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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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aux égards qui lui étaient dus. Cette particularité (qui e˚t fait sourire son père - en tous temps, en tous lieux, si familier à tous) n'était pas due à
    une vanité paonnante, mais au fait qu'en ses enfances et adolescences, il avait été traité outrageusement par les usurpateurs de son pouvoir, sa mère et les inf‚mes Concini.
    De tous ses enfants, garçons et garcelettes, la reine-mère n'aimait que le moins estimable: Gaston. Elle vit partir àjamais hors de France ses trois filles sans le moindre émeuvement. Elle ne versa pas une larme quand son fils Nicolas, mal allant dès sa naissance, mourut. Elle fit bien pis. Ne pouvant ignorer que Louis, en revanche, était fort attaché àson pauvre cadet, elle dépêcha à Saint-Germain pour lui annoncer l'affligeante nouvelle l'inf‚me Concini, lequel s'acquitta de sa t‚che avec la dernière brutalité, et comme jouissant du chagrin qu'il allait provoquer. Même quand Louis fut couronné, les humiliations ne cessèrent pas pour autant, et quand, présidant pour la première fois le Conseil qui portait son nom, il voulut prendre la parole, la malitorne lui cria d'une voix furieuse
    - Taisez-vous donc !
    Louis ne voulut pas en plein Conseil d'un esclandre avec sa mère. Il se tut. Il resta impassible. Il ne lui pardonna jamais.
    Plus tard, quand saisissant à la parfin la réalité du pouvoir, dont il n'avait que l'apparence, il fit assassiner Concini et exila sa mère à
    Blois, toujours sobre en paroles, il n'eut qu'un commentaire : " La reinemère ne m'a traité ni en roi ni en fils. "
    Cette plaie qu'avait laissée en lui cette mère désaimante et rabaissante ne guérit jamais tout à plein, bien que le dol
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    perdît de sa pointe avec le temps, et j'oserais armer que l'ombrageux attachement que Louis montra toute sa vie àses prérogatives royales en était la lointaine conséquence. Il craignait perpétuellement qu'on lui manqu‚t. Ses serviteurs connaissaient tous cette excessive susceptibilité, et le plus grand de tous, Richelieu, était avec lui, comme on a vu, plus humble, plus feutré et plus respectueux que le dernier valet, et malgré
    tout, à son insu, et absolument innocent de toute arrogance ou d'insolence ou de discourtoisie, il recevait quand et quand ces coups de caveçon dont j'ai parlé plus haut.
    C'est te dire, lecteur, comme je craignais d'offenser Louis en cette visite chez moi et comme je craignais aussi que Catherine, qui a bon bec et peu de respect pour les grands de ce monde, ne l'offens‚t par un propos trop franc. Mais il n'en fut rien, et tout se passa à merveille. Louis visita mon ch‚telet d'entrée et en fut tout aussi content que s'il l'avait construit de ses propres mains. Il visita aussi l'église d'Orbieu et fut heureux d'apprendre de ma bouche que j'avais suppléé l'évêque défaillant dans la consolidation de ses murs, la réfection du toit et la commodité du presbytère, prenant aussi en considération le bien-être matériel du curé.
    Parlant des évêques en général, Louis fit, une fois de plus, des remarques fort acerbes sur la chicheté des émoluments qu'ils attribuaient aux pauvres curés de campagne et remarqua qu'on pourrait supprimer une dizaine de ces riches évêques sans nuire en rien à l'exercice de la religion en ce royaume. Mais en revanche, que deviendrait-il sans les curés de nos villages et de nos villes ?

    Il poussa la minutie jusqu'à désirer voir les cahiers des recettes et des dépenses du domaine, tant est que je lui présentai Monsieur de Saint-Clair, qui les tenait, et Lorena, qui l'aidait dans cette t‚che. Il me parut très sensible à la beauté de ce couple, et en particulier à la jeunesse de Lorena qu'il appela " ma mignonne ", appellation qui, dans sa bouche, se trouvait tout aussi dénuée d'arrière-pensées qu'elle en e˚t regorgé chez son père.
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    Il voulut ensuite faire à cheval le tour de mon duché, et il apparut alors qu'il était un peu moins content qu'il n'avait été jusque-là.
    - J'entends bien, dit-il, que ce serait ruineux pour vous d'élever des murs sur toute la périphérie de ce domaine, mais plantez au moins des haies.
    quand une haie est assez haute et épaisse, elle est beaucoup moins facile à
    franchir qu'un mur.
    - On peut cependant, Sire, y mettre le feu.
    - Oui-da, mais le feu, cela se voit de loin, dit Louis, et l'effet de surprise est alors perdu pour les assaillants.
    Il voulut ensuite inspecter mes Suisses, et comme j'avais

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