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Complots et cabales

Complots et cabales

Titel: Complots et cabales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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à son propos.
    - Mon cousin, reprit-il, ce n'est pas à vous, qui y avez pris si courageusement part, qu'il faut ramentevoir le coup d'…tat du vingt-quatre avril 1617. L'inf‚me Concini exécuté sur l'ordre du roi, sa mégère emprisonnée, et une fois le pouvoir royal arraché à des mains indignes, la reine-mère reclose en ses quartiers. Vous ramentez-vous ces détails surprenants ? Pour l'empêcher de s'enfuir, Louis ne lésina pas sur les moyens : il remplaça sans tant languir les archers de sa garde par les siens, dépêcha des maçons pour murer les deux portes dérobées de ses appartements et trois terrassiers géantins pour abattre à coups de masse le petit pont de bois qui permettait à sa mère de franchir les douves pour s'en aller promener dans les jardins du bord de Seine : autre issue par laquelle elle e˚t pu quitter le Louvre. Tant est que la reine-mère, avant même d'être exilée au ch‚teau de Blois, se sentait serrée en geôle et assurément elle l'était. Elle entra alors dans une de ces escalabreuses colères qui avaient si longtemps ébranlé les plafonds du Louvre, et dont la Zocoli nous a donné déjà un échantillon. Hurlant, pleurant, échevelée, et se tordant les mains, elle maudissait les Concini qu'elle avait si longtemps adorés et révéla dans le même temps, par les initiatives qu'elle prit, le trait dominant de son caractère.
    "Elle envoya son premier écuyer, Monsieur de Bressieux, dire au roi qu'elle désirait s'entretenir avec lui... Si j'avais été avec elle à ce moment-là, poursuivit Richelieu, je lui aurais déconseillé une démarche aussi inopportune. La reine-mère avait si odieusement privé Louis de ses prérogatives royales après même qu'il fut devenu majeur, qu'un accommodement, pour le moment du moins, était tout à plein impossible.
    "qui pis est, l'assassinat de Concini, l'exécution de la GaligaÔ, montraient chez Louis un degré de résolution et de rigueur qui ne laissait pas le moindre espoir à la reine-mère qu'il revint sur ses décisions. Je ne fus donc pas surpris quand Monsieur de Bressieux approcha le roi pour présenter la requête de la reine-mère : il essuya un refus des plus nets. "
    Je la verrai en temps voulu ", dit Louis sèchement. Toute autre que la reine se le serait tenu pour dit. Point du tout. Elle envoya une deuxième fois Monsieur de Bressieux porter la même requête, laquelle essuya le même refus. Pis même, elle envoya une troisième fois Monsieur de Bressieux au roi. Cette fois-ci ce ne fut pas un refus, mais une menaçante rebuffade, le roi laissant entendre au pauvre Bressieux que

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    s'il le revoyait à nouveau porteur du même message, il le serrerait en la Bastille.
    " Croyez-vous que la reine-mère, après cela, cessa ses encharnées requêtes ? que nenni! Elle dépêcha auprès du roi la princesse de Conti qui, plus prudente que Monsieur de Bressieux, demanda audience à Louis. …tant princesse et appartenant à la puissante Maison des Guise, il n'était pas question de la menacer de la Bastille. Le roi lui répondit galamment qu'il la recevrait avec joie, mais à condition qu'elle ne lui parl‚t point de la reine-mère. qui aurait pu imaginer, après cela, que Marie de Médicis recommenç‚t pour la cinquième fois une démarche qui s'était avérée si parfaitement inutile ? Suivant ses instructions, sa dame d'honneur, Madame de Guercheville, encontrant le roi dans un couloir du Louvre, s'alla jeter dramatiquement à ses pieds. " Sire ! s'écria-t-elle, allez-vous chasser votre mère ! - En effet, dit Louis, elle est ma mère. Mais par ci-devant, elle ne m'a jamais traité en fils. "
    Ce discours fut pour moi du plus vif intérêt, car si j'ai parlé dans un tome précédent de mes Mémoires de ces requêtes inopportunes de la reinemère, je les ai résumées en trois lignes, et sans doute n'étais-je pas aussi bien informé que Richelieu, car, au lieu de cinq démarches de la reine, Dieu sait comment, je lui en avais prêté six.
    - La leçon de ce conte, conclut Richelieu, c'est qu'il vous donne à
    réfléchir sur la différence entre la ténacité et l'obstination.
    - J'avoue, …minence, que je sens cette différence, mais sans la pouvoir définir.
    - Je m'y suis essayé, dit Richelieu avec une humilité dont je ne fus pas dupe (car il aimait les poètes et les subtilités du langage). Eh bien! je dirai, pour ma part, que la ténacité est une volonté éclairée par la raison. Et l'obstination,

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