cavaliers, de charrettes et de fantassins s'arrêtant toutes les deux heures, Louis me donna mon congé à l'arrêt suivant, et je me mis incontinent à la recherche de Nicolas, de son frère le capitaine de Clérac, et du maréchal de Schomberg. Le premier, pour lui dire d'avoir le lendemain à se mettre en route deux heures avant la pique du jour pour courre prévenir la duchesse d'Orbieu que le roi logerait chez nous à la nuitée du même jour, et d'avoir en conséquence à tout préparer pour le recevoir dignement; le second (j'entends Monsieur de Clérac), pour le prier de bailler à son frère Nicolas une dizaine de ses mousquetaires pour l'escorter jusqu'à Montfort-l'Amaury; le troisième (j'entends, par le troisième, Schomberg), pour qu'il donne à ses gardes et sentinelles l'ordre de laisser passer ce peloton avant l'heure fixée pour le départir.
    - La Dieu merci, dit Schomberg, je suis bien aise d'apprendre à l'avance que le prochain gîte sera Montfortl'Amaury. Il y a là au bord d'un étang, pour élever nos tentes, un champ fort vaste qu'on appelle le camp Henri IV, Dieu sait pourquoi.
    - Mais moi j'en sais, par mon père, la raison, dis-je en riant. Henri IV
    faillit y être tué par une jeune paysanne armée d'une serpe, laquelle était outrée parce qu'il faisait ses affaires dans un champ qui lui appartenait.
    - Et comment Henri se sortit-il de ce prédicament ?
    - Avec son habituel à-propos. " Ma mignonne, dit-il, ne serait-ce pas une grande injustice d'aller tuer le roi parce qu'il fume votre terre ? - Je ne savons point si vous étions le roi, dit la paysanne, mais vous étions bien fendu de gueule, comme on dit qu'il est, et à ce que je voyons, l'oeil bien accroché aussi sur les tétins des garces. "
    J'étais en ce prédicament moins heureux que flatté de recevoir le roi en mon petit royaume, pour la raison que j'avais conçu mon retour, comme Ulysse avait conçu le sien après que Troie fut prise, n'ayant coeur et pensée que pour retrouver en Ithaque sa fidèle Pénélope. Mes longuissimes randonnées en Italie et Languedoc finissant avec la paix enfin rétablie, je n'aspirais moi aussi qu'à rejoindre mes champêtres retraites, et celle qui en était le plus bel ornement, et qui en mes songes viendrait à mon encontre, portant dans ses bras le bel enfantelet qu'elle m'avait donné.
    Et lecteur, pour te le dire à la franche marguerite, et sans rien retrancher de mon attachement pour le meilleur des 132
    maîtres, j'eusse préféré jouir de ce bonheur que me promettaient mes retrouvailles avec mon aimable épouse sans que j'eusse dans le même temps à
    me torturer les mérangeoises pour traiter Louis selon les règles du protocole.
    Au dit protocole, Louis était en effet très attaché, et il n'en pardonnait que très difficilement les manquements, fussentils involontaires,

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