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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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ses fontaines, tant chaude, étouffante et insufférable, qu'il ne pensa plus qu'à la quitter. Je n'oserais affirmer qu'il aimait, par-dessus tout, le climat de Paris, car dès qu'il sortait du Louvre, il se plaignait de la malodorance des rues de sa capitale. La commodité de Paris, c'était surtout que SaintGermain-en-Laye, berceau de ses maillots et enfances, en f˚t si proche, et que là, enfin, il pouvait respirer, et aussi chasser à loisir dans la garenne du Peq 1.
    Il laissa donc le cardinal en Languedoc pour veiller à la bonne exécution de l'…dit de gr‚ce, et le quinze juillet quitta Nîmes. Et de façon tout à
    fait brusque, inattendue, et comme toujours " au débotté " me fit dire, deux heures avant son départir, que je le devrais suivre. Il se peut qu'il se f˚t ramentu du désir que j'avais exprimé de me trouver en mon duché
    d'Orbieu pour les moissons, mais je me gardai bien de lui en toucher mot, ni même de le remercier, de peur qu'il pens‚t qu'il avait cédé à ma suggestion, ce qui le rebroussait fort, étant si méfiant, si susceptible et si jaloux de son pouvoir.
    Il n'emmena avec lui que Schomberg, Saint-Simon, Monsieur de Guron, les officiers de sa maison et moi-même et, pour son escorte, ses trois régiments préférés, chacun prétendant de reste, sans trop le dire, qu'il était meilleur àsoi seul que les deux autres.
    Saint-Simon 2 - assurément le plus fin, le plus avisé, le plus fidèle, et le moins paonnant des favoris qui se sont succédé auprès du roi - était seul admis de façon perma-1. qu'on écrit maintenant Le Pecq.
    2. Le père du mémorialiste.
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    nente dans la carrosse royale, et " permanente ", c'est encore trop dire, car Louis, quand il était là, ne laissait pas quand et quand de l'en chasser - le pauvret devant alors se réfugier dans ma carrosse, ou celle de Schomberg, ou celle de Guron. Et comme un jour que je l'avais ainsi accueilli, ou plutôt recueilli, je lui demandais ce qu'il avait fait pour encourir l'ire du roi, il me dit avec un petit sourire
    - Comme de tous ceux qui le servent fidèlement, Louis prend de moi des dégo˚ts.
    - Et à quel propos ?
    - Tantôt parce que dans la carrosse je parle trop, et tantôt parce que je ne parle pas assez.
    - Et du cardinal, Louis prend-il aussi des dégo˚ts ?
    - que voilà, dit Saint-Simon avec ce sourire malicieux et juvénile qui le rendait si plaisant à tous, que voilà, Monseigneur, une question délicate !
    - Je la retire, dis-je, si vous la trouvez indiscrète.
    - Nenni! Nenni! Louis aime, estime et admire le cardinal plus que tout autre être au monde, mais parfois son écrasante supériorité l'agace, et comme on fait à un cheval rétif, il lui donne alors un coup de caveçon qui lui meurtrit les m‚choires, pour lui ramentevoir qu'il est la monture et luimême le cavalier. Mais du diantre si je ne suis pas en train de vous dire, Monseigneur, ce que vous avez vous-même, comme moi-même, éprouvé.
    - que voilà, dis-je en riant, une question délicate ! Mais pour parler à la franche marguerite, la réponse est "oui". Louis aime taquiner et tantaliser les gens qui le servent, et c'est dans cet esprit, je crois, qu'il m'a promis mon duché plusieurs mois avant de me le donner.
    Là-dessus, toutefois, Saint-Simon resta clos et coi comme nonnette en carême, ce qui me donna à penser que le bruit qui courait à la Cour n'était pas faux, et qu'à lui aussi le roi avait promis un duché... Dieu bon!
    m'apensai-je, que ce gentil écuyer a peiné peu pour avancer dans l'ordre de la noblesse, et comme d'autres ont peiné prou!...
    Si bien je me ramentois, c'est dans l'avant-dernière étape 127
    avant Paris que Louis m'accueillit dans sa carrosse, et il avait l'air en ce clair matin si malengroin que je me demandais si l'honneur qu'il me faisait ne tournerait pas à l'aigre en chemin. Le voyage débuta par un longuissime et déquiétant silence, car il allait sans dire que je ne pouvais pas ouvrir le bec avant qu'il n'ouvrît le sien, ce qui n'empêcherait en aucune manière Louis de me reprocher de ne parler point, si le silence se prolongeait.
    Je fus donc fort soulagé quand, tirant une lettre-missive de la manche de son pourpoint, Louis me la tendit en disant
    - Sioac, comme vous savez, je ne peux lire en carrosse, le branle me donnant la nausée. Voici un rapport que j'ai reçu ce matin de Monsieur le cardinal. Il m'en envoie un tous les jours, dit-il d'un air accablé, qui me donna

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