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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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d'Italie, dès qu'elle fut décidée, Gaston en demanda aussitôt le commandement.
    - Eh quoi! Après ce qui s'était passé à La Rochelle ?
    - Oui-da, Madame! que voulez-vous ? L'insuffisance est souvent la mère de la suffisance.
    - que se passa-t-il alors ?
    - Il était de toute évidence impossible de lui accorder le commandement, mais fort difficile aussi d'opposer au frère du roi un refus humiliant. Il n'y avait qu'un moyen d'éviter le pire, et ce fut celui que le roi choisit : il prit lui-même le commandement de la campagne.
    - Donc, tout va bien!
    - Hélas, non, Madame, tout va mal! Cette guerre familiale à peine apaisée, une seconde éclate. Peux-je vous le ramentevoir : l'épouse de Gaston, Madame de Montpensier, meurt en couches le quatre juin. Veuf inconsolable, Gaston, quatre jours plus tard, sèche ses larmes, ne pense plus qu'à se remarier et s'éprend de Marie de Gonzague, fille du duc de Nevers, ce jour d'hui duc de Mantoue. Or, voici les éléments nouveaux de cette histoire, concernant les mobiles de la reine-mère et du roi. Ils sont pour une fois d'accord
    ils sont tous deux opposés à cette union. La reine-mère pour une raison peu raisonnable et que l'on sait déjà: Le duc de
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    Nevers, vingt ans plus tôt, a pris les armes contre elle. Le refus du roi est inspiré par des raisons politiques. Gaston, devenu gendre du duc de Mantoue, l'Italie s'ouvre à lui. Or, Gaston a un faible pour les ennemis de son frère. Il est ami très proche du duc de Lorraine qui nous déteste. Et en Italie, qui pourrait l'empêcher de s'aboucher avec les Espagnols ?
    "Comme vous voyez, belle lectrice, Gaston n'a pas encore découvert le sens du mot " patrie ", très semblable en cela, je me h‚te de le dire, à la plupart des Grands qui, sous la faible régence de la reine-mère, ne se faisaient pas faute de se révolter contre son pouvoir les armes à la main, afin d'obtenir d'elle des terres ou des clicailles.
    "quand Louis revient victorieux de sa première campagne d'Italie, Gaston, pour marquer sa bouderie, passe aussitôt en Lorraine, ce dont le duc, notre ennemi, est ravi. C'est pour lui, et ses grands amis les Habsbourg, un immense avantage. S'ils décidaient d'attaquer Louis, ils pourraient se targuer de défendre les intérêts de son frère, ce qui donnerait à leur attaque une sorte de légitimité. Et d'un autre côté, Gaston et le triste trio, dont il est la marotte, entendent combien il est importantissime pour Louis d'avoir à son côté son frère cadet dans les guerres qui le menacent.
    Ils lui firent alors savoir que Gaston serait disposé à rentrer en France, mais àson prix. Et en terres, en apanages, en places, en titres, et en clicailles pour lui-même et son triste trio, Gaston demandait la lune. La réponse royale ne tarda pas. Louis groupa une armée en Champagne pour faire pièce à une éventuelle attaque de la Lorraine, et Richelieu entreprit de barguigner avec Gaston. Et je vous laisse à penser, m'amie, quel ‚pre bargoin cela fut!
    - Et quel en fut le résultat ?
    - je l'ignore encore. je le saurai demain à huit heures et demie au Grand Conseil du roi. Mais comme vous savez, Madame, une fois hors le Conseil, les conseillers du roi sont plus muets que carpes.
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    Louis était fort attaché au ch‚teau de Saint-Germain-enLaye, séjour des premières années de sa vie. Il aimait son parc, la belle vue qu'on y avait sur la Seine et la forêt du Vésinet, un air assurément plus pur que celui de Paris, la garenne du Peq o˘ il rêvait déjà d'aller chasser le cerf. Il aimait par-dessus tout quand son père, qu'il aimait de grande amour, le venait voir, et il venait souvent, et comble de bonheur, il venait seul, tant est que l'enfantelet royal n'avait pas à craindre les criailleries, les brimades et les menaces de fouet de sa mère.
    En ce qui me concerne, maugré l'émerveillable encontre que j'y fis à dix ans du garcelet royal, moi-même étant de peu son aîné, il me faut bien avouer que le ch‚teau luimême - surtout si on le compare à Fontainebleau -
    n'est pas des plus attachants. Ce qui rend une résidence aimable - et on le sent dès qu'on y met les pieds - c'est qu'elle fut très aimée par ceux qui l'ont construite ou qui y ont vécu. Et ce fut bien le cas pour Fontainebleau, amoureusement créé sur les ruines d'un ch‚teau et d'un couvent par François Ier, enrichi par les artistes italiens qu'il admirait, et embelli ensuite par Henri IV qui, tout

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