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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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prévu cette exigence, quand ils se mirent au garde à vous devant lui, ils étaient plus étincelants que des soleils. Louis approuva leur carrure, leur allure, leur vêture et leurs armes, mais critiqua leur petit nombre.
    - Sioac, me dit-il, il vous en faut le double, et àdemeure. Il y va de votre sécurité et aussi de votre dignité de duc et pair.
    Je le lui promis la mort dans l'‚me, n'étant pas chicheface, mais, comme mon père, économe.
    Et quand, à la fin de cette épuisante journée, je rejoignis Catherine sous le baldaquin de notre lit, l'huis bien clos sur nous, et les courtines de tous côtés tirées, elle me dit
    - De gr‚ce, ne soufflez pas encore les bougies parfumées : de prime, parce qu'elles sont parfumées, et ensuite, parce que je veux voir votre visage, tandis que je vous parle.
    - Parce que nous allons parler ? dis-je avec un soupir.
    - De gr‚ce, mon ami, ne désespérez pas : la nuit est longue, Dieu merci.
    Mais avant les délices, je désire les éclaircissements.
    - C'est bien, je sursois et je vous ois, dis-je, tout en pensant in petto que le sens du mot <
    maîtresse
    > que les amants chérissent est souvent plus littéral qu'ils ne le croient.
    - Première question, dit-elle en me caressant la joue 135
    pour m'apazimer avec une petite moue charmante, Louis vous a-t-il fait une visite, ou vous a-t-il infligé une inspection ? C'est à peine si je l'ai vu.
    Ce qui voulait dire, je pense, que c'est à peine s'il l'avait vue...
    - que voulez-vous, m'amie ? dis-je, Louis est comme son père : un roisoldat.
    - On peut être comme son père, soldat et fort galant.

    - Mais pour tout dire, m'amie, je n'eusse pas accueilli son père céans d'un coeur aussi léger. Ramentez-vous, de gr‚ce, comment le prince de Condé a d˚
    s'enfuir aux PaysBas avec sa belle épouse pour la soustraire aux assiduités du Béarnais.
    - Mais de toute façon, dit-elle d'un ton plutôt malengroin, votre Louis, dont vous êtes si raffolé, n'aime pas les femmes.
    - Voire mais ! Il n'aime ni sa mère, ni son épouse, et pour de fort bonnes raisons, mais il adorait ses cadettes. Et par-dessus tout, il est adamantinement fidèle au Décalogue
    tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin.
    - Et vous, Monsieur, dit Catherine en me plantant dans les yeux ses yeux mordorés, en vos guerrières randonnées, vous êtes-vous appliqué à suivre ce précepte ? Avez-vous, ou n'avez-vous, pas convoité la femme de votre voisin ?
    Vramy, belle lectrice, je fus béant de la rapidité avec laquelle en ce prédicament Catherine avait fait jaillir l'épée du fourreau! Et que voilà, me dis-je, une enquête qui menace d'être encore plus inquisitive que l'inspection du roi !
    Je pris alors le parti de la vérité, lequel parti, lecteur, est un pari dangereux, même quand on est innocent.
    - Madame, dis-je, pour parler à la franche marguerite, j'ai été confronté
    deux fois à de dangereuses Circés, mais je n'ai pas succombé.
    - O˘, quand et avec qui ? dit Catherine d'un ton accusateur. Et quel était le " voisin " dont vous ne deviez pas convoiter la femme ?
    136
    - Madame, il n'y a pas eu de voisin. L'une des dames était une veuve chez qui j'étais cantonné, et les autres, deux orphelines chez qui le comte de Sault et moi-même étions logés à Suse.
    - Eh quoi! dit Catherine, ai-je bien ouÔ ? Deux Italiennes ! Deux fournaises de femmes ! Et vous osez dire que vous n'avez pas succombé !
    - Non, Madame, aidé en cela par le comte de Sault qui, pour m'obliger, prit sur lui d'être bigame tout au long de notre séjour à
    Suse.
    - Le comte de Sault ! Autre grand adorateur du gentil sesso ! quelle belle garantie ! Et il vous a, dites-vous, "obligé ". que le terme est galant ! Et comme il me séduit! Je croirais plutôt que vous vous êtes obligés l'un l'autre en
    vous partageant les fournaises !
    - Madame, dis-je avec humeur, il n'y a pas l'ombre du début d'un semblant de vérité dans cette folle assertion. Je vous fus en ces campagnes adamantinement fidèle, et comme
    vous aimez à dire: " Un point à la ligne et c'est tout."
    Mais si j'avais cru par la magie de cette formule mettre fin à son réquisitoire, j'eusse pu rêver tout aussi bien d'arrêter un torrent avec un petit caillou. Et en effet, il se poursuivit tant et tant qu'à la parfin, excédé et exténué, je tournai le dos à ma belle : attitude peu courtoise, je le confesse, et qui amena des sanglots à vous fendre le coeur, mais ces pleurs àleur

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